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Inde néerlandaise.

§ 2. Le centre de la puissance hollandaise dans la Malaisie est l'ile de Java. Cette île, avec Banca, les Moluques et des portions de Sumatra, Madura, Billiton, Riow, sur f'ile de Bintang, Macassar et quelques parties de l'île Célèbes; Benjarmassin, Sambas, Pontianac, établissements sur la grande île de Bornéo, une portion de l'île de Timor, forment les possessions immédiates du roi de Hollande, dont l'autorité est pourtant reconnue comme suzeraine dans une grande partie de l'archipel malais gouvernée par des princes indépendants.

Pendant longtemps il n'était pas permis aux bâtiments étrangers d'aborder dans les ports hollandais de la Malaisie; ce n'est qu'en 1826 que quelques ports ont été ouverts au commerce Batavia, Samarang, Sourabaya, sur l'île de Java; Riow, port franc sur l'île Bintang, Mintow ou Muntock, sur l'ile de Banca, les établissements de Sumatra et de Bornéo, Macassar sur Célèbes, Rupang sur l'île de Ti

mor.

:

Jusqu'en 1830 les Hollandais ont été inquiétés par les princes javanais; aujourd'hui ceux-ci sont soumis, et ceux que l'on nomme encore princes indépendants ne sont plus que des fantômes de sultans, comme ces princes pensionnés de la compagnie anglaise dans l'Indoustan.

Le système colonial de la Hollande est basé sur le monopole; le gouvernement accapare la plus grande partie des produits; l'industrie particulière, qui trouverait, à Java surtout, tant de moyens de s'étendre et de prospérer, est soumise à une foule d'entraves.

Java est partagée en 20 résidences, comme l'indique la Géographie de Malte-Brun. Batavia est la métropole de l'Inde néerlandaise et la résidence du gouverneur général; je veux parler de la nouvelle ville, car l'ancienne Batavia est aujourd'hui abandonnée par les Européens, qui n'y

viennent que pour leurs affaires de commerce. Chaque négociant y a un magasin et ses bureaux. Les grandes maisons à deux étages, bâtics à la hollandaise, sans verandah et sans balcons, constructions dans lesquelles on n'avait tenu aucun compte de la chaleur de l'Inde, sont la plupart fermées. Quelques-unes sont occupées par les commerçants, qui pourtant les quittent le soir. Les Chinois et les Malais, peu soucieux dans le choix de leurs habitations, ont continué de vivre sur cette terre basse et environnée de marais. Quant aux Hollandais, depuis trente ou quarante ans, ils ont songé à leur bien-être; ils ont voulu faire perdre à Batavia cette horrible réputation qu'elle avait si bien méritée en Europe, et pour cela ils ont quitté le bord de la mer. Une route large et unie, que de jeunes arbres commencent à ombrager, et qui suit la même direction qu'un canal qui se prolonge au loin, conduit aux villas hollandaises. C'est environ à 3 milles du port que se trouve le principal groupe, qui s'étend et se ramifie de tous côtés. La place principale est un vaste carré, hippodrome de Batavia; elle est garnie de jolies maisons, entourées de jardins, ouvertes de tous côtés, d'une propreté admirable. Puis, plus loin, après avoir traversé plusieurs routes encore bordées de maisons, on arrive sur fa place de Waterloo, nom célèbre chez les Hollandais, qui sont tout fiers de leur petite part de victoire, en l'honneur de laquelle ils ont élevé un monument aussi mesquin que leur gloire, car c'est une colonne de briques peinte à la chaux, et surmontée d'un lion, si toutefois on peut re connaître le roi des animaux à la mauvaise sculpture qui la domine. Je ne pouvais m'empêcher de regarder ce monu ment sans pitié; car, à mes yeux, la gloire française n'a fait que s'accroître à cette mémorable bataille, et je dirai, comme lord Byron :

Oh, bloody and most bootless Waterloo, Which proves how fools may have their fortune too, Won, half by blunder, half by treachery;

