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TABLEAU

Des différentes circonstances où s'emploie à, sans cesser d'être ce qu'il est, c'est-à-dire un signe de possession, PRÉSENTE OU

FUTURE.

A, signe d'une possession future.

Exemples.

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Traduction.

C.-à-d. je cherche devant avoir ou cherchant l'ennemi.

- je t'invite comme devant avoir de la patience.

tu cours devant avoir ou cherchant la gloire.

— je parle devant avoir ou atteindre l'armée (par mes paroles).

c'est un pot devant avoir ou recevoir de la bière.

—je hais les méchants, devant avoir ou cherchant leur mort.

— je sors, devant avoir ce prix, etc.

il a tort devant avoir, si l'on veut avoir mon avis.

- il se tue devant avoir ou cherchant le rimer ou la rime.

- bon devant avoir le prendre, ou méritant le prendre ou la prise.

- c'est un homme devant avoir ou méritant le pendre.

-il marche un pas devant avoir un autre pas, ou un pas attendant un autre pas.

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Il ne serait pas facile de trouver un emploi de à qui ne se rapportât point à l'un des exemples précédents. A peut donc, comme tout autre mot, être réduit à un sens unique. Ainsi disparaît l'incroyable distinction de a article et de a préposition; ainsi disparaissent les trente ou quarante significations différentes, souvent même opposées, dont, depuis Régnier Desmarais, on gratifie cette préposition. Après une énumération pénible, cet illustre académicien termine ainsi :

« Voilà quelques-uns des principaux sens de la préposition à ; car pour » les marquer tous, il faudrait passer en revue presque tous les mots » français, n'y en ayant guère avec lesquels elle ne serve à former quel» que phrase, par la propriété qu'elle a de pouvoir être substituée à la place de la plupart des prépositions.

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Ainsi, pour avoir le sens d'un mot, il faudrait passer en revue presque tous les mots !.... Quelle perspective pour ceux qui veulent apprendre une langue! Mais si un mot est un signe d'idée, qu'importe les mots à côté desquels il sera placé? Il continuera à être ce qu'il est, comme les autres mots seront ce qu'ils sont, des signes d'idées.

Ainsi à ne marque ni le temps, ni le lieu, ni la situation, ni la posture, ni la qualité, ni la quantité, ni la mesure, ni la conformité, ni l'opposition, ni la manière, quoiqu'il se construise avec des mots qui expriment

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tout cela. Mais ce sont ces mots, et non pas lui, qui réveillent ces différentes idées.

Venons aux détails pris dans les auteurs.

Quel est le complément de 4.

Au bon goût comme aux mœurs soyons toujours fidèles. JOBEZ, Epître à Palissot.

Dites-moi, disait Tibérius Gracchus aux nobles, qui vaut mieux, un citoyen ou un esclave perpétuel, un soldat ou un homme inutile à la guerre?

MONTESQ. Grand. et décad. des Rom. N'allons à la fortune que par la probité. Si je n'étais César j'aurais été Brutus. Tout homme à son état doit plier son courage. VOLT. Mort de César, 1, 1. Qu'importe à ma patrie, aux Romains que tu braves, D'apprendre que César a de nouveaux esclaves? VOLT. Mort de César. 1, 2. Il en faut revenir toujours à son destin, C'est-à-dire à la loi par le ciel établie ; Parlez au diable, employez la magie, Vous ne détournerez nul être de sa fin.

LA F.

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C'est à vous à CHOISIR, vous êtes encor maître; Vertueux jusqu'ici, vous pouvez encor l'être. RAC. Britann. 4, 3. (1) Mon Dieu, comme on s'accoutume aisément à être riche! Il n'est pas si facile de s'accoutumer à ÊTRE pauvre.

PICARD, Les Marionn. 1, 7: Il y a plaisir à RÉFUTER des gens qui n'osent parler. J.-J. R. Emil. 4.

On dit que notre ami Coypel
Imite Horace et Raphaël;

A les SURPASSER il s'efforce,

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Bon d PRENDRE, bon à RENDRE. Beaumarchais a retourné le proverbe, et a dit : Bon à prendre, bon à garder.

Gens à CITER, à louer sans scrupule,
C'est notre Plaute avec notre Tibulle.

ANDRIEUX, Matinée d'un amateur. J'ai six couplets de chansons, tout prêts à METTRE au jour.

MONTESQ. 11e Lett. pers. A de plus hauts partis Rodrigue doit prétendre. CORN. Cid. Les Juifs à d'autres dieux osèrent s'adresser ; Rois, peuples, en un jour tout se vit disperser. RAC. Esth. 3, 4.

Dans les premiers exemples à a pour complément un substantif, savoir: goût, mœurs, fortune, état, patrie, etc.

Dans le quatrième et les suivants, jusqu'au treizième inclusivement, il a un infinitif pour complément, savoir choisir, être, réfuter, surpasser, chanter, consentir, prendre, rendre, garder, citer, mettre.

(1) On dit aussi c'est à vous de, etc.

Madame, encore un coup, c'est à vous de choisir. Rac. Baj. 2, 1.
C'est à toi de choisir quel parti tu dois prendre. RAC. Mithrid. 1,

Dans les deux derniers à est immédiatement suivi de la préposition DE; mais cette préposition n'est point son complément il faut suppléer un substantif. Les Juifs à d'autres dieux oserent s'adresser, c'est-à-dire, d nombre, à quantité d'autres dieux.

