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On le voit, à cette question de l'ictère grave, où, comme on l'appelle aussi, du typhus ictérode, se rattache la solution d'un des problèmes les plus ardus et es plus importants de la topographie médicale.

La discussion commencée au sein de la Société I. de médecine comporte l'examen de toutes les questions que nous venons de poser. Il s'agit également de savoir

climats intertropicaux, présenté à la société médicale | simple accident, une complication qui n'est pas indisdes hôpitaux de Paris par le D'. Dutrouleau, a donné pensable pour constituer l'état morbide dans son enlieu à un rappport très-intéressant de M. Monneret qui semble caractéristique ? cherche à établir les affinités que présente cette affection avec la fièvre jaune d'Amérique et avec l'ictère grave d'Europe. La discussion, qui a suivi ce rapport, a fait voir combien les esprits étaient loin d'être fixés sur l'essence et sur la parenté de ces maladies que rapprochent cependant des caractères communs. On n'est pas même d'accord sur la nature de l'affection désignée provisoirement aujourd'hui, faute de données suffisan-si, en Orient, sous ce nom de typhus ictérode, on ne tes, sous le nom d'ictère grave. Est-ce une maladie sui generis, ou sont-ce des états morbides divers qui n'ont de commun que le masque de la cholémie ? voilà ce qu'avant tout il faudrait établir. Quelques uns ont pensé que l'ictère grave d'Europe n'était qu'un des aspects de la maladie décrite par M. Rokitanski sous le nom d'atrophie aiguë du foie; d'autres ont nié cette identité en se basant sur certaines dissemblances capitales. Bien que cette dernière opinion ait pour elle beaucoup de probabilités, il y a cependant de nouvelles recherches à faire sur ce point.

confond pas des maladies essentiellement différentes, dont la cholémie serait le seul caractère commun et le masque; et si cela prouvé on ne doit pas cependant, au milieu de cette confusion, distinguer un état morbide particulier, reconnaissable à des caractères propres et qui en définitive ne serait autre chose que la maladie décrite sous le nom de fièvre bilieuse des pays chauds, plus ou moins modifiée par des circonstances particulières. Enfin, ici comme ailleurs, il s'agit de rechercher la nature de cette affection et jusqu'à quel point elle se rattacherait à l'intoxication paludéenne.

Mais, en supposant que l'ictère grave soit une maladie particulière, distincte des phlegmasies de l'appareil La Société I. de médecine de Constantinople se hépatique, bien qu'encore inconnue dans son essence trouve-t-elle dans de bonnes conditions pour essayer doit-on y voir une simple variété de la fièvre bilieuse de résoudre de tels problèmes ? A certains égards les des pays chauds? Et la fièvre jaune, elle-même, ne serait- médecins d'Orient sont mieux placés que leurs confrèelle qu'une autre forme du même type pathologique ? res d'Europe, en ce sens qu'ils ont plus souvent que En d'autres termes, pour mieux faire comprendre no- ces derniers l'occasion d'observer les cas dont il s'agit; tre pensée par un exemple, n'y aurait-il entre l'ictère mais d'un autre côté il leur manque presque toujours un grave ou la fièvre bilieuse d'une part, et la fièvre jaune élément capital, la possibilité de compléter leurs études de l'autre, que les différences et les analogies qui cliniques par la nécroscopie. Ce défaut est si grand, en existent entre le choléra-morbus sporadique observé de pareil cas, qu'il doit être, pour eux, un obstacle absolu tout temps en Europe et le choléra épidémique d'im-à la solution de certains points. Quelque précise que portation indienne ? Et de quelque manière que ces questions soient résolues, resterait encore à déterminer la nature de toutes ces fièvres avec ictère, et nolamment le rôle qu'y joue l'intoxication paludéenne: celle-supposant même que cette affirmation fut permise par ci est-elle un élément essentiel de la maladie, comme le croient certains médecins, ou ne représente-t-elle qu'un

morts dans les grands convois funèbres; venant d'ordinaire après les médecins, il est assez naturel qu'ils aient conservé le costume après

eux.