L'agriculture fait des progrès immenses à Java. Le gouvernement hollandais ne fait pas de concessions de terrain; il est toujours maître de la terre. Les Javanais sont soumis au régime féodal; ceux qui se livrent à la culture ne peuvent vendre leurs récoltes qu'aux agents du gouvernement, qui paye les produits à un taux très-bas, et les vend plus tard avec d'énormes bénéfices. Il impose, au contraire, certaines denrées de première nécessité à des prix exorbitants. Le café, le riz, l'indigo, les épices sont cultivés par les Javanais. L'industrie sucrière est entre les mains des Européens, qui passent des contrats avec le gouvernement. Voici quelle est la nature de ces contrats un spéculateur, désireux de se livrer à la fabrication du sucre, et présentant de la confiance au gouvernement, choisit une certaine portion de terrain. L'ordre est donné de faire planter des cannes sur ce terrain par les Javanais du voisinage, qui sont surveillés par des émissaires du résident du lieu; en même temps, le gouvernement fait des avances de 60 à 80,000 florins au contractant pour qu'il puisse établir son usine : cette somme doit être payée en sucre par le fabricant. Quand la canne à sucre est propre à être coupée, des experts en fixent la valeur, et le contractant est débité du prix fixé par eux. Chaque année il doit livrer son sucre à 7, 8 ou 9 florins le picul (le florin vaut 2 fr. 12 cent., le picul 60 kil.), jusqu'à ce qu'il ait payé la valeur de la canne délivrée pour la saison et la portion fixée du capital avancé. Si ce payement n'a pas absorbé toute sa récolte, le sucre de surplus doit être, à l'option du gouvernement, pris par lui au taux de la place (de 12 à 14 flor. le picul, ou 25 fr. environ les 50 kil.) ou laissé à la disposition du fabricant; le gouvernement se charge seulement de fournir les cannes sur pied, les travailleurs nécessaires pour la fabrication sont payés par le contractant. Il paraît même que, dans les derniers marchés, le gouvernement n'a fait que des avances, et n'a pas voulu se charger de la culture. Des contrats analogues

ont lieu aussi pour l'indigo. Il arrive quelquefois que les terres que l'on choisit sont déjà mises en rizières par les Javanais; mais on ne se fait aucun scrupule de les en chasser. Les premiers contrats passés de la sorte ont été trèsavantageux, et des fortunes immenses se sont élevées en peu d'années. Aujourd'hui le gouvernement est plus sévère, et a limité les chances d'un si prompt succès. On conçoit facilement que, d'après ce système, l'état absorbe en grande partie le commerce de l'Inde hollandaise. A Java, le commerce particulier a encore quelques chances de réussite; mais le monopole existe complétement pour l'étain de Banca et les épices des Moluques. Le gouvernement a cédé une partie du commerce à une compagnie nommée HandelMaatschappy. Il ne reste au commerce libre que le tiers environ des importations et le septième des exportations des produits de l'Inde néerlandaise. Ce système de monopole a profité seulement à la royauté, qui, jusqu'à ces dernières années, n'a rendu aucun compte des revenus coloniaux, qui, pour la Malaisie, dépassent les dépenses de plus de 15,000,000 de florins. La Hollande vient de profiter de cet excédant de recettes en imputant à Java une partie du capital de la dette nationale. La banque fondée à Java n'a pas encore réussi; en 1840 elle avait suspendu ses payements. Le monopole contribue à éloigner de Java et le commerce étranger et même le commerce libre de la Hollande, le droit de 12 et 1/2 p. 0/0, qui frappe le plus grand nombre des marchandises de Hollande, étant un droit fictif pour la compagnie, presque composée d'agents du gouvernement; alors le droit de 25 p. 0/0, qui frappe les marchandises étrangères, pèse de toute sa force sur les importations des autres pays de l'Europe, et la concurrence devient difficile. En outre, la plupart des produits de l'Inde hollandaise sont envoyés pour être vendus en Europe par la compagnie, et les expéditeurs étrangers trouvent difficilement des retours.

J'ai obtenu le tableau du commerce à Java et à Madura pour l'année 1836, avec l'indication des pays qui ont envoyé des marchandises à Java ou qui en ont reçu.

Importations à Java et Madura. — - 1836.

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Une partie de ces importations, inutile à la consommation de Java et Madura, se retrouvera dans le tableau des exportations, surtout pour Sumatra et les autres îles de l'archipel malais. La somme des exportations pour 1836 est de 41,216,487 florins, dont 38,122,000 florins produc

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