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maladie jaune, décrite par les médecins de Smyrne. Cependant comme la valeur de toute définition ne peut être évaluée, à moins que l'on ait connaissance exacte des sources d'où elle a été puisée, M. MILLINGEN a cru devoir préalablement communiquer un abrégé des cas qui lui ont servi de types pour l'exécution de cette analyse nosologique. Afin de mettre le plus avantageusement en relief les symptômes principaux, selon leur dégré d'intensité, et au fur et à mesure de leur développement, ces observations ont été classées en trois catégories. La première renferme deux cas, où l'ictère aigu se présente sous ses formes les plus simples et les plus bénignes; et, après avoir parcouru ses phases diverses, termine sa marche, par la plus favorable de ses crises. La seconde consiste égale ment en deux cas, qui, quoique présentant un appareil de symptômes d'un aspect plus menaçant, se terminent aussi par une issue heureuse. La troisième embrasse trois cas dont les symplômes offrent le maximum d'intensité,et qui terminent par la mort. La durée de la marche fatale de l'ictère aigu, dans deux de ces cas, est rapide; dans le troisième, elle se prolonge da

vantage.

perpétuelle, douleurs atroces aux mollets. Tisanes diurétiques. Le sixième jour, après une nuit affreuse, le malade dormit quelques instants vers l'aube; Fictère avait envahi le thorax et les extrémités supérieures; l'apparition de ce symptôme, quoique suivie d'une diminution de l'état fébrile, avait jeté le malade et sa famille dans la consternation, vu que son père avait succombé étant à Larisse, chef lieu de la Thessalie, au sixième jour d'une févre ictérode. Diurétiques répétés.

intense, le malade moins agité, le hoquet continue, mais n'est Le 7 me, la suffusion ictérique est plus générale, et plus pas aussi fréquent, la langue toujours très-sèche de couleur chocolat, la douleur aux mollets péoccupe le malade plus que l'anxiété précordiale. Le pouls est tombé à 105; les urines ont reparu, quoiqu'en très petite quantité.

Le 8me, vers le soir, exacerbation fébrile, teinte ictérique plus foncée, vue troublée, hoquet, quelques vomissements, langue sèche, fendillée, urines peu abondantes, rouges, sans dépôt. Vésicatoire sur l'épigastre; diurétiques.

Le 9me, sommeil de près de 2 heures, peau sèche, brùlante, démangeaison, urines plus copieuses, couleur de porter, hoquet plus rare, pouls à 100.

Le 10me jour, les diurétiques ont puissamment agi; plus de 3 oques d'urine ont été rendues dans les 24 heures, persistance des douleurs musculaires, cessation du hoquet.

Le 11me jour, amendement de tous les symptômes, moins l'anorexie, urines copieuses.

1ère Categorie. 1ère Observation.-T. Pacha, demeurant à Bozdogan Kémère, quartier au centre de la ville, et d'une salubrité reconnue, âgé de 42 ans, d'un tempérament bilieux, d'un caractère irritable, inquiet, pusillanime, jouissant depuis plus de 20 ans d'une assez bonne santé, qui fut sérieusement interrompue, il y a sept ans, par une attaque de choléra, se sentit gravement indisposé dans la nuit du 6 juin 1858. II accusait, comme cause de maladie, des accès répétés de colère, suivis d'un refroidissement sensible qu'il éprouva la veille, Le 12me jour, 6 heures de sommeil, éphidrose, plyaaprès son retour du bain. Il se plaignait de courbature géné- lisme qui oblige le traitant à suspendre les frictions mercurale, de prostration, d'anorexie et d'oppression précordiale. Il rielles employées depuis six jours, la sécrétion urinaire conavait eu horripilations, frissons violents suivis de fièvre, nautinue à augmenter. sées, langue pâtense, sécheresse du pharynx, il n'accusait qu'un léger mal à la tête. Les urines étaient rares, d'un rouge intense. Le second jour, inquiétude plus prononcée, insomuie, fièvre ardente, soif, langue jaune sale, plutôt sèche, vomiturition, point de selles, les urines de plus en plus rares, tête confuse, pesante, sans douleur.

Vers le 17me jour, le malade devint apyrétique. Vers le 24me jour, l'appétit revint. L'ictère ne disparut que vers le 40me jour. Depuis cette époque la guérison s'est main

tenue.

