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MOSAÏQWE

DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE U XIe SIÈCLE.

Les chroniques de la Norvége assurent qu'Éric le Rouge découvrit le Groënland en 984. Deux ans après, un autre navigateur fut jeté par les vents sur une côte où il n'osa pas aborder. Plus hardi, un fils d'Éric le Rouge, en l'an 1000, débarqua au Massachusetts. Depuis ce temps-là, les hommes du Nord entretinrent des rapports avec ce nouveau continent, jusqu'à l'époque de la peste noire, qui dépeupla presque entièrement la Norvége.

En 1840, un grand squelette revêtu d'une antique armure fut découvert près du cap GarnetPoint; on pensa que c'était celui d'un chef nommé Thorwald Érickson. Le chimiste Berzélieux analysa un morceau du fer de l'armure, et trouva qu'il était identiquement pareil, quant à la composition, aux plus vieilles armes norvégiennes, conservées dans les musées de l'État.

La douceur cst la fleur de la charité.
SAINT FRANÇOIS DE SALES.

Le mot de la Charade du numéro de Mars est : BOULEVERSEMENT.

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« Il ne supporta pas la perte de ses fils et de sa fille,» dit Éginhard, « avec toute la résignation

» qu'on aurait pu attendre de sa fermeté d'âme ; la tendresse paternelle, qui le distinguait égale» ment, lui arracha des larmes abondantes. »

Ces larmes, que l'histoire supprime, nous les regardons avec surprise, et, dirai-je, avec plaisir, tomber de tels yeux. On aime à voir la nature ressaisir son empire sur ces puissantes individualités qui semblent lui échapper, et à trouver le grand politique doublé d'un homme qui sait pleurer.

ne voudrait pas croire, sans le témoignage de son véridique secrétaire, qui va nous en montrer encore un autre exemple. Plusieurs complots se formèrent contre son trône ou contre sa vie.

Éginhard en parle sans horreur, et presque en les

excusant:

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« On regarde la cruauté de la reine Fastrade, dit-il, comme la cause de ces conjurations; et

» si dans l'une comme dans l'autre, on s'attaque » directement au roi, c'est qu'en se prêtant aux » cruautés de sa femme, il semblait s'être prodigieusement écarté de sa bonté et de sa douceur » habituelles. »

»

Avait-il donc raison, ce juge américain, qui, lorsqu'un fait criminel lui était dénoncé, commençait toute enquête par cette question: « Où est la femme? - Ce serait chose profondément triste de voir le sexe dont les dispositions spéciales sont, dans la vie ordinaire, la douceur et la généreuse pitié, exercer si souvent dans l'histoire son influence au profit des mauvaises passions, si des faits contraires, cités par elle avec éloge, ne venaient de temps en temps nous consoler.

Pleurez donc, ô Charlemagne ! pleurez; mais dites-nous les quatre mille Saxons auxquels vous fites en un seul jour trancher la tête dans la plaine de Verden, n'avaient-ils ni père ni mère?...... Qu'un génie si vigoureux dans les travaux de la conquête ou du gouvernement, péchât par mollesse d'âme dans son intérieur, c'est ce que l'on QUARANTE-TROISIÈME ANNÉE. - N° V. MAI 1875.

Charlemagne, père trop indulgent, trop complaisant époux, fut bon frère, et surtout excellent fils. Ici le tableau n'a point d'embre. Éginhard se

plaît à nous montrer la veuve de Pépin, Bertrade, la Berthe au long pied des romanciers, — vieillissant doucement auprès de son illustre fils, comblée par lui d'honneur, et entourée de vénération.

« Jamais il ne s'éleva entre eux le moindre » nuage, si ce n'est à l'occasion de son divorce » avec la fille de Didier, qu'il avait épousée par » ses conseils. Elle mourut après la reine Hildegarde, ayant déjà vu trois petits-fils et autant de petites filles dans la maison de son fils. Charles » la fit ensevelir en grande pompe dans la basilique de Saint-Denis, où reposait déjà le corps » de son père. >>

*

»

*

Ce passage réveille dans notre esprit une impression personnelle, qu'il n'est peut-être pas hors de propos de rappeler ici.

Il y a un certain nombre d'années, nous visitions cette antique abbaye de Saint-Denis et les tombeaux des rois, sarcophages vides aujourd'hui, qu'enferment encore ses caveaux funèbres. Le cicerone qui nous conduisait nous montra un grand bac de pierre brute remisé dans un coin; c'était le cercueil de Pépin, scellé primitivement sous le seuil de l'église. Quand les fous furieux de 93 vinrent arracher au sépulcre toutes les poussières royales pour les jeter à la voirie, et que leur main sacrilége rouvrit ce cercueil fermé depuis dix siècles, qu'y trouvèrent-ils? - Une goutte d'eau ! Voilà ce que deviennent les fondateurs de dynasties et d'empires.

Le cercueil de Berthe ne contenait sans doute rien de moins ni rien de plus.

