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par M. le Dr, Leval. Ils pourront y voir que la Société n'est pas restée inactive depuis le départ de nos confrères des armées alliées. Nous espérons que ce document aura pour tous un intérêt égal à celui que la Société a manifesté lorsqu'elle en a décidé l'insertion in extenso.

Dans le feuilleton du journal, un de nos collaborateurs a essayé, de peindre un des côtés de la pratique médicale en Orient. Le tableau n'est pas flatteur sans doute, mais il est vrai. Et si quelque incertitude sur l'utilité de la Société, sur la voie qu'elle doit suivre et sur son rôle, pouvait exister encore, elle cesserait en présence des habitudes déplorables que, pour l'honneur de notre profession, il s'agit de faire disparaître ou tout au moins de combattre avec energie.

MÉMOIRES ORIGINAUX.

DE L'EXISTENCE DE LA FIÈVRE MILIAIRE A CONSTANTI-
NOPLE, Mémoire lu (en italien) à la Société dans la
Séance du 16 janvier 1857, par M. le docteur

TIAN.

Messieurs, une affection qui, peu connue anciennement, n'a guère commencé à occuper les médecins que vers la moitié du XVIIe siècle dans la grave épidémie de Leipsig, qui depuis, parcourant diverses parties de l'Europe, a fini par établir son siège principal en Italie où elle continue sous diverses formes à exercer ses ravages, une maladie que les uns admettent et relativement aux éléments qui la constituent et aux moyens dont les autres contestent l'existence, qui divise les médecins par lesquels il convient de la combattre, une maladie enfin qui, d'après les observations de quelques confrères expérimentés et justement considérés ici, a commencé aussi à apparaître dans cette ville, je veux dire la Fièvre miliaire m'a paru être un sujet digne de l'attention de la Société. Je me permettrai donc d'en entretenir quelques instants l'assemblée, en comptant bien moins sur mes propres forces que sur sa bien

La Société Impériale de Médecine de Constantinople a consacré l'anniversaire de sa fondation, non seulement par la création de ce journal, mais encore par deux autres institutions de nature distincte : l'une, qui n'est que la conséquence de l'esprit qui anime la Société, est la création d'un prix annuel ayant pour but d'encourager le travail méritant et dont on trouvera le programme à l'article, Variétés ;l'autre est l'établissement, par le moyen d'une souscription spéciale, d'une caisse de secours destinée à venir en aidejaux médecins du pays ou à leurs familles que des circonstances malheureuses auraient réduits à l'indigence. Des statuts particuliers de-veillance. vront régler l'emploi des fonds déjà réunis dans ce but charitable. La Société par-là, sans rien perdre de son caractère scientifique, se trouve convertie en une association de bien. faisance; et ce ne sera pas la moins utile de ses aœuvres.

Maintenant que nos lecteurs savent à quoi s'en tenir sur les intentions de la Société, sur l'économie, les conditions matérielles et les tendances scientifiques de ce journal, il ne nous reste plus qu'à faire appel à leurs sympathies. Nous aurons besoin de leur indulgence. Si nos travaux et nos discussions trahissent des côtés faibles, ils auront à tenir compte du pays où nous sommes et des difficultés de toute nature que nous avons à vaincre; s'ils remarquent des incorrections dans notre style, ils ne devront pas oublier que la langue française, que nous avons adoptée, n'est pas la langue maternelle de la plupart d'entre nous; ils devront considérer surtout le fonds de notre pensée plutôt que la forme dont elle sera revêtue. Nous ne nous abusons pas sur l'étendue da nos moyens; nous accomplissons un devoir. Si quelque bien résulte de nos efforts, ce sera notre récompense; et si nous échouons, nous aurons du moins la conscience nette.

tout homme sans aveu et sans conscience, un véritable Eldorado pour les charlatans, les fourbes, les parvenus, les chevaliers d'industrie et tous autres du même bord.

Passons en revue plusieurs faits qui ne manquent pas d'intérêt sous le point de vue moral et scientifique. On ne serait pas trop loin du vrai en affirmant qu'à Constantinople la Médecine se transmet traditionnellement et héréditairement et forme ainsi le patrimoine presqu'exclusif de certaines familles. On ne ferait pas non plus d'exagération en disant qu'il y a autant de sources inépuisables de fortune qu'il ya de maladies.

