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pour chambre de jeune fille, les cretonnes fond écru ou gris, avec dessin courant bleu ou rouge camaïeu; celles en luminées de dessins Louis XVI avec sujets Watteau; d'autres à feuillages se détachant sur un fond sombre. Les différents styles sont du reste reproduits sur les belles cretonnes, plus particulièrement destinées aux chambres à coucher et aux cabinets de travail. Pour la salle à manger; vous avez le reps ou les draps unis avec encadrement et appliques, et tous ces tissus rayés, brochés, appelés: Tombouctou", algérienne, kachemir, etc. La variété de ces rayures offre un très-grand choix. Les étoffes genre in

dien, persan, sont en vogue pour les bibliothè ques, les cabinets d'étude; leur style grave s'harmonise avec le travail. Quant au damas de soie des Indes ou de Lyon, ils font toujours les classiques tentures des salons, rideaux, portières. Cependant depuis quelques années déjà, la fantaisie s'est glissée dans l'ameublement du salon qui est moins sévère; on abandonne la soie pour la tapisserie, ou bien on les associe, mais il faut un goût très-sûr pour se lancer dans ce genre d'ameublement qui peut aisément tomber dans le mauvais goût.

C. L.

EXPLICATIONS

GRAVURE DE MODES

en

Toilettes des magasins du Petit-Saint-Thomas. Première toilette. Costume en taffetas noir et foulard surah écossais, noir et blanc. Jupe ornée dans le bas d'un petit volant plissé avec deux plissés au-dessus; Tablier un grand volant garnit la traîne. foulard écossais, garni d'un plissé noir; le tablier forme - Corsage en foulard surah, garni coquillé derrière. d'un plissé; revers droit avec plissé à l'intérieur; manche, noeuds en soie. Chapeau en paille anglaise noire, orné dessus de rubans blancs en faille et dessous d'une guirlande de géraniums rouges et campanules blanches.

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Deuxième toilette.-Costume en louisine de deux tons, Jupe de ton clair, ornée dans le bas d'un grand volant à tête.- Tablier ton clair garni d'un volant plissé crochet. et relevé derrière en pouff avec un noeud en ruban. Corsage-cuirasse garni d'un plissé, il est orné d'un jeune fille. noeud devant. gants. - Chapeau en paille belge, orné d'un filet en soie blanche et de touffes de reines-marguerites.

Toilette de fillette. Robe en poil de chèvre à fines rayures. Jupe ornée de trois volants plissés. Tablier garni d'un volant et relevé derrière avec un nœud. Corsage-cuirasse avec plissé au bord. - Manche ouverte garnie d'un plissé. Chapeau en paille belge recouvert d'un bouillonné en organdi et orné d'une guirlande de petites roses.

Écusson avec B.

· Carré lacet écru et

Costume de petite fille. - Peignoir pour

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Robe-blouse pour petite fille de quatre à cinq ans. Capeline à revers.

DEUXIÈME COTÉ.

Écharpe nouée.

Col cravate:

Corsage, de dessous cuirasse.

Explication du Rébus d'Août : A bátir, ne faut plate bourse.

5-2587

Paris. Typ. MORRIS père et fils, rue Amelot, 64.

Le Directeur-Gérant; J. THIÉRY.

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Journal des Demoiselles

ET PETIT COURRIER DES DAMES REUNIS

Paris. Boulevart des Italiens.1.

Etoffes et Costumes des Magasins du Petit S! Thomas, Rue du Bac, 27 a 35.
Parfums de la Maison Guerlain, Roue de la Paix, 15.

