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oublie bientôt ses fautes, il est indiscret, peu dévot; il plaisante, parle et rit aisément. L'autre, prudent et défiant, comme les vieillards, songe à l'avenir, prévient les maux et répare les fautes; persévérant et tenace en toutes choses, il recourt d'abord aux expédiens extrêmes, parce qu'il manque d'espérance; il est discret, religieux, toujours sérieux et grave. Le sanguin est libéral, confiant, sensible et bon, franc et sans rancune, peu rusé, brave, bon ami et d'un abord facile; mais le mélancolique est avaricieux, soupçonneux, caché, agissant avec ruse et détours, parce qu'il est poltron; d'ailleurs d'un cœur dur et même impitoyable, qui se lie peu, qui garde sa rancune, et qui rebutant aisément le monde, est morose et misanthrope. Le premier, indulgent et philanthrope, aime la nouveauté, le changement, le joli, les modes, la littérature frivole; plein de mémoire, il prend une teinture des sciences, des arts; il s'exprime avec élégance et recherche les pointes d'esprit; il est flatteur et galant; mais le second, ennemi de toute nouveauté, se tient à l'antiquité, il dédaigne le joli et les fleurs du bel esprit; il a le goût austère, porté au sublime; ses études ont plus de fonds que de superficie; il parle avec force, quoique sans grace; il a peu

de mémoire, et, revêche dans ses accès, n'est ni poli ni flatteur.

Les femmes sanguines ont de l'embonpoint, des couleurs vives, des formes rondes; elles sont coquettes, dissipées, gaies, volages, peu passionnées, mais plutôt dépensières ou joueuses; elles ont un cœur excellent; l'on peut les accuser d'inconséquence, non de malignité. Les femmes mélancoliques sont langoureuses, pâles et minces; toutes extrêmement sensibles et fort dissimulées, elles aiment ou haïssent à l'excès, et long-temps, parce qu'elles ont une ame profonde. Elles deviennent quelquefois dévotes, prudes, acariâtres, et d'autant plus médisantes et vindicatives qu'elles ont beaucoup de finesse d'esprit. Au reste, nous ne prétendons point parler absolument et sans restriction.

Du tempérament bilieux, et du flegmatique. Ils sont également opposés comme les précédens. Le bilieux, comme le feu, aspire toujours à s'élever; le pituiteux tend, ainsi que l'eau, à retomber sans cesse. Le premier, toujours tendu, sec, fibreux, a le teint foncé, olivâtre, tirant sur le jaune, ou une couleur haute; la taille maigre, forte, dégagée; une peau dure et velue; ses mouvemens sont brusques, ardens; son naturel impétueux; sa voix

âpre et résonnante; il boit peu, mange beaucoup et vite. Ses yeux sont noirs, pleins de feu; ses cheveux frisés naturellement; ses traits fortement dessinés; son pouls vif et précipité. Le pituiteux, au contraire, est doué d'une complexion molle, spongieuse et flasque; son teint est d'un blanc fade; sa taille épaisse et massive; ses traits pâteux ; il a des cheveux blonds, des yeux gris, une peau grasse et presque sans poils, une voix basse et sourde; tous ses mouvemens marquent la nonchalance et la pesanteur, car son tempérament est froid et humide, son pouls lent; il mange lentement et boit beaucoup. Par-tout le bilieux veut dominer, par-tout il heurte de front ce qui lui fait obstacle; violent et emporté, querelleur et audacieux, il se confie dans ses forces; il est intrépide dans les périls. On le voit fréquemment en colère; au reste, fier, altier et impatient, il se montre magnifique, généreux, souverainement ambitieux de tous les honneurs et de la louange; il est ennemi du repos, et défend vigoureusement ses droits ou ceux de la justice. Mais rien de plus mou, de plus paresseux, de plus insouciant que le flegmatique; il se résigne humblement et même bassement aux plus indignes vexations; dominé par tout le monde,

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rien ne le stimule, rien n'excite son courage; il est fort peureux, patient dans les maux, économe, ennemi de tout changement, sans desir d'honneur ou de louange; mais il s'applique à un gain sordide, et ne connoît pas d'autre bien que la matière. Cependant le pituiteux est simple, débonnaire, pacifique, et suit la routine du sens commun, tandis que le bilieux, plus méchant, plus adroit, plus turbulent, poursuit sans relâche ses desseins de tout asservir ou réformer à son gré. L'un n'a ni pénétration ni dextérité dans les affaires, il vit content du présent et tranquille dans son obscurité ; l'autre, industrieux et remuant, s'entremêle dans les affaires les plus épineuses, il cherche toujours de nouvelles entreprises et de plus grandes occasions de se signaler. Accoutumé aux vives secousses, le défaut de succès ne le rebute pas, il hasarde plutôt le tout pour le tout, il ne refuse jamais le travail et aspire toujours après l'avenir; mais le flegmatique se rebute aisément et craint de hasarder, il aime pardessus tout la sureté et son repos; toute idée de travail lui pèse horriblement, il croupit dans l'apathie et la malpropreté ; autant le bilieux est spirituel et instruit, autant celui-ci est sot et ignorant; sans imagination, sans. mémoire, son jugement est cependant droit,

sain, raisonnable, tandis que le bilieux, plein d'une imagination ardente, s'égare quelquefois; son jugement trop précipité, son esprit vif et querelleur peuvent le pousser dans les extrêmes; il est souvent fataliste, ou chef de secte et hérésiarque, tandis que le flegmatique devient crédule, superstitieux et bigot.

Autant les femmes bilieuses sont vives, autant les pituiteuses sont indolentes : les premières sont des brunes piquantés, qui pétil lent de feu et d'esprit; les dernières, des blondes d'un caractère doux, plein de candenr et de simplicité; bonnes mères et bonnes nourrices, faciles même à se laisser tromper simples, sans opiniâtreté ni malice; mais peu soigneuses, d'une conversation fade ennuyeuse; elles languissent dans l'oisiveté et acquièrent trop d'embonpoint. La bilieuse, en revanche, est vigilante, hardie, querelleuse, maligne et satyrique, mère dure et emportée; elle est fort passionnée et a beaucoup de penchant à la galanterie.

Ainsi les quatre tempéramens primitifs déterminent dans les deux sexes quatre dispositions principales. Toutes les actions tendent à l'extérieur chez le sanguin, et à l'intérieur dans le mélancolique; elles aspirent à s'élever

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