L'homme est un animal qui veut être dupé, trompé, flatté: il sacrifie volontiers sa santé, sa vie mème pour l'embonpoint de sa bourse. Sa vanité, d'ailleurs, ne pouvant être cajolée que par ceux dont la subsistance repose sur sa faiblesse, son ignorance, son avidité et ses basses passions, il faut de toute nécessisé, qu'il soit à tout jamais sous leur domination et qu'il s'en laisse indéfiniment exploiter. Le vulgaire, on outre, sent le besoin invincible de flétrir ceux qui le surpassent

Je n'ai pas, Messieurs, l'intention de vous présenter une monographie de la maladie dont il s'agit, moins encore de vous faire un vain étalage d'érudition: je sais devant qui j'ai à parler et je dois chercher à profiter de vos lumières, non pas avoir la prétention de vous éclairer. En prenant la parole, mon but est surtout de m'acquitter du devoir que m'impose l'honneur de siéger parmi vous, et ensuite d'établir que la fièvre miliaire n'est pas étrangère à ce pays, de fixer l'époque où elle y a apparu, de faire qu'on soit prêt à tout événement, enfin de vous soumettre quelques considérations sur cette affection qui me sont particulières.

Il y a environ sept ans, je quittai l'Italie en regrettant d'interrompre l'étude clinique de la fièvre miliaire que j'avais eu l'occasion d'observer avec ses diverses formes et ses divers degrés de gravité pendant huit années consécutives dans un pays qui en était devenu le foyer épidémique. Rendu en Grèce, j'y pas constater, de tems à autre, des cas sporadiques de cette maladie à forme bénigne, affectant principale

ment les femmes en couches et semblant avoir comme une sorte de prédilection pour les localités soumises aux influences palustres. Je me rappelle le fait d'une femme nouvellement

par leurs lumières et leur éducation; il hait les hommes à réputation justement acquise et non moins justement méritée. Conséquemment il se plait à créer lui-même et à soutenir la réputation des individus qui, au lieu de le blesser par leur supériorité, recherchent au contraire şa faveur et son approbation et dont le langage non seulement est à la portée de son intelligence, mais peut se mettre à l'unisson de ses vils penchants qu'il chatouille et qu'il excite.

Il s'ensuit que certains hommes et certaines femmes aussi, (car il n'est point vrai que la femme soit en toutes choses la dupe des hommes) doués d'un esprit fertile, et que la nature a dotés de facultés souples, s'adonnent volontiers et de préférence au service de la santé de leurs semblables et s'y consacrent avec un zèle et un dévouement sans égal, mais bien entendu jusqu'à ce qu'ils aient épuisé toute la sève du corps et tout l'argent de la bourse de ceux qui ont la bonhomie de de leur confier leur vie.

Parmi les célébrités populaires, il y a surtout plusieurs femmes qu¡ se distinguent et qu'il importe de signaler. Leur mérite est universelle,

accouchée où je pus établir mon diagnostie avant l'apparition | quent et vibrant. Nouvelle saignée, deux gros de nitre inté de l'exanthème. La sécheresse de la peau m'induisit à em- rieurement. ployer le moyen puissant que vous connaissez, la glace, qui fut mise en usage intérieurement et en frictions. On n'épargna ni les critiques, ni les fâcheux pronostics, ce qui n'empêcha pas l'éruption de se faire; elle parcourut ses phases et la ma lade guérit.

Depuis quatre ans, j'ai eu l'occasion d'observer dans cette ville douze cas de l'affection dont il s'agit. Pour éviter des répétitions inutiles, je me limiterai à vous en signaler deux des plus évidents, des moins contestables et sur lesquels vous me permettrez de m'arrêter quelques instants.

Le troisième jour, sang légèrement couenneux, sueurs plus abondantes, brûlure sur toute la surface du corps, soif vive, pas d'éruption, les autres phénomènes comme les jours précédents. Prescription: glace intérieurement.

