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Dès que les vents l'aperçoivent, ils se lèvent tous et lui offrent une place. « Je suis pressée, dit-elle, de me rendre dans le pays des Éthio piens... Achille conjure Borée et Zéphire d'embraser le bûcher de Patrocle et leur promet de magnifiques sacrifices.» Aussitôt Borée et Zéphire partent avec un horrible bruit, et le bûcher s'enflamme. (Iliade, ch. xxIII.)

Les vents sont nombreux, et on imagina de leur donner un roi pour les contenir dans leurs antres, pour les lâcher, les diriger, les rappeler, et à ce roi on donna le nom d'Éole. Il joue un rôle dans l'Énéide de Virgile, comme on le verra bientôt.

Les eaux courantes ne pouvaient manquer d'obtenir leur part dans le culte de la nature. Il paraît que la reconnaissance de l'homme s'adressa d'abord à la source. Peu de temps encore avant notre ère, Horace, chevalier et poëte romain, remerciait celle de Bandusie, lui jetait des fleurs, lui faisait des libations et des sacrifices (1). Les rivières et les fleuves étaient déifiés du temps d'Homère, et ils recevaient des hommages pour les services qu'ils rendent à l'homme. On les croyait animés d'un génie qui pouvait se revêtir de la figure humaine pour se rendre visible. Achille devant Troie encombrait le Xanthe ou le Scamandre par le nombre des cadavres qu'il y précipitait. Le fleuve irrité lui apparaît et lui dit en colère:

Éloigne de mes yeux tout ce carnage. Mon lit est si rempli de corps morts que je ne puis porter à la mer le tribut de mes eaux. Qu'il te suffise que ta valeur m'ait donné de l'étonnement.

Achille continue le massacre et le Xanthe s'adresse à son voisin le Simoïs.

Mon frère, lui dit-il, joignez vos forces aux miennes pour résister à ce terrible ennemi. (Iliade, ch. XII.)

L'antiquité dans son enfance pouvait-elle refuser la vie et des hommages à la mer qui toujours bouge, toujours bruisse, qui porte les vaisseaux et les engloutit quelquefois? Comme elle est étendue, l'antiquité lui avait

(1) Ode IX, livre .

donné du temps d'Homère plusieurs génies pour la gouverner. Le plus ancien était Nérée qui avait Thétis pour fille, mariée à Océan, deux époux qui, au dire du poëte, ne vivaient pas bien ensemble.

Le feu, dont l'activité est si prodigieuse, dont les services sont si nombreux et si grands, et les dommages quelquefois si déplorables, le feu, disons-nous, ne pouvait pas être omis dans le culte de la nature. Il a eu ses adorateurs jusqu'aux derniers jours du paganisme, surtout en Orient.

Enfin la terre fut aussi adorée. Elle n'était pas encore une planète voyageant comme ses sœurs, mais elle était pleine de vie comme elles. Bornés, mais reconnaissants, les peuples la chérissaient comme leur nourrice, et quelquefois même comme leur mère. On l'appelait aussi la bonne déesse. Elle avait à Rome un temple sous ce nom.

76. Les dieux de l'Olympe.

Il y eut dans la nuit des temps des hommes et des femmes qui, par leurs qualités personnelles et leurs services, se distinguèrent éminemment de leurs semblables. Ils furent regardés comme des êtres supérieurs à l'humanité, et on en fit des dieux et des déesses. Partout dans le vieil Homère nous voyons cette disposition à diviniser les personnes dans lesquelles on croyait trouver quelque chose de surhumain. Même au commencement de l'ère chrétienne, les sacrificateurs de Lystre en Grèce s'apprêtaient à immoler des victimes aux apôtres Paul et Barnabé, qu'ils prenaient pour des dieux descendus sur la terre.

Tous les anciens peuples adoraient des hommes divinisés par leurs aïeux. Ils finirent par en compter douze, six de chaque sexe, que l'on appela les dieux des grandes nations. Ce n'est pas que ce fussent les mêmes individus, mais c'étaient des personnes qui en divers lieux et en divers temps avaient marqué parmi leurs concitoyens d'une manière semblable. De là la différence des détails dans les récits qui les concernent.

Ces dieux des grandes nations s'appelaient aussi les dieux de l'Olympe. Olympe était le nom de plusieurs montagnes, mais en particulier de la plus haute, située en Thessalie sur les confins de la Macédoine. Les poëtes imaginèrent que les douze grands dieux y venaient souvent pour regarder la terre et ce qui s'y passait. On donna ensuite le nom d'Olympe au séjour céleste que l'on assignait à ces déités entre les nues et les étoiles, sans pouvoir en déterminer la position.

Les six déités mâles de l'Olympe se nommaient : Jupiter, Neptune, Mercure, Mars, Vulcain et Apollon. Les six du sexe féminin étaient: Junon, Cérès, Vesta, Minerve, Vénus et Diane.

Jupiter, dont la fable a fait le père et le maître des dieux et des hommes, a été un prince puissant qui régna dans un pays où l'on trouve un mont Olympe. Il a eu des ennemis qu'il a vaincus, et la crédule antiquité, frappée de ses exploits, l'a identifié avec le dieu, qui, à son avis, lançait la foudre. Jupiter n'était donc pas un dieu tout nouveau, mais un ancien dieu fait homme. On le représentait assis sur un trône d'or et d'ivoire, avec la partie du corps supérieure nue, tenant la foudre de la main droite, un sceptre de la gauche, et ayant à ses pieds ou à l'un de ses côtés un aigle avec les ailes déployées.