2me Cas. Hadji A...., 45 ans, demeurant à BechikLe troisième, aggravation marquée de tous les symptômes, Tache, malade depuis trois jours et soigné par un médeinsomnie, anxiété précordiale, langue sèche, brunâtre, soif, cin qui lui avait pratiqué deux saignées, fait appliquer des peau sèche, mais de température peu élevée relativement à sangsues à l'épigastre et administré un purgatif, appelle l'état du pouls; 120 pulsations. Suppression d'urines complète. M. MILLINGEN le 1er octobre. Un jour avant de s'aliter, à la Le quatrième, agitation extrême et sans relâche, insomnie suite d'une altercation, le patient s'était mis à boire de l'eau rebelle, cris de désespoir, l'anxiété précordiale incessante, tête de vie et prolongea sa débauche pendant toute la nuit. Le 4′′* lourde, yeux injectés, d'un rouge-orange, vomissements glai-jour, agitation extrêine, gêne et anxiété épigastriques, reux. Une application de 25 sangsues à l'épigastre eut lieu, insomnie, absence d'urines, de selles et de sueurs, angoisse sans procurer le moindre soulagement; l'état du malade lui excessive; il ne pouvait rien supporter sur lui, les draps inspire ainsi qu'à ses assistants, les plus vives appréhensions. mêmes lui étaient à charge; il ne souffrait pas que l'on Le cinquième, langue sèche, noirâtre, anxiété précordiale fermât les fenêtres un instant, de jour et de nuit. L'examen insupportable, respiration courte, précipitée, entrecoupée par des organes ne révèle aucune altération appréciable. M. MILde profonds soupirs, hoquet, absence totale d'urines, insomnie, LINGEN fut porté en observant la couleur des conjonctives, délire momentané, tête lourde, mais sans céphalalgie, agitation à diagnostiquer l'ictère aigu, comme étant à la veille de

Je signale le fait à ceux de nos confrères qui sont à même d'expliquer cette énigme. Pour moi je crois que les décès par suites de couches chez les femmes juives ont été confondus avec ceux d'autres dénominations, car si au nombre quatre-vingt-huit des décès de femmes accouchées déclaré en 1858 on ajoute le chiffre moyen habituel des décès du même genre chez les juives on aura quatre-vingt dix-huit, chiffre beaucoup plus en rapport que le premier avec la mortalité générale.

Le plus grand nombre des couches malheureuses a eu lieu en janvier-février et en août — septembre, c'est-à-dire aux moments les plus froids et les plus chauds de l'année. Je ferai remarquer encore que l'accroissement en février des décès de ce genre coïncide aussi avec l'époque de la fréquence plus grande des accouchements; car j'ai montré ailleurs que la majorité des conceptions avait lieu aux mois

d'avril et de mai, peu après le carême pascal et au retour de la belle

saison.

L'influence des saisons se fait également sentir sur les convulsions des enfants. Nous voyons ces maladies produire le plus de décès cher les nouveaux-nés en janvier, février et mars et chez les enfants un peu plus âgés aux mois de mars et d'août.

Ces explications sommaires démontrent, cher lecteur, dans quelles limites tu peux tirer parti des documents imparfaits extraits des registres mortuaires. Le tableau nécrologique confirme jusqu'à un certain point les indications du tableau météorologique sur la santé publique, c'est-à-dire que la constitution médicale régnante en 1858 a été inflammatoire et catarrhale.

Je ne terminerai pas ces observations sur la mortalité sans te faire remarquer une disproportion tout-à-fait insolite entre les décès des Arméniens et ceux des Grecs eu 1858.

paraitre. La surface du corps était froide, l'haleine brûlante, la langue couleur de chocolat, la couleur de la face et du cou terreuse, l'œil hagard, les conjonctives rouges et larmoyantes, les fonctions cérébrales en parfaite condition. Le lendemain, 5o jour de la maladie, apparition de l'ictère avec hoquet, agitation, vomissements verdâtres, pouls très-lent et faible, température du corps très-basse, Infusion de valériane. Le septième jour, même état, coloration ictérique plus intense, démangeaison, taches pourprées, éruption miliaire au cou et au

