vient, puis vous ferez entrer le même adjectif dans deux pensées. Vous l'emploierez dans l'une avec sa signification propre, et dans l'autre avec le sens figuré. 1. Un noir forfait. 2. Une vertu solide. 3. Une parole menteuse. 4. Les fautes légères. 5. Une mine hypocrite. 6. Une âme sombre. 7. Des pensées basses. 8. Un bienfait intéressé. 9. Des intentions pures. 10. Un doux souvenir. 11. Des reproches amers. 12. Une attitude dévote. 13. Une fierté repoussante. 14. Un esprit mûr. 15. Une âme saine. 24. Une volonté inflexible. 65. · Continuation. Nous placerons ici, parmi les locutions figurées, un gallicisme par lequel nous attribuons à des objets une action qu'ils ne produisent pas, mais qui est produite sur eux par une cause étrangère. Voici un exemple de cette irrégularité dans le langage: La rose se fane bien vite au grand soleil. Est-ce la rose elle-même qui se fane ou se détruit?..... Ou bien est-ce l'air et le grand soleil qui hâtent sa décomposition?..... Se fane est donc ici une locution impropre qui attribue à la rose une action qu'elle endure, mais qu'elle ne produit pas?..... Cette impropriété de langage est très-commune en français. Pour exprimer notre exemple dans des termes exacts, ne faudrait-il pas dire: Le grand soleil fane bien vite la rose?..... Voici d'autres exemples de gallicismes semblables dont vous montrerez l'impropriété et que vous traduirez ensuite en employant les termes propres. Vous finirez cha que fois par faire vos réflexions sur la pensée qui aura été exprimée. Je vous préviens que dans le nombre des exemples il s'en trouvera où le pronom-objet se devra rester devant le verbe, parce qu'il y sera à sa place, exprimant non pas une action étrangère au sujet, mais une action du sujet sur lui-même. 1. Le linge se sèche vite au grand air. 2. La neige s'est fondue par un vent chaud du midi. 3. A la voix de sa bonne mère un enfant docile se corrige. 4. Au moyen de l'eau le feu s'éteint. 5. Le dévouement d'une bonne mère ne saurait se payer. 6. Les mauvaises habitudes ne se corrigent pas par un simple désir. 7. Je me mets au travail dès que le jour se lève. 8. Une mauvaise écriture ne se lit qu'avec peine et dégoût. 9. On attend la pluie quand le ciel se couvre de nuages. 10. Sur l'ordre du Sauveur les flots se sont apaisés. 11. L'élève s'est rendu à son devoir sur un simple signe du maître. 12. Les mauvaises habitudes se prennent promptement. 13. Les écoliers se sont négligés dans leurs études. 14. Les arbres se dépouillent pour la plupart en automne. 15. Sur une parole du Sauveur toutes les maladies se guérissaient. 16. Au lever du soleil les nuages se sont dissipés. 17. Les habits s'usent vite quand on n'en a pas soin. 18. Toute bonne habitude se prend par une volonté forte et constante. Dans nos climats nous partageons l'année en quatre parties égales que nous appelons saisons. Ce sont le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. Chacune de ces saisons est composée d'une multitude de jours, et néanmoins notre imagination en fait une unité à laquelle nous attribuons une existence individuelle, comme à un arbre, un ruisseau, un lac. Notre imagination fait plus, elle attribue à ces êtres factices le sentiment, la pensée et les affections de l'homme, bonnes ou malveillantes. En cela il n'y a rien de réel, tout est imaginaire, et il faut bien se garder de s'y laisser tromper. Ce qui nous arrive dans chaque saison est l'œuvre de Celui qui a fait le monde et qui le gouverne. 76 Dans les morceaux suivants vous relèverez les personnifications, et vous ajouterez vos réflexions sur les pensées qui y seront exprimées. L'hiver, hideux vieillard qui chemine avec peine, Ou n'a plus de cheveux, ou n'en a que de blancs. (DE SAINT-ANGE.) Hiver! cruel hiver ! toi qui sembles détruire, (SAINT-LAMBERT.) Le doux printemps revient et ranime à la fois L'été, fils du soleil, succède au doux printemps; Mais si l'été brûlant a prodigué la vie (DELILLE.) (DE SAINT-ANGE.) A tant d'êtres nouveaux dont la terre est remplie, Il augmente, il achève, il mûrit les trésors (LE MÊME.) Qu'un air plus tempéré fit naître sur nos bords. (SAINT-LAMBERT.) L'automne suit l'été d'un air tranquille et sage; Sans être vieux encore il n'est plus au bel âge; De la jeunesse en lui les feux sont amortis, Même on peut sur son front compter des cheveux gris. Et toi, riant automne, accorde à nos désirs, Il vient environné de paisibles nuages; Il voit du haut des cieux la pourpre des raisins, (DE SAINT-ANGE.) Et l'ambre et l'incarnat des fruits de nos jardins. (SAINT-LAMBERT.) La Nature, dans le sens propre du mot, est l'ensemble et le mouvement régulier de tous les objets inanimés qui depuis le soleil jusqu'au grain de sable, constituent l'admirable spectacle que nous avons sous les yeux. Le mot nature a sa racine dans le verbe naître, et pour les croyants la nature est effectivement née sur l'ordre du Créateur qui l'a appelée du néant, ainsi que les esprits au service desquels il l'a mise. L'imagination a commencé par animer les astres, puis les plantes, puis les éléments, et une fois, ce qui n'a pu se faire que beaucoup plus tard,-une fois que l'ensemble des choses sensibles eut été considéré comme un seul tout, la nature a dû être personnifiée à son tour. C'est ce qu'ont fait les poëtes, et ce que vous aurez à signaler dans les extraits suivants. Vous ajouterez d'ailleurs vos réflexions sur le contenu de chacun de ces exemples et sur l'unité illusoire dont il y est question. La Nature, tantôt riante en tous ses traits, De verdure et de fleurs égayant ses attraits; Tantôt mâle, âpre et forte, et dédaignant les grâces, (DELILLE.) Dans les vers suivants le poëte parle des régions équatoriales: C'est là que la Nature, et plus riche et plus belle, C'est là qu'elle est sublime. Aux feux brûlants des airs Est un voile pour ses appas. Voyez comme en secret la Nature fermente, Quel besoin d'enfanter sans cesse la tourmente! L'été, la Nature éveillée Partout se répand en tout sens, (SAINT-LAMBERT.) (GRESSET.) (DE BERNIS.) Sur l'arbre en épaisse feuillée, Les fleurs qu'elle vend aux palais. O puissance féconde, ô Nature immortelle ! (V. HUGO.) (SAINT-LAMBERT.) C'est encore de la Nature que nous nous occuperons, et vous ferez sur les vers suivants tous les exercices de la leçon précédente. Nature, ô séduisante et sublime déesse, Que tes traits sont divers! Tu fais naître dans moi, Tes mains sément les fruits, la verdure et les fleurs : Et le doux bruit des eaux, le doux concert des bois, Tantôt dans les déserts, divinité terrible, Sur des sommets glacés plaçant ton trône horrible, Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage, (DELILLE.) (LAMARTINE.) A quel point nos poëtes personnifient-ils l'immense Nature?..... Est-ce donc une unité comme le moi hu |