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mettront perfonne hors d'haleine. Que fi mon interpretation n'eft pas des plus elegantes, au moins expliquera-t'elle nettement les chofes, & fera ennemie des obfcuritez & du galimatias. Car quelque fidelité que jaye vouée à Plutarque, elle n'ira jamais à affecter de rendre ambiguité pour ambiguité, ny à vouloir paroiftre incomprehenfible, quand je ne l'auray pû comprendre. Encore que je me fois donné la gefne dans mon cabinet pour penetrer dans fes penfees, & pour découvrir fes fentimens; Fe feray en forte (s'il eft pof fible) que mon Lecteur n'en fente rien, & choifiray le fens qui me paroistra le plus vray-femblable, tout preft d'en rendre raifon à ceux qui prendront la peine de s'en informer. Du temps d'Amiot on fuivoit d'autrès maximes, on fe piquoit d'une

*

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fide

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fidelité trop ferupuleufe, & l'on n'ofoit adjoufter ny obmettre la moindre chofe. On rendoit, non feulement periode pour periode, mais mot pour mot; de forte que pour rajuster ce Traducteur à noftre mode comme quelques-uns me l'ont confeillé, il ne faudroit pas feulement changer les paroles & fes phrafes, il faudroit encore renverfer fes periodes. Et certes, Amiot eftant, pour ainfi dire, un des Fondateurs de nostre langue, il le faut conferver tel qu'il eft, fans y rien changer. Pour ce qui eft des fautes que l'on luy impute, elles peuvent estre en fort grand nombre: car outre que Henry Second le preffa avec trop d'instance de travailler, il n'eft pas estrange que l'on en fasse en traduiffant un Autheur fi malaifé à entendre; mais parce que j'ay tra

duit, je ne m'apperçois pas qu'elles foient fi effroyables, ny fi nombreuses que l'on dit, & l'on luy fait fouvent un grand crime de peu de chofe. Car bien qu'il ait fait beaucoup de beveües, il faut avouer, qu'ily a bien des gens qui ne feroient pas capables de faillir auffi raisonnablement ny auffi fpirituellement que luy. Pour moy, je ferois fort ingrat, fi dans le fecours que j'en retire, je n'advoüois que je le confulte fort fouvent, & que fi je pouvois j'en conferverois une bonne partie; mais il me feroit impoffible, à moins de redoubler mon travail, au peril d'en diminuer le fuccez; ces manieres antiques n'ayant point de rapport avec les modernes. Ce n'est pas que je ne reconnoiffe qu'il a eu un fort grand genie pour la traduction, & que c'eft luy qui nous a montré le che

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min; Je diray mefme que je ne doute point, que fi le gouft de fon fiecle cuft efté pareil au nostre, & que files libertez que l'on y Souffre maintenant euffent esté admifes de fon temps, il n'eut fait en forte que nous n'euffions ofé entreprendre un fi grand Ouvrage aprés lux. Pour ce qui nous regarde; nous afcherons de faire en forte que l'on n'ait rien à defirer pour la fidelité. Et quant au ftyle, nous l'avons tenu le plus court & le plus ferré qu'il nous a esté poffible; ayant tousjours crû que la clarté & la brieveté n'eftoient pas fi incompatibles que l'on dit

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VIES

VIES

CONTENUES

EN CE

PREMIER

TO ME.

THES E' E.

Par mes premiers exploits je prouvay ma naissance,

le fus amy fidelle, & peù fidelle amant, Sans la fatale Helene, & mon emporte

ment

le confervois ma gloire avecque ma puifSance.

ROMU

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