thorax, insomnie, vaniloque ; le malade répond aux questions,

évacuations alvines abondantes, visqueuses et noirâtres, ventre ballonné, hypochondre droit tuméfié, rate considérablement augmentée, démangeaison continuelle, fonctions intellectuelles fortement troublées, sans céphalalgie. La maladie continua à empirer jusqu'au 9e jour. Outre la coloration ietérique, il y avait alors des éruptions violacées sur le thorax et les avantbras; le malade, malgré l'agitation extrême qu'il éprouvait, répondait correctement aux questions qu'on lui adressait; il se plaignait d'un bruit de souffle dans les oreilles, de surdité placent les pétéchies, les selles moins noires contiennent des et d'insomnie. Le 100 jour, des plaques ecchymosées remmais il veut du repos; il accuse une confusion à la tête sans céphalalgie; prostration forte; le malade veut à plusieurs évacuations méloniques continuent, coloration ictérique plus caillots de sang, urines verdâtres, hoquet. Le 11e jour, les reprises se lever, mais il tombe, Absence totale d'urines. Le intense, douleurs aux genoux et aux bras. Le 12è jour, épis8 jour, même état, urines en quantité minime. Le 9e jour, taxis léger. Le 13e jour, épistaxis considérable pendant un trouble général considérable; le malade prend ses dispositions sommeil de plusieurs heures. Le 14e jour, œdème des mains testamentaires; plusieurs évacuations alvines noirâtres, urines et des avant-bras, gonflement sensible des mollets, épistaxis un peu plus abondantes de couleur orange foncée. Le 10e jour, qui dure deux heures. Le 15e jour, l'épistaxis épuise le ma légère amélioration momentanée, mais la nuit fut très-ora-lade, syncopes, cessation complète des symptômes febriles. geuse, surdité, délire gai, somnolence. Le 11 jour, ptyalis- Le 16e jour, le malade est considéré, à moins d'une rechute, me et diurèse abondante; l'effet des mercuriaux administrés comme hors de danger. L'œdème a beaucoup augmenté, prosdepuis quatre jours est patente. Peau couleur d'écorce d'o-tration excessive, éblouissements dus à l'anémie. Le 18 jour, sèche. Le 13e jour, les évacuations augmentèrent et l'état du malade donna à espérer.

range,

le malade entre en pleine convalescence, mais il est épuisé.
la première fois. L'air des Iles le rétablit parfaitement.
Ce ne fut que le 35o jour que M. C... put quitter le lit pour

M. MILLINGEN revit le malade le 15 jour, il était en amélioration. Le 16e jour, léger épistaxis, somnolence, stupeur, 2me Cas. Le 2 août 1858, M. MILLINGEN visite M. M... retour du hoquet, urines copieuses. Le 18e jour, sommeil de âgé de 48 ans, demeuraut à Balata, qui, à la suite d'un plusieurs heures, moiteur, épistaxis. M. MILLINGEN chercha violent chagrin était malade depuis 9 jours d'un ictère aigu M. Mühlig, mais n'ayant pu le trouver il appela en consulta- qui s'était manifesté dès le 4 jour, précédé de crampes à tion M. Sarell qui ne put trouver rien de notable dans les l'estomac, de vomissements noirâtres, de soif intense, de suporganes thoraciques et abdominaux. Il fut décidé que l'admi-pression totale des urines, de douleurs musculaires, d'insomnistration des diurétiques serait continuée. La convalescence ne s'établit qu'au 24° jour, mais la teinte ictérique ne disparut entièrement que vers le 40e jour.

2ème Catégorie. 1ère Observation. — Vers la mi-août 1857, le Dr. Zane invita en consultation M. MILLINGEN pour visiter à Péra M. C... récemment arrivé de Smyrne, âgé de 25 ans, qui, à la suite de fatigues excessives et de fortes contrariétés tomba malade. Son état continua à empirer de jour en jour, malgré le traitement anti-phlogistique qui fut largement employé. Dès le 4o jour, l'ictère se déclara accompagné d'anxiété précordiale, de vomissements bilieux, d'insomnie rebelle aux opiacés, de l'absence totale des urines. Le 5o jour, hoquet,

Depuis l'époque où on a commencé à enregistrer les décès jusqu'à ce jour la mortalité des grecs et celle des arméniens n'avaient toujours offert que de très-faibles écarts. Mais voici qu'en 1858 les décès grecs dépassent ceux des arméniens de près de cinq cents, chiffre en dehors des limites ordinaires.

