Page images
PDF
EPUB

mer des honoraires, etc; mais il laisse encore une large part au charlatanisme par le défaut de répression et par la grande latitude accordée à l'obtention des diplômes. Cependant, pour juger sainement la nouvelle loi, il ne faut pas oublier cette vérité: qu'en général, une loi n'est bonne que tout autant qu'elle est on rapport avec les mœurs d'un pays, qu'elle en consacre le sentiment, la volonté, en un mot, qu'elle répond à un besoin bien senti. Or, l'acte médical nous paraît être dans ce cas. Il laisse à peu près intacte la prérogative de tout citoyen anglais, jouissant de son libre arbritre, de se faire traiter, guérir, tuer même impunément par qui bon lui semble; seulement la loi le prévient qu'il existe des médecins diplômés offrant des garanties spéciales de capacité dans Fart de guérir; tant pis pour lui s'il ne tient pas compte de cet avertissement. D'un autre côté, l'acte médical assure au malheureux, qui n'a pas la possibilité de choisir son médecin, les soins d'un homme reconnu capable par une autorité compétente. Envisagée de cette manière, on doit dire de la nouvelle loi, que si elle ne répond pas entièrement aux vœux des médecins', elle répond au sentiment général du pays exprimé par ses représentants. On peut ne pas partager ce sentiment, le trouver mal fondé à certains égards; mais on ne saurait nier qu'il ne donne à la loi médicale anglaise une force pratique très-considérable. Quoiqu'il en soit, c'est un premier pas de l'opinion publique en faveur des médecins, et il appartient à ces derniers de rallier de plus en plus cette opinion aux intérêts de la science qui sont ceux de l'humanité.

Nous n'aurions pas tant insisté sur la réforme médicale qui vient de s'accomplir en Angleterre s'il n'y avait pas à en déduire quelques considérations applicables à la Turquie. Ici, de même qu'en Angleterre jusqu'à ces derniers temps, quoique en vertu d'un prineipe tout différent, l'exercice de la médecine n'est assujetti à aucun contrôle. A Constantinople est médecin qui veut: nos lecteurs sont déjà suffisamment édifiés sur ce point; et nous laisserons au feuilleton de la Gazette le soin de continuer à mettre au jour le côté pittoresque et les consé

et tout aussi hétéroclites que le sont ceux qui nous constituent? Et | pourrait-on admettre que, dans le genre humain, les médecins fussent seuls inexorables? Tantæne in animis cælestibus iræ!

En attendant ce retour assez problématique d'Astrée au sein de la Faculté, je dois déclarer que, messager de paix, j'ai eu soin, avant de franchir le seuil de ce domicile, de déposer, soigneusement enveloppés dans les plis de mon manteau, tout sentiment et toute vélléité hostiles: quitte à y revenir quand je l'endosserai, en prenant congé de Yous. C'est avec une joie vive et une profonde reconnaissance que je me vors chargé de vous présenter l'assurance de la sincère gratitude qu'à peu d'exceptions près, éprouve toute notre vénérable Confrérie depuis qu' u'elle a appris par mon entremise la faveur que vous lui avez octroyée en mettant à sa disposition le focal où, le cas échéant, chacun de ses membres aura la faculté d'entrer en pourparler avec ses antagonistes. Cet avantage obtenu d'un côté, et de l'autre le retard dans la publication de la Nouvelle Gazette, dont on nous menace depuis si long-temps, ont eu pour résultat d'ajourner de la part de mes amis

quences curieuses de cette tolérance illimitée. Nous voulons seulement envisager aujourd'hui un des côtés de la question, celui relatif à une réforme, à une régularisation dans l'exercice de la médecine à Constantinople. C'est là, ne l'oublions pas, une des tâches que la Société et son organe, la Gazelle, se sont proposé d'accomplir. Les médecins et les pharmaciens diplômés se plaignent de ce que l'art de guérir et les officines sont, en grande partie, livrés à d'ignorants empiriques, qui exercent sans titres universitaires, et, tout naturellement, ils voudraient voir la fin d'un tel état de choses, aussi préjudiciable à leurs intérêts qu'à ceux de la santé publique. Mais comment y parvenir? Est-ce l'absence de réglementation qui est ici la cause du mal? et suffirait-il d'une loi sévère pour y porter remède? Nous ne le pensons pas.