C'est avec le plus vif regret que je me rappelle ces temps si glorieux pour la profession, hélas! si avilie aujourd'hui par l'alliance monstrueuse que vous avez contractée avec les empiriques dans la personne du digne Zagorianopoulos. Quel paralogisme bon Dieu! D'un côté vous avez la prétention d'avoir, par la fondation d'une Société de Médecine, érigé contre l'empirisme le plus terrible épouvantail, et de l'autre vous entrez en douce et intime conversation avec un empirique qui ne fait remonter son origine jusqu'aux temps les plus obscurs de l'histoire que parce qu'elle ne saurait supporter la clarté du jour. Mais ne remarquez vous donc pas que vous êtes en parfaite contradiction avec vous-mêmes? Ne voyez-vous pas que vous êtes dans une mauvaise voie, et qu'il importe au plus haut degré que vous la quittiez immédiatement? Vivant en Orient, nous avons à y cultiver la science

soit l'observation au lit du malade dans un cas de fièvre avec ictère, comment affirmer qu'aucune phlegmasie profonde n'a pas échappé à l'examen ? Et, cn

les caractères bien tranchés de la maladie, comment arriver à la connaissance exacte des lésions organiques

et à y répandre ses lumières en même temps qu'à transmettre à l'Occident, dans un intérêt commun, les résultats de nos recherches. Mais, pour atteindre ce but, il nous faut avant tout neutraliser l'action des charlatans et des empiriques, action qui agit d'une manière délétère non seulement sur la santé publique, mais aussi sur le développement intellectuel de la société.

L'empirique qui ne néglige quoi que ce soit pour arriver à ses fins, qui ne s'arrête devant aucun scrupule, n'a rien à perdre dans l'opinion publique; il a même toujours quelque chose à gagner. Introduit souvent par hasard dans une maison, bientôt il en devient forcément partie constituante, car, pour parvenir à son but, il ne recule pas même devant l'acte le plus servile. Tous, du plus grand au plus petit, sont l'objet de ses cajoleries; les maîtres, charmés de tant de complaisance, ne tardent pas à lui accorder leur confiance et leur santé; el notre homme, devenu, comme Figaro, le factótum de la maison, finit insensiblement par tout dominer et par dicter ses lois. Tous ses propos

qui s'y rattachent? un des faits principaux produits dans la discussion commencée nous montre déjà combien une telle lacune est regrettable par l'obscurité qu'elle laisse sur le diagnostic.. H y aura donc un côté du problème sur lequel les faits invoqués devant la Société ne pourront pas apporter de nouvelles lumières. Faut-il en conclure qu'il ne ressortira rien de profitable des observations produites et de la discussion à laquelle elles donneront lieu ? nous ne sommes pas de cet avis. Toute la science médicale n'est pas renfermée dans l'anatomie pathologique; et en dehors des notions précieuses qu'elle fournit, il reste encore un champ très vaste pour des études positives. N'oublions pas que nous sommes sur le théâtre où les médecins de l'antiquité, n'ayant que des notions imparfaites d'anatomie, ont cependant, par une observation sagace des symptômes et celle des influences qui agissent sur l'homme, institué des doctrines et établi des règles qui sont encore le plus sûr fondement de la science moderne. A défaut du contrôle qui nous manque, et en attendant que nous puissions l'obtenir, reportons notre attention sur les indices extérieurs qui leur servaient de guides. C'est ainsi que, dans la question qui nous occupe, la comparaison des cas, au triple point de vue de l'étiologie, des symptômes et de la thérapeutique, peut fournir des données suffisantes pour résoudre certains points en litige,

vent être fructueuses pour la science et que la discus sion des faits observés doit, en tout cas, avoir des con séquences utiles.

Mais nous ne sommes pas d'ailleurs entièrement dépourvus de notions précises sur les désordres anatomiques qui accompagnent l'affection connue à Smyrne et dans tout le Levant sous le nom de typhus ictérode; sans compter les quelques recherches faites en Europe à propos de l'ictère grave et que nous regardons comme encore insuffisantes, nous en avons un excellent critérium dans le travail publié sur ce sujet par M. le Dr. Griesinger qui rapporte les résultats de plus de 100 autopsics pratiquées par lui au Caire. M. Griesinger considère la maladie qu'il observait en Egypte comme identique au typhus ictérode de Smyrne et il lui a donné le nom de typhoïde bilieuse. Nos lecteurs trouveront une bonne analyse du travail de M. Griesinger dans la communication faite sur ce sujet à notre Société par M. le Dr. Mühlig.

