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Comparant ce tableau des importations à celui des exportations, on verra que Singapore ne consomme pas une grande quantité de ces marchandises, qui ne font que tran

ster.

Entre Singapore, Penang et Malacca, il se fait un cabotage très-actif. Il serait difficile de bien établir quels sont les articles qui entrent dans ce commerce; ils varient suivant les besoins, suivant les navires d'Europe qui chargent dans ces ports.

Voici le tableau des exportations pour l'année commerciale 1838-1839, avec les chiffres fournis par le bureau des importations et exportations.

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Ce mouvement commercial a occupé un très-grand nombre de bâtiments. Le chiffre des entrées s'élève à 550 bâtiments carrés, jaugeant plus de 180,000 tonneaux. Celui des sorties est à peu près le même. Tous les bâtiments qui vont à l'E., ou qui reviennent de cette partie, mouillent sur la rade; mais ces bâtiments qui passent font peu ou point d'affaires. C'est ce qui a souvent lieu pour les bâtiments français. Pendant l'année 1839, 31 bâtiments anglais, de

plus de 400 tonneaux, ont reçu à Singapore des cargaisons complètes pour la Grande-Bretagne; 5 américains ont pris des chargements pour les États-Unis. Pendant cette même année, 14 bâtiments français ont mouillé à Singapore, 4 venant de Batavia, 3 de Penang et Malacca, 2 de Canton, 2 de Bourbon, 1 de Banca, i de Manille, 1 de Calcutta. Les uns allaient à Batavia, à Canton; les autres à Bourbon, Pondichery et Bordeaux. Ces navires partent ordinairement de France avec des cargaisons assorties, consistant en vins, eaux-de-vie, étoffes de coton peintes, indiennes de Mulhouse, toiles rouges unies, calicots blancs, papier, parfumerie, joaillerie, instruments de musique, objets de mode et divers d'industrie française. Presque tous ont une forte somme en piastres d'Espagne, et souvent de l'opium de Turquie. Ils entrent dans le détroit de la Sonde, s'arrêtent à Batavia. Quelques-uns y terminent leurs affaires et retournent en Europe; d'autres vendent peu à peu leur cargaison, s'en forment une autre, et, pour cela, visitent Singapore et Penang. Il y en a qui prennent une partie de la cargaison en poivre sur la côte O. de Sumatra, et qui entrent dans le détroit de Malacca pour la compléter avec d'autres produits. Pendant l'année 1839, les importations par navires français sur la place de Singapore ont été peu considérables; elles ont consisté en vins, eaux-de-vie, clous de girofle de Bourbon, modes, joaillerie, quelques étoffes; chaque bâtiment ne vendant qu'une petite quantité de ces objets. Les exportations se sont composées de poivre, étain, gambier, alun et autres produits des détroits. Les droits énormes qui frappent toutes ces marchandises en France, et les frais d'une si longue navigation, qui ne reçoit pas. d'encouragement, seront un obstacle à l'agrandissement de notre commerce dans les détroits.

En 1836, une ordonnance stipula que les produits naturels, le sucre excepté, qui seraient importés en droiture. par navires français, des îles de la Sonde, ou des parties de

l'Asie ou de l'Australasie situées au delà des passages formés par lesdites îles, obtiendraient une remise du cinquième des droits d'entrée, tels qu'ils étaient établis pour les provenances autres que les colonies françaises. Les négociants français établirent dès lors des relations avec Batavia et Singapore, les deux ports principaux; et à peine étaientelles formées, au moment où nos étoffes de coton allaient nous procurer des retours avantageux, que, le 2 septembre 1838, parut une nouvelle ordonnance par laquelle cette remise du cinquième des droits ne s'appliquait plus qu'aux produits importés des lieux situés au delà des passages et des îles de la Sonde, soit au N. du 3° degré de latitude N., soit à l'E. du 106° degré de latitude E., méridien de Paris, c'est-à-dire aux produits de la Chine, de la Cochinchine, des Célèbes, des Moluques et des Philippines, en exceptant de cette faveur Batavia, Padang, Penang et Singapore, le grand entrepôt de l'Asie orientale. Les rapports commerciaux de la France avec la Cochinchine, Célèbes et les Moluques sont nuls; Manille, le seul port fréquenté des Philippines, emploie 4 ou 5 bâtiments français; la Chine environ le même nombre, car nous n'avons besoin ni du thé, ni de la soie de ce pays. C'est donc uniquement pour favoriser le commerce de Manille que cette différence est établie; et cependant, de Singapore à Manille, le voyage n'est souvent pas aussi long que celui du Havre à Marseille. On craint sans doute la concurrence pour l'île d'Haïti et nos colonies qui, comme Java et Sumatra, produisent du café; mais il semble qu'une navigation si longue, souvent pénible, mérite bien quelques encouragements, sous peine de la voir entièrement déchoir.

Le port de Singapore étant libre, pourquoi ne ferionsnous pas comme les Anglais et les Américains, qui ont les mêmes besoins que nous? Ils ont enlevé 36 cargaisons, de 3 à 400 tonneaux, de Singapore, en 1839, et le commerce français en a à peine conservé une seule. A qui la faute, si

ce n'est à l'administration des douanes françaises ? Les négoçiants et les capitaines français entendent tout aussi bien le commerce que leurs rivaux, mais ils ont les mains liées; ils ne peuvent pas acheter dans ces mers lointaines des cargaisons qui, au retour, ne leur accorderaient pas de béné

fices.

Si nos bâtiments continuent de porter les produits de l'industrie française dans la Malaisie, les retours, au lieu de se faire par le Havre, Marseille et Bordeaux, seront de préférence envoyés à Hambourg. Ce dernier port a des relations suivies avec Singapore; les produits exportés pour Europe étrangère (foreing Europe) sont, en grande partie, expédiés à ce grand marché continental.

Pour les naturels du grand archipel malais, Singapore est la place par excellence; là, ils se trouvent dégagés de tous ces droits, de toutes ces formalités que la fiscalité hollandaise leur impose; aussi accourent-ils en foule au port franc de la compagnie. Ceux qui sont tout à fait indépendants ont presque abandonné Batavia, où ils se rassemblaient autrefois.

Au premier rang des navigateurs de l'archipel sont les Bugis (de Célèbes) et les Balinais (de Baly ); ils arrivent à Singapore en juin, août, septembre et octobre, dans leurs prows et dans leurs sampans. Les cargaisons varient de 10 à 40,000 mille piastres; elles sont très-assorties, et se composent d'étoffes qu'ils fabriquent eux-mêmes (Bugis sarongs), de café, de poudre d'or, de bêche de mer ou tripang, de riz, d'oiseaux de Paradis, de nids d'oiseaux, de cire jaune, de coton, d'ébène, de nacre, d'huile de cocos, de poivre, de sandal, d'étain, de sel, de tabac, de seaweed et d'environ 70.000 piastres en espèces. Ils quittent Singapore en octobre, novembre, décembre et janvier, en emportant dans leurs iles des étoffes de coton, de l'opium, des fusils et autres armes, des poteries de la Chine, de la poudre, coutelerie, quincaillerie, etc.

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