ANNEES. Navires. Tableau des armements pour la pêche de la morue. 2,721 474 34 3,836 50 336 19 2,416 28 4,096 56 7,575 792 70 4,811 881 1,287 112 7,939 1,429 3 218 42 Totaux. 1,377 210,281 61,901 207 28,029 2,456 482 62,411 13,450 856 122,480 12,845 885 62,402 10,887 8 Indépendamment des navires armés pour la pêche, 60 à 80 navires non pêcheurs se rendent annuellement aux lieux de pêche pour y prendre des chargements de morue et les porter aux colonies; enfin un grand nombre de bâtiments de cabotage transportent toute l'année, d'un port à l'autre, le bois, le fer, le chanvre, le goudron, les toiles, les lignes et filets, 25 à 30 millions de kilogrammes de sel, les vins et eaux-de-vie, la farine, les comestibles et autres approvisionnements nécessaires à la consommation de plus de 13,000 hommes pendant sept à huit mois : mouvement immense qui anime et vivifie nos ports, et qui n'emploie pas moins de 50,000 tonneaux de navigation 1. D'un autre côté, les pêcheurs hivernants établis à SaintPierre et Miquelon, comme on le verra ci-après, joints aux passagers - pêcheurs venus annuellement de France dans cette colonie, fournissent à l'inscription maritime environ 800 hommes, marins classés ou destinés à le devenir. Ainsi on peut poser en fait que, déduction faite des hommes trop jeunes ou trop âgés et de toutes les nonvaleurs, la pêche de la morue et la navigation accessoire qu'elle alimente, entretiennent constamment à la mer un effectif de 12,000 marins d'élite, formant près du quart du personnel valide de l'inscription maritime; réserve précieuse, toujours disponible et endurcie aux fatigues par le travail sur la mer la plus rude et sous le climat le plus rigoureux; réserve utile pour la navigation commerciale dans le temps ordinaire; réserve indispensable et malheureusement insuffisante pour l'armement de la flotte en temps de guerre. En vain essayerait-on d'ailleurs de la remplacer par un autre mode; aucune autre navigation ne saurait donner un semblable résultat, et il ne faudrait pas moins de 170,000 tonneaux de navigation coloniale pour fournir à l'inscription les 12,000 marins qu'entretient la pêche de la morue. La perte de Saint-Domingue nous a privés de 167,655 ton Lettre de la chambre de commerce de la Rochelle. neaux de navigation, et cependant nos rapports avec cette colonie n'employaient que 9,855 hommes. Si, dans un autre ordre d'idées, on compare la dépense des primes avec les frais de solde et de subsistance des hommes à bord des bâtiments de l'État, le résultat n'est pas moins remarquable. Le personnel des marins de l'inscription embarqués sur la flotte, en 1839, a été de 14,476 hommes, et la dépense s'est élevée à 10,753,062 fr. 32 cent. : c'est donc 742 fr. 82 cent. par homme, non compris la dépense des étatsmajors des bâtiments, du matériel naval et tous les frais accessoires à ce taux, les 12,000 hommes employés à la pêche de la morue, coûteraient annuellement à l'État 8,913,840 francs, tandis que la dépense des primes, calculée année moyenne depuis 1816 n'a été que de 232 fr. 17 cent. par homme. : Tableau du nombre d'hommes employés à la pêche de la morue et de la dépense des primes. COUT par homme. 500 52° 51 32 1818.. 7,648 468,219 12 61 22 1819... 8,613 559,295 44 64 94 1820...... 9,577 962,802 51 100 53 1821 9,800 1,730,073 00 176 54 1822.... 9,428 2,366,624 00 251 02 1823.. 4,156 1,207,615 00 290 57 1824.. 9,173 1,099,898 43 119 91 1825.. 9,157 2,241,168 81 244 75 1826. 10,185 2.628,241 88 258 05 1827.. 11,293 2,305,319 42 204 14 1828.. 11,758 2,628,241 88 223 53 1829.. 12,017 3,563,256 98 296 52 1830. 9,988 4,375,094 36 438 34 1831. 7,445 2,837,876 26 381 18 1832. 9,415 2,701,237 40 284 78 1833.. 10,120 2,652,007 42 262 06 1834.. 10,845 2.208,538 56 203 65 1835. 