Si l'observation de M. Lattry a eu pour effet d'appeler l'attention des médecins de Constantinople sur les cas plus ou moins analogues, c'est M. le Dr. Mongeri qui a pris l'initiative en venant, le premier, communiquer à la Société un fait de sa pratique rccucilli à Constantinople. Bien que le cas de M. Mongeri (voir à l'article mémoires originaux) ne se présente pas avec toute la simplicité voulue pour élucider une question litigieuse et, à cause de cela, ne puisse être donné comme un type, il est cependant permis, à travers la complexité des accidents du début, d'y reconnaître la physionomie de l'état morbide, qu'on appelle, à tort ou à raison, typhus ictérode. M. Mongeri, dans ses remar

Si, par exemple, on parvenait à établir qu'un certain nombre de ces cas de fièvre avec ictère se produisent sous l'influence de conditions analogues; si ces cas of fraient une physionomie propre bien accusée, un développement et un ensemble de symptômes identiques; si enfin une méthode particulière de traitement réussis-ques, s'est abstenu de discuter le diagnostic porté chez sait spécialement dans ces cas, il faudrait bien conclure à une identité de nature, de même que l'on serait conduit à éliminer de cette catégorie tout état morbide qui ne présenterait pas ces conditions caractéristiques.

Nous croyons done que, même en l'absence de vérifications anatomiques, les recherches entreprises par les médecins d'Orient sur le sujet dont nous parlons peu

sont affublés de miraculeux et ses explications sur les questions médicales sont plus équivoques que les réponses de l'oracle de Delphes. I remplit les familles des plus graves erreurs, des plus singulières préventions qui passent à travers les générations en se grossissant de tout ce que l'ignorance ajoute de fabuleux et de ridicule.

Je vais du reste vous raconter quelques-unes de ces fausses croyances el de ces grossières erreurs sur la médecine. Ce que je vous en dirai vous portera peut-être à écouter mes conseils et à éviter dorénavant ces relations qui vous seront si funestes. Mais, comme je ferai, souvent parler un de mes amis, de qui je tiens, mes, renseignements, je veux d'abord vous faire faire sa connaissance..

Mon ami a la prétention d'être un médecin, mais non pas comme VOUS: tant s'en faut. Il se vante au contraire de n'avoir jamais fait d'études universitaires. Il a seulement beaucoup lu et il continue à s'instruire dans de volumineux manuscrits qu'il ne confie à personne. Les mites seules se permettent d'y établir leur résidence; elics atta

son malade, parce qu'à ses yeux, sans doute, il était trop bien établi; il s'est abstenu également d'aborder plusieurs des points en litige; toutefois sa communication était fort intéressante, et elle est devenue le point de départ de la discussion.

Celle-ci a été ouverte avec la plus grande distinction par M. le D'. Mühlig qui, dans un travail très-étendu que

quent le papier, mais elles laissent intacte la science, Il me serait difficile de vous faire le portrait exact de mon excellent ami, je me contenterai donc de vous en présenter une simple esquisse. C'est un homme de taille moyenne, maigre, pâle; ses larges sourcils, ses longues, moustaches blondes mêlées de poils blancs et sa barbe large, épaisse et épanouie comme une queue de paon, ensevelissent dans une forêt de poils ses yeux gris et enfoncés dans de profondes orbites. Sen nez est long et toujours rouge et le reste de sa face naigre et ridée. Sa bouche, presque dégarnie, ne contient que quelques dents branlantes. Il a l'habitude de se raser la tête, mais il laisse au sommet une touffe de cheveux qu'il ne toucherait, dit-il, pour rien au monde: ce sont les cheveux de sa mère, il les a portés en naissant, il les portera avec lui au tomheau. Mon ami aime le café, l'opium et le raki; le vin, dit-il, échauffe le sang et irrite les bassours, (hémorrhoides); son esprit raffraîchit les humeurs et s'en va comme esprit qu'il est. Autrefois, il a eu d'autres passions, et pour

MÉMOIRES ORIGINAUX.