Au quatriènie jour commencèrent à apparaître sur les parties latérales du cou et sous les clavicules les vésicules miliaires, qui de jour en jour se multiplièrent et auxquelles se joignirent de petites pustules qui allèrent en s'étendant de façon que le dixième jour, en même tems que les symptômes offraient un amendement progressif, toute la surface du corps Il y a à peu près un an, je fus appelé près d'une famille ar- s'en trouva couverte sans exception. On observait des bulle s ménienne composée de deux sœurs et d'un frère. La cadette et des vésicules cristallines jusqu'à la face dorsale des mains était malade. Elle était âgée d'environ vingt-cinq ans, sa conset des doigts ; il y en avait peu aux pieds. L'exanthème comtitution était bonne, son tempérament bilioso-sanguin, sa mença bientôt à se flétrir, la dessication se fit et donna lieu à menstruation régulière. Elle n'avait jamais été sérieusement une desquamation sèche, avec prurit incommode et qui enmalade. Alitée depuis deux jours, lors de ma première visite, vahit tout le corps. A mesure que l'exantheme apparaissait, elle accusait un malaise qui se traduisait par une céphalalgie la fièvre et les autres symptômes, surtout l'oppression prélégère, de l'insomnie, des nausées, de l'inappétence, des dou- cordiale, diminuaient d'intensité; la fièvre, de continue qu'elle leurs vagues aux membres datant depuis une vingtaine de était, prit le caractère intermittent et cessa complètement vers jours. S'apercevant aux frissons suivis de chaleur qu'elle le vingt quatrième jour, époque où la desquamation était éprouvait, qu'elle avait la fièvre accompagnée de sueurs codéjà très avancée. De nouvelles saignées ne furent point prapieuses, elle se mit au lit et appela le médecin. Quand je la tiquées et jusqu'à la cessation de la fièvre l'usage de la glace visitai, je trouvai la figure rouge, de la céphalagie, la langue que la malade supportait très bien et qu'elle prenait très volégèrement blanche, pas de douleur à l'épigastre, pas de volontiers, fut continuée intérieurement. Quant aux autres momissements ni d'envies de vomir, pas de tension abdominale, yens ils se limitèrent au tartre stibié à doses refractées, auconstipation. Il y avait de l'anorexie, de la soif; la malade se quel fut substitué le citrate de quinine (six grains par jour) dès bations vespériennes. Ce remède fut continué pendant tout que la fièvre prit le caractère rémittent à légères exacerle cours du déclin de la maladie.

plaignait d'un sentiment d'oppression à la région précordiale, le sommeil était inquiet et troublé par des rêves effrayants et sa sœur disait que pendant la nuit il y a avait du vaniloquium. Le pouls était fébrile, la peau couverte d'une sucur à odeur sub-acide , pas d'exanthème sur la surface cutanée. Aux parties latérales du cou se remarquait cette espèce de mouvements tumultueux et d'agitation fausse et inégale des jugulaires. L'auscultation ne décéla rien d'irrégulier ní an cœur ni aux poumons.

Je soupçonnai la fièvre miliaire et comme j'en avais vu un autre cas dans le voisinage, je me confirmai dans cette opinion. Je prescrivis une saignée et un léger purgatif, des boissons froides, une diète sévère.

Le second jour pas d'amélioration; sang, riche en caillot, dur à couper, sans couenne; angoisse sous-sternale augmentée, peau humide, pas d'éruption; deux selles, pouls fré

ment reconnu; par conséquent leur clientèle immense et leurs coffres | régorgeant d'or. Les victimes sont infinies, il est vrai, mais qui s'en soucie? à peine l'une disparait que dix autres se présentent prêtes à subir le même sort.

La malade était en convalescence, se levait et se montrait suffisamment satisfaite de son état, quand, sans aucun désordre dans son régime, elle éprouva des frissons suivis de chaleur; des coliques et de la diarrhée se joignirent à ces phénomènes. Je fus invité de nouveau à la visiter. Je trouvai de la fièvre, de la céphalalgie, la peau sèche, la langue normale, le pouls de tems en tems intermittent. A défaut de causes qui m'expliquassent ces nouveaux phénomènes, je crus pouvoir les attribuer à un reste de virus miliaire qui existait pour ainsi dire caché dans les mailles du tube intestinal. Je conseillai Fapplication de deux vésicatoires aux bras et intérieurement l'usage exclusif de la glace. Le second jour, avec les sueurs qui venaient d'apparaître, nouvelle éruption miliaire coïneidant avec la disparition des phéno

mieux dire deux différents degrés de la même maladie,

Nous renvoyons notre lecteur à une brochure qui a été écrite à ce sujet s'il désire avoir de plus amples renseignements.

Une autre femme, non moins considérée, traite ce même Guelindjik, c'est-à-dire toutes les maladies, par une poudre dont elle seule possède le secret et qu'elle fait payer 250 piastres (50 francs.)

La popularité dont jouissent certaines autres femmes nous oblige d'en parler.