Plus haut, en caractérisant la situation, nous avons dit qu'à Constantinople, il y avait tolérance illimitée pour l'empirisme c'est à dessein que nous ne nous sommes pas servis du mot liberté; parce que, effectivement, ce serait une erreur de croire que la situation actuelle résulte de l'absence de toute loi. En ce qui concerne l'exercice de la médecine, il ne serait pas difficile de prouver qu'il a été, depuis vingt ans, l'objet de bien des tentatives de réglementation; et quant à la pharmacie, elle est en possession, depuis quelques années, d'un réglement très minutieux, qui ne compte pas moins de 75 articles. Ce n'est donc pas l'absence de toute réglementation qui est la cause du mal. La situation tient-elle à ce que les réglements sont mauvais? Sans doute ces réglements présentent des imperfections; mais, considérés théoriquement, ils en valent bien d'autres qui, ailleurs, ont produit d'excellents résultats. D'où vient qu'ici ils sont restés à peu près lettres mortes? Il y a pour cela plusieurs raisons dont la principale, selon nous, est que ces réglements, d'origine étrangère et bons en Occident, n'étant pas l'expression de besoins bien sentis à Constantinople, viennept heurter des habitudes traditionnelles qui en rendent l'application presque impossible. Ceci nous paraît incontestable au moins pour ce qui touche aux essais de régu

sine die l'apparition des Ephémérides empiriques. Cet ajournement m'a valu des remerciments, des félicitations, des ovations dont j'ai été tout ébahi, ne sachant trop à quoi attribuer un transport d'enthousiasme aussi outré. Il est hors de doute aujourd'hui que je n'avais conçu qu'une idée fort imparfaite de l'impopularité que la proposition d'établir une Gazette empirique avait rencontrée chez mes confrères; et j'étais bien loin de m'imaginer que leur mécontentement avait acquis des proportions telles à rendre imminente une insurrection contre le Yehit-Bashy, le doyen de notre Faculté, et les Oustas qui l'entourent. Cette indignation générale avait été soulevée par une idée si bizarre qu'on ne peut l'expliquer qu'en l'attribuant à cette fatalité qui nous pousse aveuglément aux innovations alla franca. Je veux parler du projet de dresser une liste d'abonnés invonlantaires, et de les contraindre à une subvention suffisante pour couvrir les frais d'impression du journal et procurer même par la suite un assez joli revenu. Ce haratch littéraire n'aurait pas admis d'exceptions: fournis seurs d'articles pour la Gazette, aussi bien que lecteurs auxquels elle

larisation de la pratique médicale. Un aperçu rapide de ce qui se passe sous nos yeux à Constantinople ne lais sera anoun doute sur ce point.

[ocr errors]

erreur de croire que leur influence ait pénétré jusqu'ici bien profondément dans le pays. En réalité cette influence est encore três-restreinte et très-superficielle. A Constantinople même, le prestige et l'autorité des empiriques sont bien autrement répandus et enracinés dans l'esprit de toute la population. La médecine scientifique civile n'a généralement affaire qu'à la classe éclairée; et encore faut-il ajouter que la plupart du temps, son rôle n'est pas compris par ceux qui viennent réclamer ses secours. La tradition empirique montre partout le bout de l'oreille. On demande au médecin, non pas des conseils, ni un traitement rationnel, ni une direction' à suivre, mais une recette propre à guérir tel ou tel mal. La confiance dans le caractère personnel et le talent du médecin n'existe pas. On ne croit, comme l'a très-bien dit Zagorianopoulos, qu'à sa bonne ou mauvaise chance.