OBSERVATION DE TYPHUS ICTÉRODE; SUIVIE DE RÉFLEXIONS, par le Dr. L. MONGERI.

L'individu, objet de notre observation, est âgé de 45 ans, de tempérament bilioso-nerveux, de profession écrivain. Les maladies souffertes pendant sa vie sont:la gale, des irritations gastro-hépatiques, des affections rhumatismales, des fièvres intermittentes; même dernièrement il tomba malade d'une violente fièvre d'accès larvée qui a été combattue par des doses assez fortes de sulfate de quinine, des émissions san

nous reproduisons in extenso, a considéré la question sous toutes ses faces M. Mühlig est convaincu que, sous le nom de typhus i térode, on confond des états morbides différents qui n'ont de commun que le masque cholémique. Il apporte, à l'appui de sa manière de voir, deux faits de sa pratique observés avec le plus grand soin. De ces deux cas qui offrent l'ensemble des symptômes attribués au typhus ictérode, l'un peut être considéré, avec quelque probabilité,selon M. Mühlig, comme un exemple de pyléphlébite; malheureusement l'autopsie ne put venir confirmer cet ingénieux diagnostic; l'autre était un cas d'ulcère perforant de l'estomac faisant com-guines locales, des boissons émollientes. Un mois après son muniquer cet organe avec la rate. M. Mühlig, à propos de la prétendue fièvre jaune de Smyrne, donne en outre l'analyse du mémoire de M. Griesinger que nous avons mentionné plus haut. Nous croyons inutile d'insister plus longuement ici sur le travail de M. Mühlig dont nos lec-trois jours; enfin, après d'inutiles et de nombreux efforts,

teurs-nous en sommes persuadés naissance avec le plus vif intéret.

prendront con

La discussion continuera: plusieurs membres de la Société sont inscrits pour des communications du même

genre.

Les inquiétudes provoquées par la peste de Benghasi commencent à se calmer de toutes parts. Les dernières nouvelles reçues de cette ville, et qui portent la date du 1er octobre, sont d'ailleurs très-rassurantes. Bien que la maladie n'eût entièrement cessé nulle part dans les localités atteintes, elle était partout en déclin et réduite à quelques cas ça et là. La commission s'était séparée et répartie entre les cinq districts de la Province.

D'un autre côté, le choléra qui régnait parmi les pélerins de la Mecque et menaçait l'Egypte paraît être éteint. Ce qui est positif, c'est que la maladie a entièrement disparu parmi les pélerins, dès que, quittant les villes saintes, les caravanes se sont engagées dans le désert. Ce n'est pas la première fois qu'un parcil fait est constaté.

regagner ses forces perdues, il a souvent recours à des pilules dont il tient secrète la formule et qui, suivant lui, produiraient les meilleurs effets si le pharmacien chargé de les préparer ne dérobait pas une partie des rubis et des perles qui entrent dans leur composition. Mon ami cultive les muses, s'occupe des sciences occultes, mais il excelle surtout dans l'astrologie et la médecine. Souvent, en fronçant les sourcils et en prenant un air grave et sérieux: c'est, me dit-il, par la pensée, l'étude et la méditation que j'ai vieilli, non pas par les années. Et en effet, on peut dire de lui qu'il est un sac d'érudition et de faits scientifiques qui ne se trouvent consignés dans aucun des livres que la publication met à la portée de tout le monde. Ajoutons qu'il est âgé, riche et avare, mais s'il ménage les honoraires, il le com. pense par une prodigalité de renseignements scientifiques, dont il est sûr que je dois tirer un grand profit; aussi s'empresse-t-il de me communiquer, avec une générosité sans égale,les matériaux qu'il a puisés dans les précieux manuscrits de sa bibliothèque antediluvienne.

entrée en convalescence, le malade voulut se marier, mais ne se fiant pas à ses forces naturelles, il s'y prépara avec une certaine dose de pilules aphrodisiaques. L'usage modéré du médicament n'ayant pas produit un effet suffisant, il eut recours à des doses exagérées, prises dans l'espace de deux ou

vers la fin de la semaine, il eut des signes certains de sa puissance virile, et il en abusa.