En première ligne se trouve celle dont la supériorité l'emporte sur toutes les autres pour le traitement de l'Akroum, qui embrasse toutes les affections spasmodiques de l'enfance. Le peuple s'imagine que les médecins n'ont aucune connaissance de ces affections, aussi dès qu'un

La femme qui traite le Guélindjik est une des plus célèbres. Si notre lecteur désire connaître ce que c'est que le Guelindjik nous lui dirons qu'ordinairement les chlorotiques, les anémiques forment cette catégorie de malades, ce qui n'empêche pas que tout affaiblissement général; tout œdème aux extrémités, toute anasarque, toute maladie et, ce qui est plus incroyable, aucune maladie réelle, ne soient traités de la même manière par notre matrone qui distribue sans cesse ni distinction ses fioles remplies de sa potion, à qui vient recourir à ses counaissances médicales et réclamer ses soins. Quel que soit son état phy-enfant a des convulsions, quelle qu'en soit la nature ou les causes qui sique, fut-il mème bien portant, et nous même nous avons constaté et expérimenté la chose, la brave matrone sait lui trouver le Guelindjik et le traiter en conséquence. Son spécifique, cependant, est de deux qualités, parcequ'elle reconnaît deux espèces de Gudlindjik ou pour

les provoquent, on s'empresse de recourir à celle qui seule a le pouvoir et la capacité d'en conjurer le danger. Sa manière de traiter consiste principalement en scarifications assez nombreuses le long de la colonne vertébrale et en une certaine poudre qui est le spécifique

mènes abdominaux. Cette fois, la maladie parcourut toutes ses périodes en huit jours et la desquamation se fit également, mais à un degré moindre et dans des limites bien plus restreintes que la première fois. La malade se remit, les menstrues apparurent; quelques bains et les ferrugineux complétèrent le traitement et cette demoiselle a joui depuis lors d'une santé parfaite.

cependant essayer d'exciter les fonctions de la peau avec la pommade stibiée aux parties internes des bras et des cuisses. Après qu'on eut employé la dose prescrite en trois frictions, au lieu de l'éruption locale que produit ce remède, il se fit une éruption mixte de vésicules et de pustules qui se circonscrivit à tout le tronc, thorax, dos et abdomen, et qui fut accompagnée d'abondantes sueurs offrant l'odeur de l'acide arsénieux. A mesure que cette éruption se faisaits les symptômes généraux disparaissaient graduellement de façon que, dans l'espace de vingt jours, l'exan thème avait parcouru toutes ses phases en laissant pour indice de son passage, l'exfoliation de l'épiderme sur le thorax, le dos et l'abdomen. Le rétablissement de la santé eut lieu peu à peu. Au traitement indiqué plus haut, il faut ajouter une dixaine de bains tièdes mis en usage vers la fin, mais sans administration de ferrugi neux. Depuis lors, cette demoiselle a joui également d'une santé parfaite.

Sa sœur la soignait pendant sa maladie. Elle était valétudinaire et obligée de recourir souvent au médecin. Pendant la maladie dont je viens de parler, cette dernière avait éprouvé aussi un certain malaise, mais, comme elle n'avait pas de fièvre et qu'elle voulait assister sa sœur, elle n'en parla pas. Ce malaise était constitué par de l'inappétence, de la lassitude générale, de la céphalalgie, un sommeil inquiet, de la constipation, Au moment où la sœur cadette entrait pour la seconde fois en convalescence, ces phénomènes augmentèrent et la fièvre apparut brusquement. Cette fièvre précédée de frissons, qui furent remplacés par la chaleur, augmenta la céCes pages étaient écrites, quand un nouveau, cas plus siphalalgie. Simultanément survint la diarrhée, mais sans eo-gnificatif encore que tous les autres, se présenta à mon obliques, sans nausécs sans tension abdominale et sans que l'é- Servation, et comme il me paraît que par son ensemble le tat normal de la langue fut modifié. La fièvre continuait fait constitue comme un type et qu'il a par conséquent de depuis trois jours, les fonctions respiratoires étaient normales et l'importance pour la thèse que je soutiens, permettez-moi de comme rien du côté des organes principaux ne venait m'exvous en faire l'exposition en peu de mots. pliquer cette fièvre et que d'un autre côté je constatais certains phénomènes caractéristiqnes, tels que le sentiment d'angoisse précordiale, le vaniloquium, les mouvements tumultueux des parties latérales du cou, je pensai, malgré la sécheresse de la peau, que je pouvais avoir encore affaire à la fièvre miliaire. Ici pourtant avant d'apparaître, l'exanthème erra pendant plusieurs jours sur la trame des divers organes et des di-sous-sternale, de fièvre qui avait été précédée de frissons et qui vers tissus; pendant qu'au début la diarrhée constituait le phénomène prédominant, celle-ci cessa ensuite et fut remplacée par une céphalalgie violente avec subdelirium, qui disparaissait tour à tour et apparaissait ensuite en scène, et en même tems que la fièvre continuait, survenait une petite toux sèche et opiniâtre, l'angoisse précordiale augmentait et la malade était sous l'intpression de la crainte de la mort sans que l'auscultation ni l'exploration attentive des autres organes dénotassent des phénomènes assez graves pour justifier ses frayeurs.