L'art de guérir est exercé en Orient par deux classes de praticiens: les empiriques et les médecins à diplome. Les premiers, qu'il ne faut pas confondre avec les charlatans qu'on rencontre à Constantinople comme partout ailleurs, avec ou sans diplome, et qu'aucune loi ne pourra jamais réprimer, les empiriques, disons-nous, représentent la médecine traditionnelle du pays. Ils se subdivisent en une multitude de spécialités dont nous avons déjà fait connaitre quelques unes. Cette classe de praticiens est incomparablement la plus nombreuse; c'est elle qui donne des soins à la grande masse de la population. Selon la croyance populaire, ces praticiens sont en possession de secrets, de recettes, de procédés particuliers applicables à telles et telles maladies inscrites dans Allez donc opposer un réglement, quelque rationnel le vocabulaire nosologique du pays. De fait, ils sont les qu'il soit, à de telles convictions! On peut bien, par une loi représentants, dégénérés il est vrai, de la médecine appuyée sur la force, obliger, malgré eux, les individus à grecque et arabe dont les notions, plus ou moins alté- remplir certaines exigences: on lève des impôts, on onrées, se sont transmises, d'âge en âge, dans certaines rôle des soldats, on réprimé certains actes; mais il n'y a familles. Zagorianopoulos, dont nous encourageons les pas de loi, ni de forcé capables d'imposer des croyances. indiscrètes et curieuses confidences, ce descendant des Vous aurez beau décréter, dans un réglement, que la Asclepiades est, à coup sûr, un type des plus distingués médecine scientifique seule mérite confiance, que les méparmi ces empiriques; et il ne faudrait pas croire que decins à diplôme seuls ont le droit de pratiquer l'art de beaucoup de ses confrères puissent invoquer une aussi guérir: tant que les malades ne seront pas convaincus de nobilé origine, ni surtout qu'ils aient à leur service tant la vérité de la première proposition, la seconde restera d'esprit et d'érudition. Quoiqu'il en soit, ces praticiens lettre morte; elle ne fera pas perdre à la médecine empirépondent au sentiment intime de la population en générique un seul de ses clients, au nombre desquels se troural, à sa manière d'envisager l'art de guérir: c'est un vera peut-être le législateur lui-même. La confiance se point qu'il ne faut pas perdre de vue.

gagne par la persuasion; on ne l'impose pas par des moyens coërcitifs. Essayez, dans ces conditions, d'appliquer une pénalité à l'empirique infractour? Telle sera la force de la prévention en sa faveur, que même en cas d'accidents dûs à son ignorance, vous ne trouverez peut

Les praticiens à diplôme, quelle que soit leur nationalité, représentent, aux yeux de la population, l'art médical exotique d'importation occidentale. Nul doute que les représentants de la science moderne ne finissent un jour par se substituer entièrement aux adeptes de l'art tradi-être pas un juge pour le condamner comme il convien-, tionnel oriental; leurs progrès sont incessants; ils occupent déjà les principales positions officielles; et c'est le groupe le plus distingué parmi eux qui compose la Société Impériale de Médecine. Toutefois, ce serait une grosse

aurait été expédiée, se seraient trouvés, d'après le règlement, dans l'obligation de s'en acquitter. Y aurait-il eu le moindre bon sens dans tout cela, et de pareils projets ne sont-ils pas en flagrante opposition avec tous les principes suivis ici en matière d'instruction? Comment? dans les écoles du Gouvernement l'étudiant est hébergé, nourri, instruit plus ou moins, aux frais du trésor public: le fait seul d'être étudiant lui vaut un solaire; ici pas d'argent pas d'étudiant. Et l'on aurait voulu obliger les lecteurs de notre Gazette de payer pour apprendre! Pourquoi cette exception ? N'eût-il pas été plus conséquent avec le principe en honneur dans le pays de payer les abonnés, en d'autres termes, d'abonner le journal aux lecteurs et non les lecteurs au journal. Comme qu'il en soit, vous ne sauriez douter de la reconnaissance, dont je serai éternellement redevable envers votre Comité, pour m'avoir mis à même, en accueillant ma réclamation, de détourner un orage qui, s'il eût éclaté, aurait bouleversé notre heureuse république.

En faisant part des troubles qui l'ont récemment agilée, je m'expose

|

drait. Ne voyons-nous pas cela, chaque jour, dans les pays le mieux policés de l'Europe?