Le jeudi, 19 Août, 1857 ( 4 à 5 jours après la dernière ingestion du médicament aphrodisiaque) J., retournant d'une longue promenade à pieds, tomba malade, éprouvant un grand frisson suivi de fièvre, et de délire. Le lendemain on m'appela.

agité; il se plaint seulement d'une courbature générale et 2me jour, vendredi.--Le malade est encore très-inquiet et d'une difficulté de déglutition; il indique aussi une certaine agité; il se plaint seulement d'une courbature générale et rigidité dans les muscles de la mâchoire, du dos, des membres; il n'accuse ni céphalalgie, ni toux, ni douleurs abdominales. La soif est très-intense; la langue large, humide, saburrale; pouls fréquent (à 110), petit, contracté; peau chaude et très-humide, restes de l'abondante transpiration de la nuit, après laquelle il y eut rémission de tous les symptômes; urines en petite quantité et douloureuses; érections fréqucates ; évacuations alvines nulles.

Prescription. Boisson émolliente et diaphorétique.-Tartre émétique 2 grains en lavage; frictions sur l'épine dorsale avec une pommade contenant une drachme de sulfate de quinine et quatre grains de morphine.

3me j. samedi.-Augmentation de tous les symptômes précédents; trismus et opisthotonos bien marqués surtout aux membres abdominaux, qui sont très-douloureux; pouls à 140;

Mon ami est contraire à l'administration des préparations pharmaceutiques tirées du règne minéral. «L'habitude, dit-il de prescrire les kimievis (préparations chimiques minérales), a été introduite dans ce pays par les médecins modernes. Depuis que ces derniers ont accordé une confiance aveugle aux kimievis, les maladies ont une marche moins franche, une terminaison ordinairement funeste. Gardez-vous bien, mon cher Hekim-Bachi, de les employer; méfiez-vous des apparences trompeuses de l'amélioration qu'ils semblent quelquefois produire, car ils entrent dans le sang, l'enveniment et tuent après un temps plus ou moins long, s'ils ne le font pas immédiatement. Tenez: j'ai failli moi-même être empoisonné par le médecin juif de mon quartier. Cet ignorant a eu la hardiesse de me prescrire en une seule dose trois grains de terre de cachou; mais je me suis bien gardé de la prendre, car je sais qu'Hippocrate crie contre les minéraux. Nous ne pourrons jamais manier convenablement les kimievis, ni connaître les propriétés curatives dont ils sont doués. Quant aux végétaux, c'est bien différent

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Deux bains généraux dans la journée; tartre émétique, 4 grains en lavage.

Soir.-Les symptômes tétaniques persistent, mais avec moins d'intensité que le matin; pouls large (110); peau humide, le reste comme le matin. Deux vomissements bilieux, et plusieurs déjections alvines dans la journée. Le Dr. Akif Bey est appelé en consultation.

Opium 6 grains à prendre dans la nuit.

Limonade minérale; cataplasmes émollients sur le ventre. Soir. Mêmes symptômes; évacuations noirâtres obtenues par lavement.

7me jour, mercredi.-MM. les Dr. Bosi et Paléologue sout appelés en consultation. Le Dr. Paléologue, après avoir entendu l'histoire de la maladie et vu l'état actuel du malade, considère le cas comme une véritable fièvre jaune de Smyrue. Le Dr. Paléologue appuie son diagnostic de l'exposé des symptômes dont quelques uns pour lui sont pathognomoniques, et propres à la maladie de Smyrne; il insiste principalement, sur son début, qui a eu lieu par une constriction à la gorge, par une courbature générale, phénomènes, qui, dans ce cas, sans doute à cause du poison strychno-cantharidique, ont été bien vite dépassés, et masqués, prenant la forme tétanique. Le Dr. Bosi voit dans le cas en question une fièvre bilieuse des pays chauds, passée à l'état typhique. Pour moi c'était un véritable cas de typhus ictérode. Après cette visite le Dr. Paléologue, vu le grand intérêt que lui offre ce cas, visite régulièrement chaque jour le malade avec moi. Décoction de quinquina acidulée. Soir. - Mêmes symptômes en diminution. 8me jour, jeudi.-Mêmes symptômes; pas de vomissesemée de pétéchies, principalement au cou, et à la poitrine.. Soir.-Grande prostration de forces; pouls à 96, large; pas de soif; urines plus abondantes noirâtres, et couvertes d'écume; évacuations alvines nulles. Même médication.