Maintenant nous allons suivre les grammairiens dans les prétendus sens qu'ils attribuent à cette préposition.

I.

A, prétendue préposition de lieu, etc.

5 La fortune a, dit-on, des temples à SURATE. LA F. 7, 12. Ils cabalaient: c'est tout ce qu'on peut faire, Et ce qu'on fait quand on est à la cour. VOLT. Contes en vers. Le plumitif attendri lui avoua tout. Votre amant est à LA BASTILLE depuis plus d'un an, et sans vous il y serait peut-être toute sa vie. VOLT. L'Ingénu.

6

C'est son visage que l'on voit aux ALMANACHS représenter le peuple ou l'assistance. LA BRUY. 7.

A TRAVERS les rochers la peur les précipite.
RAC. Phedre.

Les prêtres bretons vont presque tous
à ROME en pélerinage. BoUnoURs.
Un poignard à LA MAIN l'implacable Athalie
Au carnage animait ses barbares soldats.
RAC. Athalie.

Malheur à L'ÉCRIVAIN nouveau !
Le moins de gens qu'on peut à L'ENTOUR du
gâteau. LA F 1, 5.

Est-il besoin de multiplier les exemples? n'est-il pas évident, pour des yeux non prévenus, que ce n'est pas la préposition à qui marque le lieu, la posture, la place, la situation, mais que c'est la cour, la Bastille, les almanachs, qui sont des lieux; que ce sont les mots entour, travers, qui marquent des idées de situation, etc.?

II.

A, prétendue préposition de temps.

Savez-vous bien, par exemple qu'à L'HEURE que je vous parle, il y a cent mille fous de notre espèce couverts de chapeaux, qui tuent cent mille autres animaux couverts de turbans? VOLT. Microm

Plus loin s'élève une colline verte,
A CHAQUE AUTOMNE enrichie et couverte
Des doux présents dont Noé nous dota.

VOLT. Contes en vers.
Les lois suédoises fixent la majorité des

rois à QUINZE ANS. VOLT.

Au commencement on s'excuse,
On prend l'amour pour l'amitié,
Et tandis qu'ainsi l'on s'abuse
L'amour est au moins de moitié.

L'AUTEUR. Je sais bien, dit le Czar, que les Suédois nous battront; mais à la fin, ils nous apprendront eux-mêmes à les vaincre. VOLTAIRE.

Qui ne voit encore ici que ce n'est pas d, mais heure, automne, ans, qui marquent le temps? Quant aux mots commencement et fin, ils peuvent

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également bien se rapporter au temps et au lieu. On dit le commencement et la fin d'un champ, le commencement et la fin d'une année.

III.

A, prétendue préposition qui marque le terme.

Au BOUT de l'Univers va, cours te confiner. Une retraite heureuse amène au FOND des

RAC. (*)

cœurs

Le vent soufflait du nord au SUD. VOLT. L'oubli des ennemis et l'oubli des malheurs.

VOLT. (*)

On ne fait pas, seigneur, tout ce qui se propose, Les empires, les arts naissent, brillent,
Et le chemin est long du projet à LA CHOSE.

MOL.

Quand nous arrivâmes á TYR, je suivis le conseil de Narbal. FÉN. Télém.

Il arriva en un quart d'heure à L'autre
BORD. VOLT. (*)

s'étendent,

S'élèvent à LEUR COMBLE, et bientôt redescen-
dent. MARMONTEL. (*)

Le casque, le mortier, la barette, la mître,
A LA FÉLICITÉ n'apportent aucun titre.
VOLT. (*)
VOLT. (*)

Déjà Valois touchait à SON HEURE dernière.

Pourquoi a-t-il plu à M. Maugard, à qui nous devons ces belles citations, de regarder le sud, Tyr, le fond des cœurs, etc., comme des termes, et non comme des lieux, et heure aussi, comme un terme, plutôt que comme un temps ? Et puis, qui ne voit que ce n'est point d, mais ces divers substantifs qui marqueraient des idées de terme?

IV.

A, prétendue préposition qui marque l'état.

1368 Peut-être avant la nuit l'heureuse Bérénice Ne perdez point de vue, au FORT de la tempête,
Change le nom de reine au nom d'impératrice. Ce panache éclatant qui flotte sur ma tête.
RAC. Bér. (*) Vous le verrez toujours au CHEMIN de l'honneur.
Le jeune prince passait son temps à LA
VOLT. (*)
CHASSE. VOLT. (*)

Ce qui marque l'état où peut-être, avant la nuit, va entrer l'heureuse Bérénice, c'est tout le vers, change le nom de reine au nom d'impératrice, ce n'est point tel ou tel mot de ce vers. D'ailleurs si on pouvait dire que d marque l'état, ce serait ici une préposition qui marquerait le mariage. Dans le second exemple, il marquerait la tempête; dans le troisième, ce serait une préposition de chasse. Et pourquoi à, au, dans fort de la tempête, passer son temps à la chasse, n'est-il pas aussi bien une préposition de temps ou de lieu, qu'une préposition d'état? Il est impossible de ne pas sentir le vide de semblables classifications.

(*) Cité par Maugard.

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