Au commencement, une saignée fut pratiquée et immédiatement la glace fut administrée intérieurement avec quelques infusions diaphorétiques légères. Mais aucune éruption ne s'était faite jusqu'au huitième jour au point que je commençais à douter du diagnostic que j'avais porté. Je voulus

et l'antidote du mal. Malheur au médecin qui ne reconnaît point son ignorance et qui ne se déclare pas incompétent lorsqu'il vient d'être appelé auprès d'un enfant en convulsions. Si l'enfant meurt, c'est fai qui l'a tué, c'est son assassin. Que si pourtant pareille issue a lieu sous les manœuvres de la femme aux miracles, c'est qu'elle est arrivée trop tard ou qu'on n'a pas scrupuleusement suivi ses ordonnances. Ajoutons, pourtant qu'ordinairement les médecins eux-mêmes ont la complaisance de décliner leur compétence!

Le sieur G.... polonais, professeur de musique, domicilié à Orta-keuï, hémorrhoïdaire et sujet à des sub-bronchites ca

tarrhales, tomba malade vers la moitié du mois de décembre

dernier. M. Oculi le visita le premier; il le trouva affecté de douleur de tête, d'un sentiment d'angoisse et d'oppression

depuis devint continue, en s'accompagnant dès les premiers jours de sueurs copieuses mais sans soulagement. Il existait un peu de toux; l'auscultation pourtant ne faisait presque rien découvrir d'anormal. La langue, l'abdomen étaient dans leur état ordinaire, la soif vive, quelques douleurs vagues

dans les membres.

Prescription: saignée, répétée le second jour, légers purgatifs et contrestimulants. Le sang offrit une couenne peu épaisse.

La maladie fit des progrès et aux premiers phénomènes vinrent se joindre le sub-délire, la carphologie, et la conjonctive gauche s'injecta. L'augmentation de l'anxiété précordiale motiva l'application de deux vésicatoires sur la poitrine; un autre fut appliqué à la nuque. Au rapport de M. Oculi, le treizième jour apparut aux parties latérales du cou un exan

qu'aussitôt qu'une femme conçoit le soupçon d'être dans un état intéressant, elle se met entre les mains de la sage-femme de sa confiance. Celleci traite toute maladie qui peut lui arriver pendant la période de la gestation, particulièrement par des saignées, dont le nombre allant quelquefois au-delà de toute mesure, devient véritablement incroyable. Au moment du travail ou de la délivrance, il est rare qu'elle ne se trouve présente et qu'elle n'agisse de la manière la plus absolue. S'imaginet-elle que les efforts de la nature sont insuffisants pour expulser le délivre, elle se hâte d'en faciliter la sortie par des tractions et quelquefois sa main va le chercher dans l'utérus.

Une femme de grande renommée traite, prétend-on, avec grand succès, par certaines poudres le Courbadjik qui comprend toutes les maladies aphteuses et ulcéreuses de la bouche. Plusieurs sages-fem- Les accoucheurs ne sont ordinairement appelés qu'en cas de dystomes aussi s'en occupent en empl yint toute sorte de no et toute cie, mais avant leur arrivée, la sage-femme a déjà pratiqué certaines espèce de remèdes. manœuvres, voire même quelques petites opérations, et ordonné des Et puisque nous venons de mentionner les sages-femmes oocupons poudres ou des potions ergotées, des saignées etc. Les arcouchements nous d'elles quelques instants. Nous ne voulons pas être trop long par- difficiles sont presque de son domaine et maintes fois quand l'accouce qu'un jour nous reviendrons sur leur compte pour étudier plus spécheur survient, la femme, qui était en travail depuis plusieurs heures, cialement tout ce qui les peut regarder. En attendant, nous dirons quelquefois une ou plusieurs journées, se trouve en un tel état d'épui

thème qui s'étendit ensuite sur tout le tronc et sur les mem- | tion, celle qui existait la veille flétrie; même état du côté bres supérieurs.

que

de la tête, moins d'expansion dans le pouls, pas de selle. La glace manquait pour le moment; on prescrivit deux vésicatoires aux mollets, le sel de quinine à la même dose, et, conditionnellement, une solution de tartre stibié si les sueurs ne réapparaisaient pas.

Le jour suivant, dix-huitième de la maladie, cinquième de l'éruption, M. Barozzi vit le malade avec nous; aggravation des phénomènes dans leur ensemble, pcau sèche, éruption flétrie, trouble plus considérable. de l'intelligence, agitation plus grande, amaigrissement marqué, toux, crachats catarrhaux, matité à la base du poumon gauche, où le murmure respiratoire est affaibli, quelques râles muqueux à grosses bulles; langue très tremblotante, sèche; pouls moius soutenu, 140 pulsations. Pronostic des plus fàcheux. Prescription: décoction de guimauve avec acétate d'ammoniaque.