4me jour, dimanche.-Nuit tranquille, rigidité musculaire en diminution, pouls à 100; intelligence claire, peau humide et chaude; urines en petite quantité et noirâtres. Une seule évacuation alvine. Trois médecins sont appelés en consultation: MM. les Drs. Akif Bey, Bosi, et Castro. On considère la maladie comme d'origine miasmatique, mais les symptômes tétaniques semblent occasionnés par les pilules aphrodisiaques. On conseille la même dose d'opium. Deux bains dans la jour-ments, ni de hoquet; pas de démangeaison. La peau est parnée, frictions belladonées sur l'épine.

Soir.Sucurs très-abondantes, intelligence libre, pas de soif, pouls lent 55)large, soubresauts dans les tendons, rigidité musculaire. Même médication.

5me jour, lundi.-Nuit agitée et délire. Le malade se gratte 9me jour, vendredi. - Même état; délire furieux dans la avec rage la peau; il est dans un état de prostration générale; nuit; langue sèche, noirâtre; dents fuligineuses. La figure est ses yeux sont hagards et injectés, la conjonctive est jaunâtre; couverte de pustules qui, grattées par le malade, laissent écoula langue rouge et sèche; soif intense; pouls fréquent et petit ler un sang fluide et noirâtre. Eruption pétéchiale stationnaire; (90); urines noirâtres; douleurs gravatives à la région lom- épistaxis répétées dans la journée, pouls faible et fréquent; baire, la rigidité musculaire continue. Bains, ventouses scari-ventre mou, et indolent. Sinapismes; décoction de quinquina fiées à la région lombaire; boisson diaphorétique avec le bicarbonate de soude. Soir. Rémission des symptômes; pouls large, souple, lent (50); intelligence troublée, soubresauts continuels dans les tendons, grande démangeaison à la peau; langue et autres phénomènes comme le matin.- ictère déclaré.

6me jour, mardi.-Nuit agitée et délire; peau jaune et aride, langue sèche, pas de soif. Prostration générale, météorisme; hypocondres tendus et douloureux; cependant on ne constate aucune augmentation dans le volume du foie, ni de la rate. Evacuations alvines nulles; hoquet, nausées fréquentes; urines comme les jours précédents, épistaxis répétées.

Les végétaux sont des agents dont nous connaissons parfaitement les vertus et qui ne sont jamais dangereux. Les végétaux tels que le musc, par exemple, la cétine, l'ambre, la magnésie (mon ami considère ces substances comme végétales) sont employés tous les jours avec succès. Les végétaux simples dans leur composition conviennent également et dans les cas ordinaires et dans les cas compliqués. Hippocrate n'employait que les végétaux, qui lui ont révélé eux-mêmes toutes leurs vertus contre les mille et un maux qui affligent l'humanité; voici comment: le fils d. roi de Perse était grièvement malade. Tous les médecins l'avaient visité et tous les remèdes avaient été essayés, mais eu vain, Le danger était imminent, la mort planait sur la tête du prince. Hippocrate qui était son médecin ordinaire, déséspéré, descendit dans le jardin pour chercher quelque plante capable de soulager, ne fût-ce que momentanément, le malade. Il s'arrêta devant une laitue, puis devant une chicorée, puis devant un chou, une courge, enfin devant un lilas; rien ne lui paraissait bon. Tout-à-conp une

et de valériane avec l'élixir acide de Haller; limonade minérale. Soir. — Aucune modification dans les symptômes.