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nie, et suivi de hoquet, de selles méloniques, de plaques ecchymosées, et d'un collapsus alarmant. Le 10 jour, hypochondres très-durs, langue sèche, gonflée, presque globulaire et fendillée, température à la surface très-basse, chaleur ardente à l'intérieur, le malade ne supportait que la glace dont il avalait un gros morceau avec la plus grande avidité à chaque instant; hoquet fréquent. Le malade n'a eu que peu de délire pendant les jours précédents, et jouissait de toutes ses facultés intellectuelles. On avait employé pendant les quatre premiers jours le traitement antiphlogistique le plus actif, puis les préparations quiniques à hautes doses, mais sans succès. M. MILLINGEN fit recouvrir les hypochondres d'énor

rait eu lieu pour la population musulmane. Ces deux suppositions me paraissent inadmissibles, car une anomalie semblable aurait frappé tout le monde et personne, que je sache, ne l'a observée. Je renvoie donc cette question à éclaircir à Messieurs de l'Intendance sanitaire.

Que te dirai-je maintenant, cher lecteur, pour terminer cette revue L'année 1842 est celle qui se rapproche le plus de 1858 pour le rétrospective de l'année écoulée ? J'aurais désiré te parler encore de nombre général des décès; c'est pourquoi je le reproduis dans mon la météorologie et te faire ressortir davantage la valeur de cette étude, tableau. Or si l'on compare entre eux les décès par nations de ces car je vois que tu ne lui donnes pas l'importance qu'elle mérite. Mais deux années il semblerait que l'excès des décès grecs en 1858 pro- cela m'entrainerait trop loin et je laisserai ce sujet pour une autre vient d'un déficit équivalent dans les décès de la population musul- occasion. Seulement je t'engage à t'en préoccuper un peu plus et à mane. Je soupçonne qu'il doit y avoir eu quelque erreur commise dans sortir d'une indifférence qui pouvait s'excuser alors que la météorolole classement des bulletins mortuaires. Autrement il faudrait admet-gie était une simple branche de la physique générale du globe, mais tre ou que la mortalité chez les grecs a été extraordinaire pendant qu'elle était très-diminuée chez les musulmans, ou que la population greeque aurait considérablement augmenté tandisque le contraire au

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non plus depuis que les physiologistes ont montré ses rapports nombreux et intimes avec la science des êtres organisés. Certes la connaissance de ces rapports est bien imparfaite encore; mais elle s'ac

mes vésicatoires extemporanés et prescrivit le calomel uni à ❘ d'un feu dévorant, et se tint en chemise, couché en face d'une

la digitale, la scille et l'opium et les frictions mercurielles. Le 12o jour, même état, évacuations mélœniques abondantes suivies de soulagement, hoquet plus fréquent, peau froide. Ce n'est que vers le 14e jour, après avoir pris vingt-quatre grains de calomel et six grains d'opium que la diurèse reparut. Elle continua en augmentant jusqu'au 20e jour, lorsqu'un épistaxis considérable se manifesta qui mit un terme à l'état fébrile. La convalescence débuta au 25o jour et le rétablissement fut complet.

fenêtre ouverte, nuit et jour, hoquet, vomissements noirs, démangeaison violente, insomnie opiniâtre, absence d'urines, intolérance pour toute substance, aliments, boissons, remèdes. Le sixième jour, larges plaques d'ecchymoses sur la poitrine, évacuations méloniques, fonctions cérébrales peu troublées, aucune trace d'urines. Le huitième jour; le malade expire à l'aube. Un violent accès de délire furieux suivi d'un état comateux et de mouvements convulsifs eut lieu la veille de la mort.

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3o Catégorie. 1er Cas.- Vers les premiers jours du mois 3me Cas. Le même jour de la mort de M....., M. d'août 1857, M. MILLINGEN est invité par M. Archigènes à MILLINGEN vit pour la seconde fois le Sieur M..., israëlite visiter M. P... négociant grec, demeurant à Djibali, âgé demeurant au même quartier, atteint depuis 15 jours d'ictère de 38 ans, fort, d'une bonne santé habituelle, sérieusement aigu. Il présentait au 12me jour un état semi-comateux, l'ictère malade depuis quatre jours, à la suite de forts chagrins, et de intense, langue aride, quelques pétéchies, soif ardente; il fatigues excessives. Dès le 3e jour une coloration ictérique avait eu plusieurs selles mélœniques. La quinine, administrée avait envahi toute la surface du corps, après avoir été précédée à hautes doses pendant plusieurs jours, fut aussi infructueuse par une anxiété précordiale et des serrements spasmodiques à que l'avait été le traitement antiphlogistique qui la précéda. l'épigastre, des vomissements noirâtres et du hoquet. Un trai- Une parotide d'un volume considérable s'était développée da tement antiphlogistique des plus vigoureux resta infruc- côté gauche. Au 15me jour, les médecins qui le soignaient ont tueux. M. Archigènes croyant, en observant l'état algide et eu recours, contrairement à l'avis de M. MILLINGEN, à deux l'absence du pouls qui suivirent de près l'apparition de l'ic-applications de sangsues; ce qui n'empêcha point la suppu. tère, avoir affaire à une fièvre pernicieuse,fit usage des préparation. M. MILLINGEN apprit que le malade mourut au vingrations quiniques, mais sans effet. M. MILLINGEN trouva le tième jour de sa maladie; et que celle-ci avait été précédée de malade dans l'état algide, la surface du corps couverte d'une chagrins et de violents accès de colère. sueur visqueuse, jaune comme du buis, avec hoquet, soif ardente, douleur atroce à l'épigastre, vomissements et selles noirâtres, point d'urines, pouls filiforme, irrégulier. La tête du patient était enveloppée de glace quoiqu'il n'accusât pas et n'ait jamais accusé pendant tout le cours de sa maladie la moindre souffrance à cette partie; il se plaignait de déchirements d'entrailles insupportables. Le surlendemain M. MILLINGEN apprit qu'après des évacuations méloniques considérables, le malade était tombé en syncope qui dura près de deux heures; après quoi il dicta lui-même ses dispositions testamentaires et succomba vers l'aube du jour,