M. Barozzi admit par voie d'élimination l'existence de la fièvre miliaire tout autant qu'on pourrait exclure la pensée d'un cas de variole anormale.

C'est le 1er janvier que je vis le malade pour la première fois. Je le trouvai en proie à une angoisse générale; il avait du vaniloquium, mais l'intelligence, quoique lente, n'était pas complètement perdue; il me reconnut et me rappela même dans d'autres circonstances je lui avais donné mes soins. La face était animée, la conjonctive de l'œil gauche injectée; chassie aux angles des paupières, contractilité normale de l'iris; soif, langue humide, blanchâtre, elle tremblait quand le malade la faisait sortir sans pourtant dévier de son axe; ventre souple, constipation; urines abondantes, parfois elles s'échappaient involontairement; toux avec excrétion de mucosités catarrhales; l'auscultation ne fournit rien de particulier; sueurs générales et abondantes ayant une odeur de paille pourrie; pouls développé, mou, 90 pulsations à la minute, je remarquai deux intermittences; aux parties latérales du cou, sur la poitrine, l'abdomen, les bras, sur la surface dorsale des mains, aux cuisses, au dos, se voyaient une myriade de vésiLe jour d'après, amélioration. On s'était procuré de la cules, de volumes divers, isolées ou confluentes, que je ne saurais mieux comparer qu'à ces éruptions produites par de glace, on en avait appliqué sur la tête et on faisait avaler de fortes frictions d'huile de croton, avec cette différence qu'ici l'eau glacée au malade pour suppléer à son usage interne anquel il se refusait avec obstination. Intelligence plus lucide, on ne trouvait pas l'auréole d'un vif qui accompagne d'ordinaire ce dernier genre d'éruption. Les vésicules n'é- disparition de l'injection oculaire, diminution de la carphotaient pas ombiliquées; elles étaient remplies d'un liquide séro-logie, peau moins sèche, pouls plus relevé, toux rare, plus de vivacité dans l'exanthème. Six gros d'acétate d'amoniaque, purulent. Le malade était dans une agitation continuelle et avait de la carphologie. Aucune espèce d'hémorrhagie n'avait glace, frictions d'huile de croton sur le tronc. eu lieu ni du côté des gencives, ni des narines, ni de l'anus. Fondé sur l'expérience, je n'hésitai pas à diagnostiquer une fièvre miliaire essentielle des plus graves, dont le principe n'avait pas trouvé sur la surface de la peau une voie suffisaute d'élimination et qui circulait encore en grande partie dans l'intérieur de l'organisme, affectant tantôt un viscère tantôt un autre et principalement les organes contenus dans le crâne et dans le thorax. Je prescrivis seize sangsues aux apophyses mastoïdes, l'usage interne de la glace, des embrocations de glace à la tête, une décoction de mauve et un grain de tartre stibié. On exécuta ma prescription sauf la glace qui ne fut pas administrée.

rouge

Dans la soirée je revis le malade avec MM. Cipriani et Zennaro; mêmes phénomènes, même diagnostic. Prescription: six grains de sulfate de quinine, à prendre en plusieurs reprises.

Le lendemain je visitai le malade avec MM.Cipriani et Oculi. La nuit n'avait pas été satisfaisante, accroissement de la toux, suppression des urines et des sueurs, pas de nouvelle érup

sement que toute opération obstétricale devient impossible ou bien peut compromettre son existence et celle du fœtus.

Mais si la nature reste victorieuse malgré tout ce qui a été fait pour en opprimer ou anéantir les efforts salutaires, la sage-femme acquiert de nouveaux droits. Elle s'empare de nouveau-né et après avoir fait la section et la ligature du cordon, après avoir pratiqué le bandage ombilical et nettoyé l'enfant, elle lui donne des secours s'il est né dans un état de mort apparente, qu s'il se trouve dans d'autres facheuses conditions. L'écoulement du sang par le cordon, les bains, la titillation des narines, de la luette par le doigt qu'elle enfonce dans l'arrière bouche, les frictions, l'insufflation, les secousses, les tractions et quelquefois les scarifications sont autant de moyens dont elle se sert. Il va sans dire que la nouvelle accouchée pendant toute la période puerpérale, calculée presque toujours à 40 jours, appartient exclusiyement à la sage-femme qui traite les maladies qui peuvent naître pendant cette époque, en prescrivant en même tems de son autorité privée les remèdes pour appeler ou repousser le lait, pour garantir les

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Le lendemain, vingtième de la maladie, continuation du calme relatif. Apparition de l'éruption artificielle du croton; pas de gargouillement à la fosse iliaque; insomnie persistante. A la prescription de la veille on ajouta un lavement.