10me jour, samedi. Mêmes symptômes. Tout le corps est couvert de pétéchies et d'ecchymoses livides. Le Dr. C. Carathéodori est appelé à voir le malade; il le juge atteint de typhus ictérode. Sinapismes, frictions vinaigrées sur tout le corps; frictions de quinquina sur l'épine dorsale.

On évite les vésicatoires, car on craint la gangrène, vu les tendances de l'organisme;

11me jour, dimanche. — L'éruption pétéchiale augmente encore; les urines sont plus abondantes. Pendant la nuit aucune espèce d'hémorrhagie; évacuations bilieuses obtenues

douce voix se fit entendre du fond d'un buisson; c'était une marguerite qui en secouant sa tête en fleurs adressait ainsi la parole à Hippocrate Je suis la plante salutaire pour ton malade, O Hippocrate! que ton nom soit béni et que le roi, ton maître et le mien, puisse reconnaître ta supériorité sur les autres hommes et le service auquel la providence t'a prédestiné, car toutes les plantes doivent te parler et te révéler les propriétés qu'elles possèdent, la manière de les administrer, les doses auxquelles elle doivent être prises etc.! Effectivement le fils du Schah guérit par une infusion de marguerites: immédiatement après avoir pris sa tisane il se leva et alla s'exercer au tir à l'arc. Dès le lendemain Hippoerate armé d'un immense écritoire et d'un régistre se mit à questionner toutes les plantes qui répondirent catégoriquement à ses questions. C'est de lui que nous possédons des notions sur les propriétés curatives des plantes, et depuis lors il a été bien avéré que les minéraux ne sont bons à rien.»

Passant ensuite en revue plusieurs médicaments inconnus des mé

par lavement. Le pouls est plus relevé que

hier.

savent fort bien changer les proportions des différentes 12me jour, lundi. Mêmes symptômes, mais en diminution. substances pour obtenir des effets différents. Ils sont Même médication.

surtout très-habiles à satisfaire l'indication aphrodisiaque, qui est si souvent et avec tant d'instances réclaméc dans le pays. Le série des phénomènes, qui tiennent à cette cause, se résume dans l'irritation génito-urinaire, phénomènes qui expriment exactement le double effet de la combinaison cantharido-strychnique; dans ce cas pourtant, nous avons le regret d'une lacune, c'est que

13me jour, mardi.-Les dents ne sont plus fuligineuses; la langue est légèrement humide, le délire et la prostration des forces continuent; évacuation alvinc de la même nature. On change de lit le malade parcequ'on craint le décubitus. 14me jour, mercredi.-Diminution des symptômes précédents. Úrines plus abondantes et plus claires; léger subdélire dans la nuit; dans la journée intelligence nette, mais pares-les pilules n'ont pas pu être examinées chimiquement;

seuse; même médication,

15me jour, jeudi.— Il y a une rémission marquée et favorable dans tous les symptômes. La peau n'est plus aride, mais molle, moins jaunâtre; les taches pétéchiales commencent à disparaître; les urines sont abondantes et plus claires;

le malade demande de la nourriture; bouillon aux berbes. Vendredi, samedi et dimanche.-Les choses marchent toujours de mieux en mieux; le malade entre en convalescence. Celle-ci fut très longue.

dès lors, il nous est impossible de déterminer la quantité des substances toxiques prises par le malade; d'autant plus que l'empirique s'obstine à déclarer n'avoir pas altéré la formule ordinaire, où cantharide et noix vomique figurent pour une très-petite proportion. Quoiqu'il en soit de la déclaration de l'empirique, les phénomènes constatés et la réussite du traitement démontrent clairement leur origine toxique.