Voilà pourquoi nous pensons que les médecins scientifiques auraient tort de trop compter sur l'efficacité d'unq

peut-être à passer pour indiscret. N'importe: j'aime mieux m'attirer ce reproche plutôt que de paraître un ingrat à vos yeux. Puisse la franchise, dont je viens ainsi de faire preuve, servir de garantie à ma sincérité pendant le cours de notre entrevue! Mais afin que votre confiance en mes paroles soit entière, je dois, nécessairement m'expliquer sur les motifs que vous attribuez probablement aux démarches que j'ai été autorisé de faire dans l'espoir d'un rapprochement.

Avons-nous été mus par la crainte du tort que peut nous occasioner l'ascendant que les Dogmatistes se futtent d'avoir obtenu sur l'opinion publique? Non certes et je pourrais repousser une supposi- · tion aussi choquante par une dénégation catégorique. D'après les con sidérations générales que j'ai déjà présentées sur les idées dominantes par rapport à la puissance de la science médicale, il est évident que son cercle est bien restreint et que celui qui voudrait l'étendre au point de poser cette science comme l'antagoniste du fatalisme, serait hué comme un blasphémateur impie ou considéré comme digne des petites maisons. Le fatalisme offrant ici aux prétentions ambitieuses,

vernementale doit encore intervenir en favorisant l'édu cation médicale des générations nouvelles au moyen d'un. enseignement scientifique donné par des professeurs présentant des garanties sérieuses de capacité.Nul doute alors que les empiriques eux-mêmes ne s'empressent de faire profiter leurs enfants de l'enseignement officiel. Par ce moyen s'accomplirait, sans secousse, la transition à un nouvel ordre de choses. Nous sommes persuadés que Zagorianopoulos, quoiqu'il en dise, n'hésiterait pas à faire bon marché de ses traditions de famille pour engager son fils à entrer dans cette voie.

loi pour réformer la pratique médicale actuelle. Ils ont | ignorantes devant un tribunal compétent. L'action gouheureusement à leur disposition d'autres armes bien autrement puissantes pour combattre l'empirisme: c'est en agissant d'eux-mêmes sur l'esprit des populations par des succès inespérés, par une conduite honorable, exempte de charlatanisme et de cupidité, qui fasse contraste avec celle de la plupart des empiriques; c'est par là qu'ils parviendront à établir la supériorité de leur art, et des principes qui les dirigent dans l'exercice de leur profession. Ils réussiront ainsi, peu à peu, à gagner la confiance d'un public de plus en plus nombreux et à déráciner les vieux préjugés qui font obstacle à l'extension de la vraie médecine. C'est tout une éducation à faire, et l'accomplissement d'une telle tâche ne saurait être l'œuvre ni d'un jour; ni d'une loi. Cette éducation faite, la réglementation légale deviendra chose facile; elle aura surtout pour but de combattre le charlatanisme proprement dit.

Nous n'ignorons pas que le principe de tout cela existe et entre dans les vues du Gouvernement; mais nous croyons que plus de sévérité dans l'application serait ici bien nécessaire.

Nous comptions faire quelques remarques concernant l'exercice de la pharmacie, à propos des plaintes que soulèvent en ce moment les infractions à son réglement: le défaut d'espace nous oblige d'ajourner ce que nous vouliens dire à ce sujet.

Mais il est une cause qui, à notre sens, contribue beaucoup à retarder le progrès de la médecine scientifique dans l'estime de la population: c'est la conduite des médecins eux-mêmes; c'est la faiblesse de beaucoup Nous nous résumons: la réforme de la pratique médid'entre eux à l'égard des empiriques auxquels ils ne cale en Turquie ne saurait, selon nous, être opérée par dédaignent pas de s'associer d'égal à égal pour le traite- la seule vertu d'un réglement. C'est une œuvre comment des malades, sanctionnant ainsi, par une assimila-plexe qui doit être accomplie, avec le temps, par le contion dégradante, le préjugé populaire. Dans ses rapports forcés avec l'empirisme auprès des malades-rapports parfois inévitables en ce pays, nous le reconnaissonsle devoir d'un vrai médecin est de maintenir toujours la supériorité hiérarchique de l'art qu'il représente.

cours de plusieurs forces; par les médecins instruits, en éclairant les populations, en démontrant, par des résultats, la supériorité de la science moderne sur l'art des empiriques, par la Société Impériale de Médecine, en développant l'esprit de corps parmi ses membres, en entretenant le goût de la science, et en relevant la dignité de la profession; par l'Ecole de Médecine, en répandant l'instruction parmi les générations nouvelles; par le Gouvernement, en favorisant les institutions sci