2 ne Cas.-Le 7 août 1858, M. MILLINGEN vit, pour la première fois, l'Aktar M..., demeurant à Balata, robuste, âgé de 35 ans, atteint d'ictère aigu depuis quatre jours et présentant l'état suivant: déchirement d'entrailles, cris, agitation, coloration ictérique intense, soif ardente que deux oques de glace avalée en un jour n'avaient pu modérer,chaleur de la peau naturelle, quoique le malade accusât la sensation

croît chaque jour et elle promet au médecin une riche moisson d'enseignements.

Et puis j'entrevois pour toi, cher lecteur, un autre avantage dans l'étude des phénomènes en question. Généralement on se doute peu du côté moral, je veux dire de l'influence moralisante de la météorologie. Crois-le cependant, il y a plus d'analogie que tu ne le penses entre les lois qui régissent les oscillations du thermomètre et du baromètre, et celles qui gouvernent l'esprit et le caractère des hommes. De part et d'autre, la nature procède de la même manière, c'est-àdire par actions et réactions, par écarts plus ou moins grands, mais aussi par des retours constants vers un type connu ou à connaître. La théorie des oscillations est la théorie universelle. La vie elle-même n'est qu'une série d'oscillations. L'esprit humain est un thermomètre qui monte et descend incessamment, plus chaud à vingt ans, plus froid à quatre-vingts, modéré entre ces deux extrêmes.

Ce cas est le seul, d'après MILLINGEN, parmi les cinq auxquels M. Fenerly fit allusion, qui présenta des parotides, tandis que', d'après le compte-rendu des séances publié dans la Gazette Medicale, il paraîtrait que tous ont offert des parotides. En résumant ces observations, M. MILLINGEN est d'avis, que l'on peut en déduire la symptômatologie générale suivante de l'ictère aigu:

Première période. - Horripilation, frissons, courbature, douleurs musculaires, pesanteur à la tête, inquiétude, insomnie, langue saburrale, nausées; urines rares, incolores. Le 2me jour, fièvre, anxiété augmentant, sécheresse au pharynx, insomnie accompagnée de vaniloque, langue couverte d'un enduit jaune sale, soif, vomissements, absence d'urines. Le 3me jour, anxiété précordiale continuelle, cris, profonds soupirs, agitation, insomnie, douleurs musculaires constantes, fièvre ardente, tête confuse, conjonctives injectées, suppression totale des urines. Le 4me., l'anxiété précordiale est à son comble, le malade se débat incessamment, insomnie, délire, langue sèche brunâtre,

A ce point de vue le savant et le moraliste se touchent. Dans l'étude des phénomènes physiques ou moraux, tous les deux ne font guère que rechercher les lois de leurs variations et de leurs écarts en plus ou en moins, et tous deux ne parviennent le plus souvent à la connaissance de ces lois que par le procédé empirique des moyennes. La météorologie est peut-être de toutes les sciences physiques celle qui a le plus d'analogie avec la science du cœur humain. Le sujet de l'une et de l'autre est non moins vaste, non moins complexe, non moins mystérieux; les phénomènes qu'elles étudient ont même multiplicité, même mobilité, même instabilité.