Neptune était le frère puîné de Jupiter. Il eut dans le fabuleux partage du monde les mers pour sa part, comme son cadet Pluton eut les enfers. On représentait Neptune debout sur une vaste coquille traînée par deux veaux marins ou deux chevaux moitié poissons. Dans une main il tenait un trident comme marque de son empire.

Mercure était fils de Jupiter et de Maïa. Son nom grec est Hermès, interprète. Il était censé faire les fonctions de messager de Jupiter, et on le regardait comme le dieu du commerce. En cette dernière qualité, il tenait une bourse à l'une de ses mains; comme messager céleste, il avait de petites ailes à son bonnet et un caducée à l'autre main, c'est-à-dire une baguette autour de laquelle étaient

entrelacés deux serpents, et qui, chez les anciens, était un signe de paix.

Mars et Vulcain étaient tous deux fils de Jupiter et de Junon. Le premier, comme dieu de la guerre, tenait une lance d'une main et un fouet de l'autre. Vulcain, dieu du feu et des forges, avait en main un marteau et des tenailles. Les anciens nommaient quelquefois le feu de

son nom.

Apollon, fils de Jupiter et de Latone, était le dieu de la lyre et de l'arc, comme l'indiquaient ses statues. Ce n'est que dans les derniers temps que des poëtes en ont fait le génie du soleil.

Junon était la sœur aînée de Jupiter et son épouse en titre. On la représentait avec une couronne radiée, tenant un sceptre et un fuseau. Elle a à son côté un paon, emblème de l'orgueil.

Cérès et Vesta étaient aussi sœurs de Jupiter. La première était la déesse des moissons, et ses statues étaient ornées d'épis, tandis que Vesta, en sa qualité de déesse du feu, entretenait une flamme allumée dans un vase placé sur un trépied.

Minerve, déesse de la sagesse; Vénus, celle de la beauté, et Diane, celle de la chasse, étaient toutes trois filles de Jupiter; mais Vénus avait Dioné pour mère, Diane avait Latone, tandis que Minerve n'en avait point. On la supposait sortie adulte et armée du cerveau de Jupiter!

On voit par cette énumération que les dieux de l'Olympe ne formaient qu'une seule famille, celle de Jupiter qui avait régné sur cette montagne et s'y était fait un grand nom dans la haute antiquité.

77. Condition humaine des dieux de l'Olympe.

Les dieux de l'Olympe, d'après tout ce que nous en dit la mythologie, ne sont pas de purs esprits, car ils sont enveloppés d'un corps semblable au nôtre, et ils ont la

même conformation. À la demande de son fils Achille, Thétis, déesse marine, se rendit au ciel, nous dit Homère, elle trouva Jupiter à l'écart. La déesse s'assit devant lui, et embrassant ses genoux de la main gauche, prenant de la droite son menton, elle le supplia de faire triompher les Troyens, jusqu'à ce que les Grecs eussent réparé l'offense qu'ils avaient faite à son fils. Jupiter jeta un profond soupir, craignant les reproches de Junon; cependant il promit d'accomplir la demande de Thétis. En même temps il fit un signe de ses noirs sourcils, et les sacrés cheveux furent agités sur la tête immortelle du dieu. (Iliade, 1.) Ne voyez-vous pas dans ce récit les dieux de 'I'Olympe revêtus de notre chair?.....

Ces dieux ont aussi besoin de nourriture et de sommeil comme nous. Voici comment Homère nous dépeint une de leurs journées au séjour céleste:

La belle Junon ne put s'empêcher de sourire, et en souriant elle prit la coupe des mains de son fils, qui présenta ensuite à tous les dieux le divin nectar qu'il puisait dans les urnes sacrées. Il s'éleva entre les bienheureux un rire qui ne finissait pas, à la vue du boiteux Vulcain qui s'empressait de les servir.

Ils passèrent ainsi à table tout le jour jusqu'au coucher du soleil, et ils n'avaient rien à désirer ni pour la bonne chère ni pour la musique. Apollon jouait de la lyre, et les Muses chantaient tour à tour. Cependant sitôt que la brillante lumière du soleil se coucha dans Ponde, ils allèrent tous se coucher, chacun dans les riches appartements que Vulcain leur avait faits par son art merveilleux. Jupiter se coucha dans le lit, où il avait accoutumé de goûter quelque repos, lorsque le doux sommeil fermait ses paupières, et Junon se coucha près de lui. (Iliade, 1.)

A

Quelles réflexions faites-vous sur ces appartements d'or et d'argent placés au-dessus des nues et sous les étoiles?... Ces dieux ne sont-ils pas au fond des hommes comme nous pour les jouissances et les besoins de la vie?.....

Homère nous les montre dépendants des hommes, emprisonnés et blessés par eux tout comme de simples mortels. Vénus, nous dit-il, descendit du ciel pour emporter de la mêlée son fils Énée qui venait d'être blessé devant Troie. Elle-même reçut à la main une blessure qui lui fai

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