De ce que, à notre avis, ce n'est pas de l'efficacité d'une loi que l'on doit attendre la régénération de la pratique médicale en Turquie, s'ensuit-il que nous repoussions, comme inutile, toute réglementation, toute entifiques et en accordant exclussivement aux médecins intervention gouvernementale? nullement. Mais nous pensons que cette intervention, pour être efficace, de-munis de titres valables des privilèges qui soient une garantie publique. vrait se limiter, comme en Angleterre, à faire jouir de Pour accomplir cette réforme, il ne suffit pas de pouscertains priviléges exclusifs les médecins munis de di-ser des plaintes en se croisant les bras: il faut agir; la plômes; elle pourait aussi, peut-être rendre les empiri- devise générale doit être: aide-toi le Ciel t'aidera. ques responsables des suites fàcheuses de leurs pratiques |

de la science une barrière insurmontable, l'empirisme n'aura jamais | à vous redouter, moins encore à s'inquiéter. J'irai plus loin: j'ad- | mettrai même qu'après tant de siècles de recherches sinon infrue tueuses du moins incomplètes, la science est parvenue à la vérité. Malgré ce triomphe, tant que l'homme se montrera de glace pour les vérités et de feu pour le mensonge, son immense crédulité le rendra Ja dupe des thaumaturges, ici comme ailleurs, et la devise du Labarum empirique sera toujours: Volunt decipi: decipiantur. Mais au lieu de nous perdre dans des généralités, examinous les faits qui se sont passés sous nos yeux et auxquels plusieurs d'entre vous ont puissamment coopéré, et voyons si nous avons motif de craindre ou si nous ne devons pas plutôt nous féliciter d'avoir aperçu à temps

Un petit bout d'oreille échappé par malheur.

Vous n'ignorez pas plus que nous qu'il y a déjà maintes années que l'extermination des Empiriques fut décrétée dans un chapitre de médecins revêtus, la plupart, de titres académiques. Le chapitre prit

[ocr errors]

sur lui de régulariser l'exercice de la médecine dans cette capitale. La tàche n'était pas moins ardue que celle qui fut dévolue à Hercule pour la purification des écuries d'Augias; mais que's obstacles peuvent arrêter les promoteurs d'une réforme que réclamait l'humanité outragée et indignement exploitée par la fraude et l'imposture? Le zèle de ces philanthropes correspondit à la grandeur de leur sainte entreprise, et la sagesse, qui présida à leurs nombreuses délibérations, donta le jour à un code de règlements auprès duquel les Pandectes de Justinien ne forment qu'une bien mince brochure. Ces Solons, ces Dracons, ces Lycurgues ne tardèrent pas à se mettre à la tête de légions improvisées aussi lestement que celles de Cadmus, et à les animer au combat par l'appât des dépouilles des Empiriques.

La terreur, que la sommation de nous rendre à discrétion répandit dans nos rangs, nous glaça d'effroi au point que nous crûmes que notre dernière heure avait sonné. L'instinct de conservation l'emportant néanmoins sur la peur, nous conçûmes l'heureuse idée d'éviter toute bataille rangée avec d'aussi fiers matadors et de nous borner à la

MÉMOIRES ORIGINAUX.

j'ai cru reconnaître 29 fois les mêmes indications que j'avais heureusement suivies dans les premières obser

DES COMPLICATIONS QUE LES VERS INTESTINAUX PEU-vations. Je suis toujours parvenu, dans ces circonstan

vent apporter DANS LE COURS DES FIÈVRES PALUDÉENNES, par le Dr. LAVAL médecin sanitaire à Valona.