Aussi l'étude de la météorologie conduit naturellement à la philosophie, non pas à cette philosophie altière qui méprise la voie expérimentale, saute par dessus les faits et s'élance vers l'inconnu à la manière des ballons, en coupant tous ses liens avec la réalité; mais elle mène directement à la philosophie du sens commun.

respiration précipitée, la suppression des urines continue, pouls irrégulier, intermittent, conjonctives d'un rouge jaunâtre.

Seconde période. 5me jour, L'ictère commence à paraître, au milieu de ce cortège de symptômes ataxiques; l'auxiété précordiale parfois se calme au fur et à mesure que la suffusion ictérique augmente en intensité; mais lorsque la maladie marche vers une issue fatale il y a aggravation marquée, le hoquet se présente, les extrémités deviennent froides, le pouls est imperceptible, la langue noirâtre, le délire se manifeste, et la mort s'ensuit. Le 6me ou le 7me jour est l'époque à laquelle, dans la plupart des cas, la maladie parvient à son apogée et où l'on peut prognostiquer d'après l'augmentation ou la persistance, ou bien la diminution des symptômes, quelle en sera la terminaison. Le 8me jour, si le cours des urines reparaît, si la langue devient humide, l'épistaxis débute, l'anxiété précordiale diminue, le pouls se développe, si la tendance au sommeil se manifeste, la probabilité de la guérison peut être admise; mais dans les cas où le hoquet persiste, le pouls est filiforme, irrégulier, imperceptible, des écchymoses couleur lie de vin s'observent, et des selles mél eniques, sans urines, ont lieu, il ne reste presqu'aucun espoir de salut : la mort, dans ces cas, s'ensuit, en général, du 7me au 10me jour. L'agonie est précédée par un refroidissement général, quelquefois par le délire furieux, des convulsions, et des selles mélœniques, Le 9me jour, les douleurs musculaires, dans les cas favorables, remplacent l'anxiété précordiale, les urines deviennent plus abondantes, couleur brun-verdâtre ou de porter, avec sédiment, épistaxis, pétéchies pourprées, vue trouble, surdité.

Le 10me jour, début de la période de déclin, l'oscillation des symptômes continue jusqu'au 14me jour et l'apyrexie devient complète du 15me au vingtième jour. La crise la plus propice s'opère par la diurèse; elle a lieu du 10me au 16me jour; celle par l'épistaxis ne l'est pas autant, mais elle aussi en général conduit à la guérison.

M. MILLINGEN termine son travail par la conclusion suivante: L'ictère aigu, observé à Constantinople, est une entité noso logique présentant un appareil de symptômes identique à celui qui accompagne le vouaos intepos d'Hippocrate, et à celui qui caractérise la maladie jaune décrite par les médecins de Smyrne.

Il déduit de ses observations plusieurs considérations, dont voici les plus importantes: 1. L'expérience a démontré que les émissions sanguines dans le traitement de l'ictère aigu

Par l'habitude d'observer les phénomènes physiques et d'en rechercher les rapports, l'homme finit par appliquer à la connaissance de soi-même et des autres les procédés scientifiques. Peu-à-peu il acquiert une notion exacte et un sentiment juste des manifestations de l'activité humaine. Tous les phénomènes intellectuels et moraux rentrent pour lui dans la grande théorie des oscillations. Il se méfie des idées et des principes absolus, des raisonnements exagérés, des esprits systématiques et des caractères passionnés. Il voit partout des tendances plus ou moins excentriques, des entraînements dans un sens ou dans un autre, entraînements qui durent d'autant moins qu'ils tard sont plus éloignés du type normal et qui finissent tôt ou subir par la loi commune aux maxima aux minima. Enfin il arrive à se convaincre par sa propre expérience que l'esprit humain a, tout aussi bien le thermomètre, ses hauts et ses bas, ses oscillations et ses que moyennes. In medio veritas,

sont contr'indiquées. Les saignées générales surtout sont suiAies d'une prostration des forces vitales alarmante.