Machines à Coudre de Wheeler et Wilson Boulevard Sebastopol, J.

a

N° 4012

JOURNAL

DES

DEMOISELLES

LADY FRANKLIN

U

NE nouvelle expédition maritime, admirablement organisée, vient de quitter les côtes d'Angleterre pour le PôleNord, et au moment où elle cingle vers ces parages mystérieux et terribles le cœur qui l'aurait suivie avec le plus tendre intérêt a cessé de battre. Lady Franklin, la veuve du malheureux navigateur, est morte au mois de juin de cette année; elle est allée rejoindre, aux rives de l'Éternité, cet époux aimé dont elle n'a jamais pu accepter la perte, dont elle a poursuivi les traces avec la plus indomptable énergie; et si l'Angleterre a inscrit dans les annales de la science et du courage le nom de John Franklin, si elle a élevé à sa mémoire un monument dans les caveaux de Westminster, le nom de sa femme, symbole de dévouement et de constance conjugales, ne mériterait-il pas d'y être gravé à son tour?

elle rêva la gloire pour son nom, et elle le vit partir, au mois de mai 1845, pour cette expédition lointaine qui ne devait pas avoir de retour. Pendant trois mois, jusqu'en juillet, on eut des nouvelles de l'Erèbe et de la Terreur, noms des deux navires qui voguaient vers l'inconnu puis le silence se fit, les ténèbres s'étendirent; on n'eut plus de nouvelles ni des navires, ni des équipages; ils avaient disparu derrière les brouillards du Pôle, ils étaient enfermés derrière des remparts infranchissables, derrière des murs terribles qui avaient, jusqu'alors, défendu les secrets du septentrion, dont Job parle en ces termes : As-tu pénétré dans la profondeur des mers? As-tu marché dans le sein de l'abîme? Les portes de la mort se sont-elles ouvertes devant toi? As-tu vu l'entrée des ténèbres? Que s'était-il passé? Les navires étaient-ils détruits? les marins avaient-ils péri? ou bien erraient-ils sur ces plages désolées, déserts de neige et de glace, étrangères à l'homme depuis l'origine du monde, erraient-ils exposés à tous les maux, mourants de faim, de froid, poursuivis peut-être par les flèches de quelques tribus sauvages, ou livrés en proie aux griffes des ours? Les suppositions les plus tragiques étaient vraisemblablement une affreuse réalité ; l'Angleterre s'émut; on frêta des navires pour les lancer à la recherche de sir John Franklin et de ses compagnons; des hommes hardis et dévoués s'embarOCTOBRE 1875. 19

Née vers la fin du siècle dernier, elle épousa sir John Franklin en 1826; dix ans plus tard, elle l'accompagna à la terre de Van Diémen, dont il venait d'être nommé gouverneur. Il méditait déjà un voyage aux terres australes, et il désirait consacrer ses talents de marin, sa science de géographe et son courage à toute épreuve à la recherche de ce passage inter-polaire, dont on affirmait l'existence, sans avoir jamais pu le découvrir. Lady Franklin s'associa passionnément aux projets et aux espérances de son mari; elle épousa ses vues, QUARANTE-TROISIÈME ANNÉE. - N° X.

quèrent, résolus de tenter l'impossible pour retrouver un débris, une planche de l'Erèbe et de la Terreur; tout fut inutile, les deux navires s'étaient évanouis dans les solitudes du pôle. Lady Franklin qui ne pouvait pas croire à une catastrophe, jeta dans ces expéditions, la plus grande partie de sa fortune; pendant trente ans, elle ne cessa de prier, d'insister auprès de tous, hommes et gouvernements, pour les intéresser à sa douleur d'épouse; les puissances maritimes de l'Europe répondirent à son appel, les États-Unis apportèrent leur concours, les recherches officielles et privées ne cessèrent pas, et aucune ne fit naître un rayon de lumière. La France donna à ces pieuses recherches un de ses plus nobles enfants, le lieutenant Bellot, qui périt au milieu des glaces bouleversées par une horrible tempête (6 août 1852), au moment où il croyait revenir vers sa famille et où il exhalait sa reconnaissance envers Dieu qui l'avait sauvé.