Le vingt et unième jour, aggravation, vaniloquium [plus considérable, respiration plus anxieuse, matité à la base du poumon gauche, des deux côtés, râles sibilants et muqueux dont quelques uns ressemblaient à la vibration d'une corde de violon; pouls plus déprimé; inquiétude, efforts pour sortic du lit; peau séche; les vésicules en partie flétries en partie rompues; carphologie. Deux vésicatoires aux bras, deux aux cuisses, kermès minéral en pilules, glace.

Les deux jours suivants aggravation plus considérable; mixture analeptique.

Le vingt-quatrième jour, amendement dans l'ensemble des symptômes, la peau est un peu humide, diminution de la fréquence du pouls qui gagne en vigueur. Décoction mucilagineuse.

Le vingt-cinquième jour continuation de l'amélioration, pas de nouvelle éruption.

mamelles des gerçures, des abcès etc., etc. Ce n'est que depuis peu et à la suite de graves inconvénients et d'accidents déplorables, que les familles aisées appellent et consultent les hommes de l'art, mais la sage-femme exerce toujours et partout plus d'autorité que lui.

Les sages-femmes se partagent en deux catégories. Dans la première se trouvent celles qui ont fait des études à l'École de Médecine de Constantinople ou ailleurs, dans l'autre il y a tout ce qu'on veut, Parmi ces dernières on compte celles qui possèdent des secrets pour les femmes qui étant fécondes, ne veulent point enfanter, pour vaincre la stérilité, ou bien pour provoquer les avortements. Et à ce propos n'oublions pas une Juive qui excelle dans ce genre d'industrie et qui procède par certaines manœuvres dans l'utérus pour lesquel les elle possède même des instruments particuliers. Leurs secrets, du reste, se composent de poudres et de potions la plupart composées de drastiques, d'emménagogues très puissants, de quelques substances inertes qu'elles prescrivent conjointement à des bains locaux ou géné. raux, à des saignées, à la compression de la région hypogastrique, A

Le vingt-sixième, rétablissement des facultés intellectuelles, bruits dans les oreilles mais sans céphalalgie, physionomie plus composée, langue humide blanche à la base, pas de tremblement, pas d'appétit, ventre sans tension, à peine un peu de fréquence dans la respiration, toux, crachats muqueux épais, plus de résonnance à la partie inférieure gauche de la poitrine, murmure respiratoire périphérique plus distinct, diminution des râles, pouls presqu'apyrétique, peau sèche; aux dernières vertèbres sacrées escarre gangréneuse assez étendue; une autre escarre, mais limitée,sur la crète antérieure et supérieure de l'ilium gauche.

Nous modifiâmes notre pronostic mais avec réserve à cause des symptômes thoraciques. Ces phénomènes pouvaient tenir à d'anciennes lésions viscérales produites par la fréquence des bronchites catarrhales, dont le malade avait eu à souffrir antécédemment; mais n'était-il pas possible aussi que le principe miliaire, qui n'avait pas pu se faire jour dans sa totalité sur le peau, se fut déposé dans le tissu du poumon gauche en y déterminant un travail inflammatoire? L'absence complète de la fièvre faisait pencher plutôt vers la première supposition. On prescrivit une décoction de lichen et des lotions d'eau tiède faites avec précaution, poudre de quinquina sur les plaies.

Les quatre jours suivants l'amélioration fut de plus en plus marquée; respiration normale, peau légerement humide, excrétions faciles, urines sédimenteuses, pouls apyrétique; l'appétit se fait sentir. Mucilage de gomme arabique, cataplasme pour déterminer la chûte des escarres, léger régime nutritif allant du bouillon à la soupe. Le malade est en voie de convalescence.

Tel est le fidèle exposé d'un cas de fièvre miliaire qui a offert les caractères les plus significatifs, qui nous a tour à pour fait passer de la douloureuse pensée de l'autopsie à l'espérance du rétablissement, qui finit par avoir une issue heureuse et dont les phases diverses et le cours étrange demeureraient inexplicables si on ne le rapprochait de ses analogues, je veux dire si on se refusait à le considérer comme un véritable cas de fièvre miliaire.

SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DE MÉDECINE.