L'Histoire de cette maladie se présente avec des Dès que cette condition morbide a été enlevée, un symptômes si complexes et si bizarres, qu'il faut les ordre tout à fait différent de phénomènes, ceux du sysexaminer séparément pour assigner à chacun d'eux tème trisplanchnique, qu'à peine on pouvait apercevoir au début de la maladie, éclata avec beaucoup de sa juste valeur. Une double série de phénomènes nerveux très-bien dessinés signale le début; ceux de l'axe violence. Voici pour nous son étiologie: l'été de l'année cérébro-spinal, ceux du système tris planchnique, phé- précédente a été signalé par des chaleurs suffocantes, nomènes qui annoncent une double origine: empoison- suivies de pluies torrentielles. Après cette époque, les nement médicamenteux, et empoisonnement miasma- villages du Bosphore, ordinairement très-sains, se remtique. Notre malade, comme on l'a vu, pour s'assurer plirent de fiévreux, et Emirghian m'a offert mène pluune certaine force virile, eut recours à une masse pilu- sieurs pernicieuses. Les conditions hygièniques du villaire très en vogue dans ce pays, qui s'appelle ambrée, lage favorisaient un tel état de choses; car, à causc et dont les formules sont très-différentes. Les principaux même de la violence des pluies, les ruisseaux venant ingrédients qui composent cette masse sont : l'opium, la de la montagne s'étaient obstrués à la barre, laissant cannelle, l'ambre, la cantharide et la noix vomique. Cette ainsi croupir une certaine quantité d'eau, source contipréparation jouit d'une grande renommée dans le pu- nuelle d'infection miasmatique, et c'est sur un de ces blic, qui la considère comme une véritable panacée ex-ravins qu'habitait notre malade, qui aimait assez jouir citante, tonique, antispasmodique, aphrodisiaque; mais le du plaisir de la fraîcheur des nuits. peuple, qui ne se fie ni aux médecins ni aux pharmaciens, de crainte qu'ils n'en altérent la véritable formule, a recours à des empiriques, qui confectionnent traditionnellement ce médicament et qui, guidés par une observation grossière,

decins d'aujourd'hui, mon ami s'arrêta un instant sur les cinq myrobolans, avec lesquels le Docteur Sapetaï, sommité médicale juive d'une grande considération, l'avait guéri d'une constipation forte du cerveau et de la poitrine qui avait ménacé sa vie.« Les médecins d'aujourd'hui, continue mon ami, sont par trop négligents; l'avidité du gain l'emporte chez eux sur le sentiment d'humanité. Pourquoi ontils par exemple banni les saignées préventives? n'est-ce pas pour augmenter les maladies et en faire leur profit? Autrefois, pendant les premiers jours du mois de mai, les médecins parcouraient une à une toutes les maisons de leur clientèle, et ils pratiquaient indistinctement à tous les membres de la famille, aux esclaves, aux domestiques, la saignée croisée (djaprasli kan), c'est-à-dire, qu'ils ouvraient la veine du bras gauche et celle du pied droit simultanément. Les plus consciencieux parmi eux appliquaient aussi de une à trois ventouses scarifiées à la nuque. Le lendemain le malade ainsi saigné devait prendre un cherbet (purgatif) et le troisième jour il avait l'autori

Cette maladie était-elle donc une fièvre paludéenne? Dans le fond certainement elle reconnait cette origine, mais les miasmes, ayant rencontré un organisme déjà profondément attaqué par les infections précédentes et

sation de manger des cerises. Alors son sang, épuré de toutes les humeurs peccantes, prenait la couleur et la fraîcheur des cerises et l'individu se mettait ainsi à l'abri de toute maladie jusqu'au mois de mai de l'année suivante, époque où il répétait cette médication aussi simple que salutaire.

Quels temps, poursuivait mon ami, en secouant la tête, quels temps! On ne sait plus guérir ni le dalak (engorgement de la rate), ni la jaunisse blanche, rouge et noire, ni la faim canine, ni quoi que ce soit. Et ce médecin, qui confiait au sort la guérison de toutes les maladies, me paraît bien plus près de la vérité que tous vos Hekims d'aujourd'hui. »>

Cet homme, au dire de mon ami, réunissait dans une grande boîte des pilules de toute composition: pilules drastiques, pilules astringentes, pilules diurétiques, aphrodisiaques, emménagogues, pilules narcotiques, pilules antisyphilitiques, tout était confondu dans cette sorte de boîte de Pandore, et dès qu'un patient se presentait à lui, il

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