11,221 3,239,249 74 288 68 1836... 10,280 3,122,270 80 303 72 1837.. 10.346 3,732,626 62 360 78 1838... 11,064 3,827,377 52 545 93 1839.. 11,499 3,556,762 08 309 31 Moyennes générales des 24 années 9,652 hommes, 2,285,993 fr. 33 cent. de primes payées; coût par homme, 232 fr. 17 cent. En résumé, la pêche de la morue forme et entretient à la mer 12,000 marins d'élite; cette force ne peut être remplacée ni par la navigation commerciale, ni par l'entretien à bord des bâtiments de l'État. L'intérêt de notre puissance maritime nous commande donc de maintenir les encouragements à l'aide desquels a pu se développer et se maintenir la pêche de la morue. Il importe seulement d'examiner si ces encouragements ont produit l'effet le plus utile, et si la loi du 9 juillet 1836, dans ses diverses dispositions, a atteint le but qu'on s'était proposé : la formation du plus grand nombre de marins. Les primes, comme le sait la Chambre, sont de deux espèces, les unes portent sur l'armement, et sont accordées en raison du nombre des hommes embarqués; les autres sont attribuées au produit de la pêche, lorsque ces produits ont été introduits, soit aux colonies françaises, soit dans l'Espagne et le Portugal, soit enfin dans les États étrangers sur les côtes de la Méditerranée. Nous nous occuperons successivement de cette double catégorie de primes. Prime d'armement. La pêche de la morue s'effectue sur les côtes de l'île de Terre-Neuve; sur les îles de Saint-Pierre et Miquelon; sur le banc de Terre-Neuve, dit le Grand-Banc; sur le DoggerBank, et enfin sur la mer d'Islande. Pêche sur les côtes de Terre-Neuve. Cette pêche a toujours été placée au premier rang: c'est celle qui occupe le plus grand nombre de navires et le plus grand nombre d'hommes. On y emploie des bâtiments de toutes grandeurs depuis 80 jusqu'à 350 tonneaux. Lorsque le navire est arrivé à la côte, vers les premiers jours de juin, on le désarme, et l'équipage vient s'établir à terre avec ses provisions, ustensiles de pêche et matériaux de toute espèce, dans des cabanes de bois construites sur le littoral, et que, chaque année, après les ravages de l'hiver, il faut remettre en état de recevoir leurs habitants. De là les bateaux sont expédiés tous les matins à la pêche: chaque bateau est monté par deux hommes et un novice qui pêche à la ligne, et ne rentrent que vers le soir. Indépendamment de ces bateaux, chaque navire arme un ou plusieurs bateaux de seine qui sont montés par 10 hommes et qui pêchent lorsque la morue est abondante. Au retour des bateaux, le poisson est tranché, salé et mis en pile; après plusieurs jours de sel, les novices et les mousses le font sécher sur les bancs de galets, jusqu'à ce qu'il soit parvenu à un degré de dessiccation suffisant pour le rentrer. Les pêcheurs quittent la côte à la fin de septembre, la plupart pour revenir en France, quelques-uns pour aller porter une cargaison de morue aux Antilles. Au moment du départ, les habitations, cabanes et échafauds sont abandonnés. Le poisson que l'on prend à la côte est petit; on le désigne dans le commerce sous le nom de poisson de la côte ou petit poisson; il pèse moins d'un kilogramme. On conçoit que les différentes opérations que nous venons d'indiquer exigent l'emploi d'un nombre d'hommes considérable; mais tous ne sont pas des marins de la même qualité, et à l'exception des hommes employés à la manœuvre du bâtiment et à la pêche dans les bateaux, les autres, livrés à terre aux opérations matérielles de la préparation du poisson, ne vont qu'accidentellement dans les embarcations, et n'acquièrent pas la même pratique de la mer. C'est ordinairement le début des mousses et des novices un premier voyage les signale à l'inscription mariime; la seconde campagne attache définitivement les novices |