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énoncés en termes généraux, mais des esquisses de tout le travail que les élèves ont à faire. Ils n'auront que les développements des idées principales à trouver, et encore ceux-ci leur sont-ils indiqués par les questions: quand ? comment? pourquoi? à quelle fin? etc., ou par les mots correspondants: temps, manière, raison, motif, etc. Ce sont là autant d'indications que les exercices précédents ont rendues familières à nos élèves. Ainsi enpassant aux compositions ils n'ont pas un travail absolument neuf à commencer, mais seulement un travail plus suivi, plus lié, plus étendu; travail qui doit les habituer peu à peu à mettre de l'ordre, de la connexion, et de l'harmonie dans leurs pensées.

Ces esquisses ne procurent sans doute pas à l'enfant le mérite d'avoir développé à lui seul un sujet donné en termes généraux; mais n'a-t-on pas tort de craindre qu'à l'âge de onze ans environ il soit capable de s'acquitter convenablement d'une pareille tâche? Quiconque connaît l'âge tendre par expérience, sait que de semblables sujets de compositions ne produisent ou qu'un travail pénible et frappé de stérilité, ou bien une abondance de paroles décousues et vagabondes. Nos esquisses remédient à ces inconvénients, car elles excitent et règlent en même temps les pensées des enfants. En outre, et c'est ici une chose essentielle, tous sont amenés à leur insu par ce travail à concourir à leur propre éducation.

Dans mon ancienne école les esquisses s'écrivaient à

l'avance sur le tableau noir. Les élèves étaient appelés tour à tour à les lire à haute voix, puis à les développer d'après les indications qui s'y trouvaient en parenthèse. Ce développement amenait un libre concours, et l'instituteur jugeait ou suppléait au besoin. Ce n'est qu'après cet exercice oral que la composition était mise par écrit par tous les élèves. Avec un peu d'habitude tout cela se faisait assez promptement. Les sujets pour les devoirs s'écrivaient sous la dictée de l'instituteur.

J'avais l'intention de prescrire ces mêmes procédés qui m'avaient bien réussi pendant longtemps; alors les esquisses des compositions n'auraient été mises qu'entre les mains des maîtres. Mais d'après diverses observations qui m'ont été faites, j'ai dû me décider à remettre aussi aux élèves toutes les esquisses de compositions, bien que je visse à cela quelques inconvénients. Rien n'empêche cependant que les sujets destinés aux leçons communes ne soient d'abord lus et développés de vive voix, comme je viens de le dire. Si les élèves n'ont pas le tableau sous les yeux, ils auront leurs livres. Voilà toute la différence dans ce premier exercice. Le corrigé de la composition orale se fera comme dans mon ancienne école. Quant au corrigé de la composition écrite, on suivra les directions qui ont été données pour les autres parties du cours de langue. On ne devra pas négliger ici la ponctuation ni l'usage des majuscules.

Dans leurs compositions nos élèves seront constam

ment appelés à juger du bien et du mal moral, et c'est la conscience qui devra parler ici. Elle ne juge pas d'après les suites agréables ou désagréables qui résultent de nos affections et de notre conduite; mais d'après la conformité ou l'opposition de nos actions et de nos sentiments avec les objets auxquels ils se rapportent. (Voyez De l'enseignement de la langue maternelle, livre IV.) C'est un point sur lequel les instituteurs et les institutrices voudront bien insister dans les compositions. Malgré cela nous ne négligerons pas, dans nos esquisses, de faire remarquer les suites de la vertu et du vice. Nous chercherons ainsi à faire concourir le désir inné du bonheur au même but que la conscience, comme le faisait le divin Maître. En cela cependant il faut prendre garde de ne pas vouloir faire du juste avec de l'agréable et de l'utile. Ce ne serait pas là de l'éducation.

Toutes les parties d'une même composition doivent se lier entre elles; mais il y a deux espèces de liens. L'un s'effectue mécaniquement pour ainsi dire par l'emploi des conjonctions et des relatifs; l'autre ne s'opère que par l'affinité des pensées. Ce dernier est partout nécessaire; l'autre, si l'on n'en use pas avec beaucoup de modération, forme un enchaînement lourd et désagréable, une diction souvent à perte d'haleine. On voudra bien utiliser cette observation, non-seulement pour le travail que les élèves feront par écrit, mais encore pour celui qui se fera préalablement de vive voix. J'invite aussi les maîtres à bien étudier à l'avance toutes les esquisses pour se pré

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AVIS GÉNÉRAL SUR CETTE PARTIE du cours.

parer à en faire le développement. Il convient encore que celles qui serviront de devoirs soient d'abord lues à la leçon commune, et que l'instituteur indique aux élèves les développements qu'il croirait être moins à leur portée.

Les indications 1o, 2o, 3°, etc., qui séparent les diverses parties de nos esquisses, ont pour objet de faire mieux distinguer aux élèves les idées principales de chacune de ces petites compositions. Il est bien entendu que toutes ces indications devront disparaître dans leur travail.

Voilà ce que nous avons à dire en général sur les compositions. En tête de chaque genre on trouvera ce qui le regarde en particulier.

DE COMPOSITIONS.

CHAPITRE Ier.

LETTRES FAMILIÈRES.

Nous entendons par lettres familières celles que s'écrivent des parents et des amis, et quant à leur sujet nous exclurons les affaires d'intérêt, qui ne sauraient entrer dans un cours de langue, dont l'éducation est le but. Les affections et la conduite sont le sujet obligé de nos lettres, qui par conséquent sont toutes morales.

Nos élèves écriront à leur père, à leur mère, à leur instituteur ou leur institutrice, pour leur exprimer les sentiments qu'ils doivent avoir pour eux; mais jamais ils ne seront appelés à se mettre à leur place, et à prendre un langage de supériorité qui ne leur serait pas naturel, et qui ne leur siérait pas. Nous ne craindrons pas cependant de les mettre dans le cas de jouer le rôle d'aînés envers des cadets, attendu que par là les rapports de la. vie ne seront pas blessés,

Quel que soit l'usage adopté dans ces derniers temps nous ne saurions permettre que nos élèves tutoient ceux de leurs parents qui leur sont supérieurs. Ce langage ne peut convenir qu'entre égaux, et encore est-il bon de le restreindre pour en prévenir l'abus, Le tutoiement n'est-il pas aussi chez nous l'expression du mépris et de la colère?

Comme le Cours de langue est destiné aux deux sexes,

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