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B.J/3/2 15

PRÉFACE.

BIEN que cet ouvrage ait été entrepris par goût, je sens combien il est difficile de se produire avec succès dans un semblable sujet, et même quelles préventions sont à vaincre. Si je ne puis me flatter d'en avoir évité tous les écueils, j'ai du moins l'avantage, en venant l'un des derniers, de l'avoir pu rendre plus complet. J'ai pensé que le public accueilleroit peut-être le travail d'un homme qui a consacré ses soins et une partie de sa vie à cette étude, sans parti, sans systême, et sans autre intérêt que celui de l'avancement des sciences et la recherche de la vérité.

En effet, quoi de plus intéressant pour nous que de pénétrer dans notre propre na ture, d'observer le principe de nos actions, de nos facultés, la diversité des mœurs, des instincts et des sentimens, ou par quels ressorts on peut augmenter son intelligence et perfectionner ses qualités naturelles?

Quoi de plus capable de nous élever audessus des autres êtres, en nous montrant notre vraie noblesse, de nous affranchir des foiblesses et des peines morales, ou de faire oublier les maux et les injustices de cette vie?

Il est dans notre nature d'aspirer à tout ce qui peut nous rendre heureux, ou du moins, dignes de l'être. L'homme civilisé, que son rang place au-dessus des animaux, vout acquérir encore parmi ses semblables de la considération, ou un degré de supériorité niorale. Il n'est point satisfait des seuls biens extérieurs que le hasard distribue si souvent, et qui, par cela même, ne procurent point une gloire personnelle; il cherche une satisfaction plus noble et plus durable dans les qualités qui le distinguent du vulgaire. Sans ce sentiment qui l'élève, T'homme traîneroit une vie indolente et inutile a se nourrir et à dormir; il croupiroit, comme les bêtes, dans une stupide uniformité; il passeroit comme s'il ne fût point né, et tel que ces herbes sauvages qui éclosent, chaque printemps, pour périr ensuite

sans laisser de trades de leur existence. Mais celui-là mérite lalouango, qui vivant partout irréprochable, ne craint ni fatigue ni travail, s'adonne, suivant ses goûts et sa vocation, à quelque art que ce soit se rend utile à ses semblables bt ne fondesa fortune ousa renommée que sur sa propre industrie.

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En effet, le maître et le directeur de cette vie est sur-tout le bon-sens et l'esprit, Sans cette essence immortelle, source de notre grandeur, les avantages corporels, la beauté, la puissance, ou les richesses et les rangs se perdent bientôt. Autant nous voyons plongés dans la barbarie, les peuples qui négligent l'usage des facultés du cœur et de l'intelligence, autant les nations policées, chez lesquelles cette culture morale est en honneur, deviennent florissantes et glorieuses: L'histoire nous montre que la vraie force des Etats réside moins dans leur opulence et le grand nombre de leurs habitans, que dans leur industrie, leur courage et les autres bonnes qualités morales. Plus on dé veloppera ces facultés, plus on accroîtra la

puissance de l'homme dans la nature; et c'est peut-être moins le défaut de cireonstances favorables, que celui de la volonté qui nous empêche de devenir tout ce que nous pouvons être un om

La force du corps distingue les bêtes bru tes entr'elles : la force de l'ame est le premier titre de l'homme et sa noblesse originelle. Et de même que nous surpassons les animaux par la raison, plus nous augmenterons cette faculté, plus nous serons capables de surpasser aussi les autres hommes; c'est par-là que le blanc domine le nègre; l'homme civilisé, le sauvage; l'Européen, les autres peuples, et que l'habileté, le génie emportent toujours l'avantage, à la longue, sur les obstacles contre lesquels la force est impuissante tomm

Que l'homme considère le monde, dans tous les temps et tous les lieux; qu'ils estime son vrai prix, non par les biens extérieurs i ils sont autour de nous, non pas dans nous, et peuvent être ravis; mais par ceux de l'ame, qui sont notre possession incontestable, et

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