མ་ལ་རྒྱུས་འཕུ

On admet que les entozoaires peuvent donner lieu à des symptômes très-variés et très-alarmants. Toutefois le praticien a rarement l'occasion de reconnaitre et de guérir des états pathologiques graves évidemment liés à l'existence des vers. intestinaux. Il doit arriver plus rarement encore de pouvoir par l'administration d'un simple anthelmintique mettre fin à une maladie qui semble dépendre d'autres causes que de la présence des entozoaires.

ees, à couper des accès de fièvre souvent graves à l'aide de 1 gramme à 0,80 gram. de sulfate de quinine, de 0,05 gram. de santonine et d'un laxatif. J'ai donne ces médicaments presqu'en même temps, à quelques heures d'intervalle, sans attendre les effets isolés de chacun d'eux, parce que je craignais, en différant l'administration de l'un ou de l'autre, de voir survenir des accès pernicieux ou de laisser s'affaiblir mes malades. Ce sont les résultats de cette médication complexe que je me propose d'exposer dans ce travail.

OBS.I.Méhemet Cococh, âgé de 4 ans, Eien constitué, de parents aisés. On m'appelle le 18 juin, à 9 heures du soir. Je trouvecet enfant dans un état d'abattement complet. Depuis une heure il ne répond plus aux questions, et les instances de son père ne lui arrachent que des gémissements. La face est plombée, les yeux cernés, les paupières entr'ouvertes, la respiration précipitée. Peau sèche et brûlante; 120 pulsations, petites, serrées; ventre douloureux, météorisé; diarrhée.

quotidienne. Au dire des parents. il n'aurait mangé qu'un peu de riz vers le milieu du jour.

j'administre 1 gramme de sulfate de quinine en lavement uní à Pensant avoir affaire à un accès de fièvre pernicieuse, & gouttes de laudanum de Sydenham; des sinapismes aux extrémités inférieures:

Depuis près d'un an que j'exerce la médecine à Valona, petite ville de la Basse Albanie, bâtie sur un sol argileux, très-bas, à peu près toujours humide, souvent inondé par les pluies et par les eaux de la mer, je n'ai guère observé que des fièvres paludéennes. Le sulfate de quinine avait toujours eu dans ces fièvres le suc-On me dit que depuis 10 jours cet enfant a des accès de fièvre cès qui accompagne son administration quand il est pris â doses suffisantes. Au mois de juin dernier, je constatai pour la première fois l'inefficacité du spécifique febrifuge. chez des malades atteints de fièvre intermittente. Je recherchai, la cause de ce résultat et elle me fut indiquée par l'issue naturelle d'ascarides lombricoides. En effet, L'administration de 0,05 gram. de santónine et d'un laxatif détermina, l'expulsion des vers intestinaux et fut suivie de la, cessation immédiate des accidents fébriles.. Comme je ne possède qu'un petit nombre d'observations où les effets de la médication anthelmintique furent aussi évidents, et que j'ignore s'il existe des faits analogues dans la science, je me garderai bien d'affirmer que j'avais à faire soit à une affection vermineuse simple simulant une fièvre intermittente, soit à une complication grave des fièvres paludéennes. Je dois seulement faire observer que sur 167 cas de fièvre que j'ai suivis et traités pendant les mois de juin, juillet et août derniers,

[ocr errors]

19 Juin.-L'enfant a eu une forte diaphorèse vers le matin... Il a recouvre l'intelligence. 105 pulsations; peau tantôt normale; tantôt sèche et brûlante, tantôt sudorale; ventre météorisé ; 2, selles dans la nuit.

Sulfate de quinine 0,50 gram. en solution dans trois cuillerées d'eau, une cuillerée toutes les heures; liniment opiacé, en frictions, sur le ventre; bouillon.

20 Juin. Il y a eu un paroxysme moins grave que le précédent vers le milieu de la nuit. En ce moment le petit malade est abattu, température à peu près normale; langue blanche couverte de points rouges;, diarrhée.

0,80 gram. de sulfate de quinine dans trois cuillerées

guerre de partisans. Connaissant à fond tous les avantages de la loca apportaient de temps à autre, et dont il résultait qu'en dernière analyse lité, nous nous barricadames dans ses defilés, nous nous retranchâmes la majorité s'était prononcée en faveur de la stratégie expectante, le sur les cimes escarpées, laissant à nos vedettes le soin d'épier les système de Fabius Cunctator. En effet cette sage résolution en faveur mouvements de l'ennemi. Son camp était le théâtre d'un mouvement du statu quo fut, durant une série d'années, maintenue scrupuleusesans relache. Le quartier général était converti en conseil permanentment.. Enfin le bon génie des Empiriques étant parvenu à fermer dont l'entrée était. interdite par ordre du jour à tous et surtout à Morphée. On se préparait résolument à nous porter un coup décisif. Chaque jour nous nous croyions à la veille d'un engagement, et chaque jour nous nous félicitions que cette veille tardât tant à avoir un lendemain. Des semaines, des mois, bientôt des années entières s'écoulèrent au milieu de ces incessantes délibérations.