2o L'administration de la quinine a complétement échoué dans tous les cas où on y a eu recours; tandisque chez les malades qui se sont rétablis, la guérison s'opéra sans ce remède. L'insuccès complet de la quinine, dans ces cas, porte M. MILLINGEN à refuser d'admettre l'intoxication produite par le miasme paludéen dans l'étiologie de l'ictère aigu. Aucune des localités où les cas qu'il a cités, ainsi que plusieurs autres, qu'il a observés à diverses époques, ont eu lieu, n'est sujette à cette influence, tandis qu'aucun cas analogue n'a été observé dans les quartiers de la ville où les fièvres intermittentes, sou vent revêtant la forme pernicieuse, sont endémiques, à l'exception d'un seul qui se présenta pendant l'été à Cadikeuy. 3o Le type de la fièvre typhoïde diffère tellement de celui de l'ictère aigu, que ce n'est que par antonomasie, qu'il est permis d'employer le nom de typhus ictérode comme équivalent d'ictère aigu. Voyant son nom mentionné, par M. Callias, dans l'observation que son honorable collègue a coinmuniquée sur deux cas appartenant, d'après lui, à la variété de typhus appelé ictérode, M. MILLINGEN fait remarquer, que loin de partager cette opinion, il déclara, dans la consultation qui eut lieu au dixième jour de la maladie, qu'il s'agissait d'une entéro-hépatite. Il insista, par conséquent, sur l'urgence d'un traitement antiphlogistique, qui fut suivi pendant plusieurs jours, avec plein succès.

4o L'ictère survient assez fréquemment, et à diverses époques, pendant le cours de plusieurs affections fébriles, continues, rémittentes et intermittentes; mais ce symptôme purement accidentel ou épigénomène, ne change pas la manière d'être des susdites maladies et, conséquemment, ne suffit pas pour autoriser le nosographe à les transporter dans un nouveau cadre.

5. Ces cas, poursuit M. MILLINGEN, ont présenté tous une circonstance qu'on ne doit pas envisager comme une simple coïncidence fortuite, mais comme ayant droit à une place spéciale dans l'étiologie de l'ictère aigu. L'apparition des symptômes prodromiques a été précédée par des pathèmes d'âme violents, suivis de refroidissement après des fatigues. Des circonstances analogues s'étaient présentées aussi, dans l'un des cas communiqués par M. Mühlig. La perturbation éprouvée à la suite d'une profonde émotion morale, par les centres nerveux de la sensation et qui régissent les fonctions

Comme tu le vois, cher lecteur, l'étude de la météorologie tend à nous rendre moins systématiques, moins exclusifs et moins passionnés; plus justes, plus tolérants et plus modérés. Si tu ne te crois pas parfait, tu pourrais donc en retirer quelque profit. C'est pourquoi, cher lecteur, je t'engage plus que jamais à ne pas la négliger.

P. VERROLLOT.

(1) La température de l'eau du Bosphore est prise à la surface.

Le thermomètre de Kouroutchesmé est placé à deux mètres au-dessus de la surface du Bosphore,

Le thermomètre de Péra est situé à soixante-quatorze mètres au-dessus du Bosphore.

Les instruments de Péra et de Kouroutchesmé ont été soigneusement comparés entre eux et corrigés des erreurs dont ils sont affectés.

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organiques, porte M. MILLINGEN à considérer ce système de din, « à l'extrémité de ces dents est un œillet dans lequel on nerfs, comme étant le point de départ d'où s'irradient les phé- passe le fil; chaque œillet est terminé par une fente que l'élasnomènes morbides, qui, par la suite, se manifestent dans l'é- ticité du métal tient fermée, mais qui se laisse aisément ouvrir conomie. La suppression des urines et celle de la sécrétion hé- | par le fil lorsqu'on excerce sur lui des tractions. Cette dispatique qui a lieu dès le début de la maladie et qui persiste position est défectueuse; le fil n'est pas toujours suffisamment jusqu'à l'époque où elle parvient à son apogée, sont, d'après retenu; il tombe souvent et occasionne des longueurs et des M. MILLINGEN, les premiers résultats de ce trouble de embarras à l'opérateur. Dans l'instrument de M. Callias, à ces centres nerveux. Surchargé de molécules délétères, en l'extrémité de chaque branche pharyngienne est une échanconséquence de la suppression des fonctions dépuratrices des crure dans laquelle on passe le fil; chaque branche est parcoureins et du foie, le sang acquiert des propriétés hétérogènes, chancrure un oeil dans lequel le fil est solidement retenu.Cette rue par une tige métallique qui, poussée en haut, fait de l'éet est converti de pabulum vitæ en source certaine de mort, à moins qu'une crise par les urines, l'épistaxis, les ecchy-disposition terminale constitue un avantage réel du porte-nœud moses, les selles mélœniques modérées, ne parvienne à le de M. Callias, dont la forme différente d'ailleurs peut égaledébarrasser, à temps, de la présence de ces éléments toment augmenter le nombre de cas où il est succeptible d'application. xiques.

