2054 2055 Les noms abstractifs en eur ne sont ordinairement qu'une altération des mots latins en or, et sont féminins, quoique les mots latins correspondants soient masculins. Par une autre singularité, bonheur et malheur, qui viennent du latin bona hora, et mala hora, sont du masculia. Deuxième et troisième sorte. De plaider on a fait et plaid-eur, et plaid-euse, Mais par une autre voie on eut décorat-eur, Et bienfait-cur, et bienfait-rice; Plaid-eur, plaid-euse, qui a l'habitude de plaider. Décorat-eur, qui a l'habitude de déco rer. Butet donne à ces mots le nom d'assuefatifs. Les uns, comme on voit, sont à base d'indicatif ou d'infinitif : tels sont plaid-eur, cour-eur, nag-eur, etc. Les autres à base de supin, de même que les noms abstraits en tion. On raportera donc à la deuxième sorte les adjectifs des vers suivants : La fourmi n'est pas prêt-euse, C'est la son moindre défaut. Que fesiez-vous au temps chaud, Prêt-eur, de prêter, qui a l'habitude de prêter. Emprunt-eur, d'emprunter, qui a l'ha bitude d'emprunter, On raportera à la troisième sorte les adjectifs de cette stance: 56 Butet donne à ces mots le nom de réplétifs. Ils sont ordinairement formés du latin osus, d'où quelques-uns de nos mots en ose, comme virtuose, voir le terminatif en ose, voir aussi le numéro 780. On voit que les mots en fère et en phore, sont à base nominale. Sommifère, qui porte le sommeil, cisto-phore, qui porte une corbeille. . Céléri- fere et véloci-fère sont donc contre l'analogie, car ils sont à base adverbiale, et l'on veut qu'ils signifient qui porte d'une manière accélérée, véloce. FICE. 057 Clothon ferait d'un coup ce double sacri-fice, D'autres ma ins nous rendraient ce vain et triste of-fice. La F. Philemon et Baucis. Sacrifice, de sacrum et de facio Les mots de cette sorte se bornent à ceux-ci, savoir: arti-fice, édi-fice, of-fice, véné-fice. FIER. 058 Une fois l'an, on veut me le certi-fier, Le sang de saint Janvier doit se liqué-fier. Certifier, de certificare, faire certain. Liqué-fier, de liquefacere, faire liquide. 2061 2062 Voilà frage employé avec le sens actif dans saxi-frage, et avec le sens passif dans naufrage, il y a encore suffrage, de seb et de frango. Suffrage est dans l'analogie de nau-frage. NOTA. Les latins ont refugus, qui fuit en arrière, et refugium, fuite en arrière. Notre ree-fuge est donc une altération non de refugus, mais de refugium. LÈGE. Certain enfant qui sentait son col-lège, Col-lège, du latin collegium, de cum, avec, et de lego, je prends, d'où colliger, prendre, mettre avec. Privilège, du latin privilegium, de privus, privé, propre, et de lego. C'est ainsi qu'on a sacri-lège, qui prend les choses sacrées, sortilège, qui prend le sort, etc. Sacri-lège s'emploie pour l'action et pour celui qui la commiet. 2064 Idéo-logue ou chrono-logue; LOGUE, LOGE, LOQUE. Et si c'est en vertu d'une altération Voilà logus, discours, qui a passé dans notre langue sous trois formes, logue, loge et loque. LENT. Quatre bœufs attelés, d'un pas tranquille et lent Lent du latin lentus (de lenio) rallenti, fléchi, corpulent, rallenti, fléchi par le corps. (*) Dans le monarque indol-ent, de Boileau, le radical est dol, l'initiatif in, et le terminatif ent, et non pas lent. Cette difficulté de couper se représente souvent dans l'étude des étymo. logies. 5 C'est ainsi qu'on a Fécu-lent, de feces, lie, abondant en lie; opu-lent, d'opes, richesses; pesti-lent, de pestis ; pulvéru-lent, de pulvis, pulveris, poudre, poussière; succu-lent, abondant en suc; trucu-lent, de trux, trucis, farouche; turbu-lent, de turba, trouble; vid-lent, de vis, force; viru lent, de virus, abondant en virus. Les champs occupent l'agro-nome, Et la maison pour l'éco-nome. NOME. Agro-nome, astro-nome, d'ager. agri, champ, etc., el nomos, règle, science de celui qui règle les champs, les astres, etc. Econome, d'oikos, maison. SPICE. En quoi diffère un aru-spice, 6 D'un augure ou d'un exti-spice? 7 Aru-spice, d'aram spicere, qui regarde l'autel. Exti spice, d'exta, entrailles, qui regarde ou inspecte les entrailles. C'est ainsi qu'on a Au-spice, du latin au-spex, auspicis, d'avis, oiseau, qui regarde ou inspecte les oiseaux. NOTA. Il y a un au-spice, nom abstrait, qui vient d'auspicium; fronti-spice, nom abstrait, aspect ou vue du front, etc. STE, Si j'étais roi, je voudrais être ju-ste, ISTE. Ju-ste, de justus, de jus, juris, droit, et de sto, qui se tient dans le droit. Augu-ste, d'augeo, augmenter, croitre, et de sto, qui se tient dans l'augmentation. Mais les mots les plus nombreux de cette sorte, sont ceux en iste. On pourrait dire aux malins molin-istes, Aux faux dévôts, d'honnêtes vérités. VoLT. Molin-iste, jansén-iste, qui tient à Molina, à Jausénius. Ainsi se sont formés près de deux cents mots; 2068 Chim-iste, qui est appliqué à la chimie; Leg-iste, de lex, legis, loi; Ocul-iste, qui tient aux yeux, qui Ebén-iste, qui travaille sur l'é- s'occupe des yeux; Optim-iste, royal-iste, pur-iste, public-iste, soph-iste, etc., etc. bène ; Ego-isle, d'ego, moi; Journal-iste; Voir les noms abstraits en isme, comme molin-isme, optim-isme, etc. mille, et remplacent, avec des nuances plus ou moins variées, les substantifs abstraits en ion; quelquefois les deux sortes coexistent. Excré-ment, excrétion ; Echauffe-ment. échauffaison; Suce-ment, suction, succion, puis suçon; Tour-ment, torsion. Adverbes en ment. 2069 Mon cœur je l'avoûrai, ne veut rien qu'ardem ment, Ardem-ment, faible-ment, d'ardent, ardente, et de ment, du latin mente, maJe croirais être haï, d'être aimé faible-ment.nière, ardem-ment, d'une manière ar VOLT. Zaïre. dente, faible-ment, d'une manière faible. |