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PRONONCÉ PAR

M. LE Dr ALBERT FINOT

EN PRENANT POSSESSION DU FAUTEUIL DE LA PRÉSIDENCE

LE 27 JANVIER 1905

MESSIEURS,

Un jour, il y a longtemps, quand j'étais en rhétorique, notre professeur apporta en classe une œuvre d'un de ses collègues de la Société Académique « Le Parlement de Paris à Troyes ». La lecture qu'il en fit nous ravit tous. Le charme du récit, la netteté de l'expression, la vivacité des sentiments, en faisaient un modèle que le maître proposait à notre émulation.

Le professeur a quitté Troyes, pour finir sa brillante carrière dans un des grands lycées de Paris. L'auteur ne s'est jamais séparé de nous, tout membre de l'Institut qu'il est aujourd'hui.

Il ne me paraissait pas possible alors d'avoir l'ambition d'appartenir jamais à la Société Académique, qui possédait des hommes d'un mérite si accompli. Je ne voyais bien que leur valeur, j'ignorais les trésors d'indulgence que renferment les esprits distingués.

Si vous pouviez douter de ma reconnaissance, je ne saurais vous l'exprimer en termes assez vifs pour vous la faire entendre. Il me faudrait, pour la traduire exactement, rappeler l'extrémité de votre bienveillance, qui a voulu qu'un

T. LXIX

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des derniers arrivés parmi vous fût élevé à la présidence de votre Compagnie, sans que vous vous soyez demandé si l'autorité qui doit s'attacher à ces fonctions et les aptitudes qu'il faut y apporter seront chez moi à la hauteur de la tache.

Vous l'avez voulu, Messieurs, je m'incline, et je vous

remercie.

Je sais qu'à la rigueur le rôle du président peut être simplifié, s'il lui plaît: il n'a pas, précisément, à diriger les discussions. Elles marchent toutes seules, il n'a qu'à les suivre. Mais il doit rendre compte des ouvrages qui vous sont envoyés par les Sociétés correspondantes. Je ne parle pas du plaisir qu'on éprouve à lire les travaux d'érudition, et les savantes controverses que contiennent les Annales qui nous sont communiquées. Cependant, la tâche de les résumer est assez délicate, et serait au-dessus de mes forces si je n'avais le loisir de charger un de nos collègues de l'analyse d'une étude trop complète ou trop spéciale pour tenir dans quelques paroles. Et alors, chacun y trouve son compte vous, Messieurs, en entendant un rapport sobre, clair, délicat ; et le président inexpérimenté, en apprenant la manière qui convient pour être écouté attentivement. Toute communication amène une suite d'observations, qui se rattachent plutôt à la conversation qu'au grand art du discours. C'est le charme de nos réunions: chacun y apporte son appoint d'originalité, de science, d'imagination. Une assemblée de gens de même profession ne saurait prétendre à tant d'avantages, à cause de la nécessité de s'en tenir à des idées particulières, qui sont toujours renfermées dans l'exercice de ce'te seule profession.

Ici, les sections d'Agriculture, des Sciences, des Arts et des Lettres, par leur différence d'origine, sont les raisons de la variété intéressante des genres. Les idées particulières se développent, se groupent, se condensent, et arrivent à former des idées générales nouvelles et fécondes.

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