Mais, en fait d'hostilités, il n'était plus guère question que de celles, qui parfois éclataient au sein du corps législatif lui-même, surtout lors des agrégations presque journalières d'un nouveau membre dans son sein. Les nombreux déserteurs qui, fatigués de l'inaction, venaient se réunir à nous, confirmaient les rapports que nos espions nous

hermétiquement les portes du temple de Janus, ses intrépides défen-
seurs y ont suspendu leurs armes en guise de trophées, et à l'ombre
de ses portiques se dédommagent des fatigues de leur bonnes inter-
tions en jouissant de leur loisir et de leur dignités, et se consolent de
leur insuccès en se rappelant qu'il a existé ailleurs encore des cha-
pitres anti-empiriques pour lesquels aussi :

La difficulté fat d'attacher le grelot.
Ne faut-il que délibérer?
La cour en conseillers foisonne*;
Est-il besoin d'exécuter?

L'on ne rencontre plus personne,

'd'eau et quatre gouttes de laudanum de Sydenham. La journée se passe sans fièvre.

21 Juin. Paroxysme fébrile dans la nuit suivi de sueurs vers le matin. Facies très-abattu; coma léger, apyrexie complète en ce moment. Expulsion de 2 ascarides dans la matière des selles.

Ne pouvant trouver la raison de la persistance de symptômes si graves dans une lésion du tube digestif, de l'encéphale etc., je me décidai à suivre l'indication que semblait me montrer l'expulsion naturelle des entozoaires et fis prendre au malade 0,05 gram. de santonine. Une tasse de 10 grammes de décoction dé quinquina vers midi.

Le soir, issue de cinq ou six vers. Peau sudorale, abattement moins grand; le malade répond aux questions.

22 Juin.-Evacuation de deux pelotes de vers et sueurs abondantes vers le matin. Facies moins abattu; langue uniformément blanche, humide; cessation du météorisme et de la sensibilité du ventre; température normale.

Lavement avec 1,50 gram. de sulfate de quinine dans 30 grammes d'eau et un jaune d'œuf battus ensemble; solution de 0,10 gram. de tartre stibié dans 120 grammes d'eau à prendre par cuillerées de quart d'heure en quart d'heure jusqu'à ce que l'enfant ait vomi trois fois.

Je revois la malade quatre heures après. Face d'un rouge dance à la sueur. Ventre douloureux au niveau de l'ombilic et vif, yeux cernés, habituellement fermés. Peau chaude et tenà la région splénique, langue couverte de points rouges sur un fond blanchâtre.

1 Juillet.Face marquée de plaques rouges, violacées; paupières à demi fermées laissant voir le globe oculaire agité de mouvements convulsifs; 120 pulsations, peau sèche et brûlante; sécheresse et coloration de la langue comme la veille; 4 selles de couleur noire, très-fétides; à la suite les douleurs ombilicales ont diminué. Intelligence conservée. H y a eu du délire dans la nuit.

0,70 gram. de sulfate de quinine dans trois cuillerées

15 grammes d'huile de ricin dans un peu de bouillon. Décoc d'eau à prendre d'heure en heure. tion de 10 grammes de quinquina rouge, à midi.

1 Juillet au soir.-La malade a été mieux dans la journée:

22 Juin au soir.-L'amélioration persiste. Quatre selles et elle parlait facilement. Vers les 4 heures du soir est survenu sortie de quelques ascarides lombricoïdes.

[blocks in formation]

un paroxysme fébrile. Peau chaude et sudorale; 120 pulsations; même état de la langue.