D'après cette théorie, l'indication thérapeutique serait de favoriser l'apparition de l'une de ces crises. Celle qui rentre le plus sous l'influence des agents dont le médecin peut disposer, étant la diurèse, M. MILLINGEN est d'avis, d'emplo yer avant tout, les préparations diurétiques. L'expérience l'a convaincu de l'impuissance de la saignée, de la glace, des préparations quiniques, du vin, et autres toniques. Il est bon de connaître surtout où se borne le pouvoir de l'art, afin d'agir d'après le précepte ὠφελεῖν ἡ μὴ βλάπτειν.

M. MILLINGEN termine sa communication, en remarquant que l'ou se tromperait, en jugeant de la mortalité de l'ictère aigu d'après les données des sept cas cités, et qui présentent quatre guérisons pour trois décès. Sur vingt cas qui eurent lieu cette année, seize ont été fatals. Des cinq cas de M. Fenerly, un seul guérit, et de trois malades visités par M. Pellegrini, un seul, à sa connaissance, n'est pas mort.

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M. SARELL, au nom de la Commission chargée d'examiner le porte-noeud et la réclamation y relative de M. Callias, donne lecture du rapport suivant:

M. le Dr. Callias a présenté à la Société Imp. de Médecine un porte-nœud destiné surtout à la ligature « des polypes qui sont implantés sur les parois de l'arrière-cavité des fosses na_ sales, ou la portion supérieure du pharynx étendue de l'apophyse basilaire au voile du palais.

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Cet instrument, qui a la forme de ciseaux courbés sur le plat, diffère essentiellement sous plusieurs rapports de la fourchette de Blandin, ainsi qu'on peut facilement s'en assurer en Jisant la description des deux instruments tels qu'ils sont décrits, l'un dans le travail de M. Callias, l'autre dans Vidal de Cassis, Path. Chirurg. T. 3 P. 106, Première édition; mais le porte-noeud de M. Callias diffère surtout dans le mécanisme adopté par lui pour retenir solidement le fil et le porter autour de la base du polype. Dans la fourchette à trois dents de Blan

M. Callias a fait exécuter son instrument par Charrière de avoir proposé son système à Blandin. La 1re édition de ViParis, en avril ou mai 1844, et, avant cette époque, il dit dal de Cassis, d'où la précédente description de la fourchette de Blandin est tirée a paru en 1840.

En 1846, Vidal de Cassis a publié une 2e édition de son traité, et ici la description de la fourchette de Blandin se dans le mécanisme de son extrémité pharyngienne, à l'instrutrouve modifiée et cet instrument est rendu en tout semblable,

ment de M. Callias.

M. Callias réclame la priorité pour l'invention du mécanisme de l'extrémité des branches pharyngiennes de son instrument, mécanisme qui se retrouve dans la fourchette modi fice de Blandin. C'est le seul point par lequel les deux instruments se ressemblent.

Pour décider cette question, votre Commission n'a pas eu et ne peut pas avoir ici tous les éléments nécessaires. Elle a pu seulement constater que l'instrument de M. Callias, d'une part, date de l'année 1844; et que la fourchette de Blandin a été modifiée, de manière à lui ressembler dans son extrémité pharyngienne,à une époque indéterminée entre les années 1840 et 1846, dates respectives de la 1re et de la 2e édition du traité de Vidal de Cassis, où il est fait mention de la fourchette de Blandin.

Il n'est cependant pas invraisemblable que Charrière, après avoir confectionné l'instrument de M. Callias en 1844, ait

modifié et perfectionné ensuite la fourchette de Blandin en y ajoutant le mécanisme pour retenir le fil du premier instrument; mais à cette distance de temps et de lieux, il a été impossible à votre Commission de s'assurer du fait.

Pour ce qui est de l'utilité du porte-nœud de M. Callias, votre Commission est convaincue qu'il est très-propre à remplir les indications auxquelles son auteur le destine; par l'écartement considérable qu'on peut donner à ses branches et par la solidité avec laquelle il retient et porte le fil en place, il peut servir à la ligature de polypes très-grands et très-difficiles à atteindre par l'implantation difficilement accessible de leur pédicule.

Votre Commission vous propose donc de remercier M. Callias pour sa communication et de le prier de faire part à la Société, lorsque l'occasion s'en présentera, des cas où son instrument aura reçu une application utile.

Après quelques observations échangées entre MM. CIPRIANI, DELLA SUDA, MILLINGEN et le rapporteur, les conclusions de la Commission sont mises aux voix et adoptées.

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