Enfin, vers 1854, une lueur se fit sur le sort probable de John Franklin et de ses compagnons infortunés. Le docteur Rack, après un voyage au pôle, publia un rapport où il établissait, d'après les témoignages fournis par des Esquimaux, qu'il avait interrogés, que sir John et son équipage étaient morts de froid et de faim dans les glaces; il fournissait, en preuve, quelques objets qui avaient appartenu à ces malheureux, et qu'il avait obtenus des Esquimaux par voie d'échange.

Les Esquimaux avaient dit : « Au printemps, il » y a quatre hivers, des hommes blancs, au nom»bre de quarante, ont été vus voyageant sur la >> glace et traînant un bateau sur la glace; ils » cherchaient des veaux-marins. Ils firent com» prendre par signes aux Esquimaux que leur na» vire était détruit. Plus tard, les cadavres de >> trente-cinq de ces hommes furent découverts, par les Esquimaux; quelques-uns étaient enter» rés, d'autres se trouvaient sous une tente, d'autres sous le bateau renversé pour former un abri; l'un d'eux, un officier sans doute, ava t » son télescope et son fusil près de lui... Dans » une chaudière se trouvaient des membres hu>> mains... >>

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On acheta aux sauvages les objets trouvés près de ces tristes restes; c'étaient des couverts d'argent, une pièce d'argenterie avec les mots : Sir John Franklin et une petite décoration sous la forme d'une étoile.

Malgré ces témoignages presque évidents, lady Franklin ne voulut pas croire à la perte de son

mari; son énergie se ranima: on avait découvert quelques vestiges, peut-être de plus heureux le découvriraient-ils lui-même; son amour ne voulait pas douter. Une nouvelle expédition, organisée par elle, frêtée avec ses propres ressources, partit en 1855; le capitaine Mac-Clintock s'embarqua sur une coquille de noix, et ce fut cette tentative désespérée et hasardeuse, qui jeta une lumière plus vive sur ce drame mystérieux. Le capitaine Mac-Clintock trouva sur la terre du roi Guillaume, les livres de bord de John Franklin, et prouva par leur contenu, d'une façon irréfragable, que les deux navires, saisis par les glaces, avaient été abandonnés par leurs équipages, après deux ans de misères affreuses (de 1846 à 1848) et que les infortunés marins, chefs et matelots, avaient succombé dans cette solitude, aux affres de la faim et du froid!

Quelle fut la douleur inconsolée de l'épouse, la douleur de cette âme qui avait si longemps, si ardemment espéré, à qui l'espérance était interdite, à qui le voile des veuves était imposé? Lady Franklin survécut à cette cruelle certitude; pendant vingt ans encore, elle vécut pour son mari, pour honorer sa mémoire, pour élever ses fils dans le culte de leur père et le culte du devoir; elle eut la joie de voir honorer et grandir le nom qu'elle portait, de le voir associé aux grandes découvertes géographiques de notre temps, l'Angleterre éleva à l'infortuné capitaine un monument parmi ceux des rois et des grands hommes de son pays; la noble veuve a succombé à la vieillesse, soutenue jusqu'au bout par sa foi en Dieu et par la force de son âme. Au moment de sa mort, ses deux fils venaient de s'embarquer pour le pôle. Les deux époux ont tracé chacun leur sillon : l'un dans la voie de la science et du courage, l'autre dans la voie du devoir et de l'amour (1).

M. B.

(1) Ce passage Nord-Ouest, tant cherché, a été découvert, presque par hasard, par le capitaine Mac-Clure, en octobre 1853: mais cette découverte sera-t-elle jamais d'une utilité pratique la rigueur du climat, les mille difficultés que l'on rencontre sous cette latitude, n'éloigneront-elles pas les navires d'une voie où le moindre danger est d'être renfermé dans les banquises, comme le furent l'Érèbe, la Terreur et l'Investigateur ? Cette opinion, sur le peu d'utilité pratique des voyages au Pôle, est empruntée à l'Année Géographique, de

M. Vivien de Saint-Martin.

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