2 Juillet.-État comateux léger; quelques convulsione des muscles de la face et du bras gauche; globe oculaire convulsé en haut; langue sèche et rouge, fuliginosités sur les lèvres et les dents; ventre météorisé, douloureux à la pression; 4 selles dans la nuit. Température peu elévée; 105 pulsations. La malade est tombée dans cet état alarmant à la suite d'un paroxisme fébrile qui a eu licu vers minuit.

OBS. II.-Maria Pana..... 10 ans, a des accès de fièvre tous les deux ou trois mois depuis quatre ans qu'elle habite | Valona. Taille et développement normal. Il y a un an, le teint était blafard, la face bouffie, la rate arrivait à 5 centimèJe fais appliquer des sinapismes. Quoique les parents n'aient tres de l'épine iliaque antérieure et supérieure. A la suite d'un tronvé aucun ver dans la matière des selles, je pense qu'il peut traitement par les décoctions de quinquina et les infusions exister une complicatiou vermineuse comme dans le fait précé amères, le teint est devenu rosé, la rate a notablement dimi-dent et j'administre 0,10 gram. de santonine suivis, 2 heu

nué.

Le 30 juin, vers midi, cette enfant est prise tout-à-coup d'une douleur vive à l'épigastre. A la suite surviennent des frissons, des nausées, des vomissements. On m'appelle aussitôt. La malade rejette devant moi des débris d'aliments, soupé au lait, fruits non digérés. La face est de couleur plombée, les extrémités sont froides; la respiration pénible, 130 pulsations, petites, serrées, coma commençant. Je diagnostique un accès de fièvre pernicieuse et une indigestion.

res après, de 15 grammes d'huile de ricin.

2 Juillet au soir.- Face un peu abattue; peau sudorale ; langue humide, blanchâtre; ventre à peu près indolent, sans météorisme; intelligence bonne. Expulsion de deux pelotes d'ascarides lombricoïdes, d'apparence très-vivace.

3 Juillet. Apyrexie, Amélioration progressive. Nouvelle expulsion d'ascarides dans la nuit. Une cuillerée d'huile de ricin à prendre le matin. Décoction de 15 grammes de quinquina rouge vers midi.

Vous avouerez, Messieurs les professeurs de fainéantise (en faveur profité. L'ancien statu quo a en conséquence non seulement disparu, des Empiriques, bien entendu) qu'il résulte de cet aperçu historique mais il a été remplacé par un état de choses qui ne ressemble pas mal tracé à vol d'oiseau que les Empiriques ont amplement raison aujouraux Saturnales, époque à laquelle maîtres et serviteurs intervertissaient d'hui de n'avoir pas la moindre peur de leurs antagonistes. Ma qualité provisoirement leur rôle habituel, et où la plus franche anarchie était de messager de paix ainsi que l'honneur d'être votre hôte me fent un autorisée par la coutume. Ce qui n'était que provisoire alors, promet devoir de m'abstenir de tirer de la masse de faits consignés dans nos de devenir permanent dorénavant. Avons-nous eu jamais les coudées archives, une foule de détails des plus piquants qui, quoiqu'instructifs, plus franches? Avons-nous marché la tête plus haute qu'aujourd'hui pourraient néanmoins froisser quelques amours-propres. C'est pour- où nous avons acquis l'assurance de la plus parfaite impunité? Je quoi je n'ai fait usage que de l'ensemble de ces faits pour appuyer la dirai même que nous sommes parvenus, dans quelques cas assez rarés, première partie de ma proposition. Il ne me reste donc qu'à m'occuperà convertir nos antagonistes en protecteurs, et que quelques-uns même de la seconde et à voir si nous nous félicitons également avec raison de ce que nous nous sommes aperçus qu'il ne faut pas trop se fier aux apparences, et quel est le degré des avantages que nous avons obtenus en revenant à temps de notre erreur.

Ordre, contr'ordre, amène infailliblement désordre. C'est précisément ce qui a eu lieu, et ce dont nous, Empiriques, nous avons amplement

agissent envers nous d'après la sage maxime de baiser la main qu'on' n'a pu réussir à couper. J'aurais trop l'air d'user de jactance si je donnais plus de développement à ce sujet; c'est pourquoi je demande la clôture et entame un nouveau sujet.

Après vous avoir entretenu d'autrui bien au-delà de mes instructions:

« PreviousContinue »