COMPTE-RENDU DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ pendant la première année de son existence, présenté dans la réunion solennelle du 15 Février 1857, par M. le docteur LEVAL, Sécrétaire spécial. Messieurs, l'organisation d'une Société médicale était depuis long tems dans les aspirations de tous les médecius qui, vivant dans ce pays, tenaient aux progrès de l'art et à la dignité de leur profession, car la diversité de leurs doctrines, effet de la diversité des écoles auxquelles ils appartiennent, le défaut presqu'absolu de moyens d'instruction tels qu'on les trouve dans les autres grandes villes de l'Europe, le manque de lois qui réglassent l'exercice de la médecine et, je dirais, l'avilissement dans lequel était tombée la pratique médicale sous une foule des rapports, rendaient indispensable ici plus que partout ailleurs une pareille institution. Mais, par un effet bizarre quoique très concevable, les raisons mêmes qui rendaient nécessaire cette institution, en semblaient empêcher l'établissement et, en même tems qu'on reconnaissait, qu'on déplorait cette situation des choses, on s'en faisait un motif de découra-gement, on n'essayait rien pour en sortir, ou du moins si quelques efforts étaient tentés en ce sens, ils ont toujours été solés, sans persistance, incapables par conséquent d'aboutir.

Cependant une grande guerre éclate. La ville de Constantinople devient le centre principal des opérations. Dans son enceinte, s'élèvént les hôpitaux des puissantes armées qui se battent presqu'à ses portes, et tout ce que la médecine militaire des états alliés a de plus éclairé, vient ici pour soulager les misères que les guerres entrainent toujours à leur suite.

Messieurs, permettez-moi de vous le dire, depuis un certain nombre d'années le corps médical de notre ville à considérablement gagné; ni l'instruction, ni une solide expérience ne lui font défaut aujourd'hui et s'il ne marque pas dans le monde savant, c'est les occasions lui ont manqué et que, par la que force des circonstances, il a du se livrer jusqu'à présent, moins aux recherches spéculatives de la science qu'à l'application (La suite au prochain numéro.) des médecins militaires venait ajouter des éléments nouveaux toute pratique de l'art. Or, dans cet état des choses, l'arrivée

certaines manœuvres dans le vagin et dans la matrice. Qui peut con-
naitre le nombre de leurs victimes et les tristes résultats qui en dé-
rivent? Il faut bien dire avec le Musulman: Dieu est grand!
Voilà ce que nous avions à dire de plus important et à signaler de
plus saillant sur les femmes. Il est tems de faire connaissance avec
les hommes qui se font un plaisir et presqu'un devoir de maltraiter la
santé, de miner ou de détruire même l'existence de leurs semblables.

Par où commencer? Notre tâche est réellement rude et ingrate; nous nous efforcerons néanmoins de la remplir avec indépendance et avec courage, tout en nous imposant certaines limites que nous ne devrons pas dépasser. Disons, avant tout, qu'à Constantinople les remèdes les plus héroïques, les poisons les plus meurtriers se trouvent à la disposition detout le monde. Il suffit d'aller au Tcharchi des Egyptiens et des Juifs pour acheter des oques de sublimé corrosif, d'arsénic, d'opium, de noix vomique, enfin de tout poison qu'on peut désirer; et cela, sans être obligé de faire connaître ni son état, ni l'usage qu'on veut en faire.

aux éléments déjà existants et le moment était certainement plus opportun que jamais pour la fondation d'une institution aussi nécessaire. Un homme le comprit: cet homme fut M. Pincoffs. Attaché au corps médical des hôpitaux anglais, M. Pincoffs, qui était arrivé depuis peu dans le pays, en était

Que si l'on n'a pas assez de loisir pour courir jusqu'à Stamboul, on n'a qu'à faire une ordonnance et l'envoyer successivement dans plusieurs pharmacies, car là non plus on ne se soucie en aucune façon de voir au bas de l'ordonnance la signature d'un médecin reconnu, ce qui d'ailleurs serait impossible sous le point de vue scientifique.

Nous sommes arrivés tout naturellement au chapitre Pharmacie.— Nous regrettons de ne pouvoir en entreprendre un examen assez complet, et d'être obligé de ne faire pour ainsi dire qu'en passant la connaissance des pharmaciens de ce pays. Quoiqu'il en soit, nous dirons d'eux autant qu'il sera nécessaire, en promettant tant à ces Messieurs qu'à notre lecteur de nous en occuper sérieusement aussitôt que nous pourrons leur consacrer un article spécial.

Commençons par dire que la plupart des pharmaciens de Constantinople exercent, sinon honorablement, au moins lucrativement la médecine, et que plusieurs d'entr'eux travaillent davantage en qualité de médecins qu'en la leur propre. Il est vrai que le plus grand nombre

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