L'héritage de Pépin fut d'abord partagé entre ses deux fils. Leur mèrè eut bien de la peine à maintenir entre eux la concorde, mais ce ne fut pas la faute de Charles. Jusqu'à la mort de Carloman, qui, au bout de deux ans le rendit maître de tout l'empire des Francs, il supporta, nous assure Éginhard, les procédés offensants de ce caractère jaloux avec une inaltérable patience. Plus heureux d'un autre côté, Charlemagne témoigna toujours à sa sœur Gisèle une vive amitié.

Gisèle avait embrassé la vie religieuse, et paraît avoir participé au goût de son frère pour les plaisirs de l'esprit, car on la voit figurer parmi les membres de l'Académie du Palais.

A cette disposition affectueuse dans ses relations de famille, le grand homme joignait une hospitalité libérale jusqu'à la prodigalité; une humeur facile avec ses amis et ses inférieurs; une sympathie des plus vives pour les lettrés, qu'il attirait à lui de toutes parts. Sa conversation était pleine d'agrément, sa parole abondante, - quelquefois même un peu trop, observe ingénument son biographe. Il se servait habituellement de l'idiome de ses pères. Loin de le dédaigner, il se plaisait aux chants nationaux des Francs, et les faisait rechercher avec scin; mais le latin continuait à prédominer dans tout l'empire comme langue littéraire et officielle. Il le parlait facilement et purement; à l'occasion,

il s'exprimait avec une véritable éloquence. Cependant l'une des qualités requises dans l'orateur lui manquait; la nature la lui avait refusée, en ne lui donnant qu'un filet de voix, dont le son aigu n'était nullement en harmonie avec l'apparence robuste de son corps majestueux.

Tel est le Charlemagne resté dans les souvenirs d'Eginhard; le Charlemagne de tous les jours, le Charlemagne en tunique de laine et en hauts-dechausses de toile. Mais de temps en temps apparaissait sur la scène un autre Charlemagne qu'il nous dépeint aussi en passant.

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<< Dans les grandes fêtes, ses habits étaient brodés d'or, et ses brodequins ornés de pierres précieuses; une agrafe d'or retenait sa saie, et il << marchait ceint d'un diadème étincelant d'or et « de pierreries. »

En pareil cas, l'homme faisait place à l'acteur, et se costumait pour monter sur le théâtre. C'est dans cet appareil de cérémonie, sans doute, qu'en vironné de toute sa cour, il accueillait Vitikerid venant demander le baptême, et recevait les ambassadeurs de Bagdad ou de Constantinople, venant briguer son alliance. C'est le Charlemagne de

l'histoire.

Dans les trois dernières années qui précédèrent sa mort, la forte santé de l'empereur s'altéra. De sinistres prodiges, qu'enregistre avec soin l'exact biographe, vinrent, dans le même temps, préparer le monde à la perte qu'il allait faire. Ici, la somptueuse galerie d'Aix-la-Chapelle s'écroule; là, l'incendie dévore un pont magnifique sur le Rhin: les éclipses se succèdent, une tache apparaît dans le soleil, une immense lumière tombe du ciel dans les régions du nord, sans compter tout le reste. Enfin le malheur annoncé ainsi à la nature entière s'accomplit!

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-

Quand une pleurésie, mal que le repos et la diète ne purent cette fois dompter eut, en quelques jours, conduit à leur terme la vie et le long règne du grand Charles, Eginhard, ainsi que nous l'apprennent celles de ses lettres qui ont été recueillies, s'éloigna de plus en plus de la cour, où le nouveau monarque, dont il était pourtant le condisciple et l'ami, tenta vainement de le fixer. Il finit par se retirer dans une abbaye fondée par lui sur un domaine qu'il devait à la munificence de ce dernier, et y vécut de ses souvenirs. C'est là qu'il entreprit de retracer les actes et le caractère du grand homme qu'il avait tant aimé, dans la crainte, dit-il, de voir périr parmi les peuples cette illustre mémoire. Bien qu'il s'excuse sur ce motif d'oser, lui barbare, écrire dans la langue de Cicéron, son style net et correct nous donne une idée avantageuse de cette renaissance momentanée des lettres latines qui s'opéra sous les auspices de Charlemagne, et fait honneur à l'enseignement d'Alcuin. La narration est rapide, les faits y sont présentés avec ordre et clarté. L'ouvrage n'est pas volumineux: il se compose, pour ainsi dire, de quelques

feuillets; mais quand on les a lus, on connaît Charlemagne, et vraiment on se prend à l'aimer avec Éginhard.

Sa vieillesse s'écoula tristement, dans le vide que laissent toujours après elles, en disparaissant du monde, ces grandes existences qui, pendant leur durée, accaparent exclusivement son attention. La dislocation du puissant empire que la main ferme de son fondateur semblait avoir constitué pour des siècles mêlait une sorte de stupeur à sa tristesse. Un autre deuil vint encore s'y ajouter: la mort de sa femme Emma. Comme lui, selon l'usage du temps, elle s'était ensevelie dans une maison religieuse pour y finir ses jours; mais, quoique habitant des lieux séparés, les deux époux restaient tendrement unis de coeur, et la perte de cette fidèle compagne de sa jeunesse fut pour Eginhard un coup douloureux, auquel il ne survécut que peu d'années.

Avant qu'un siècle se fût écoulé, l'intervalle brillant formé par le règne de Charlemagne, entre les temps de misère et de barbarie qui l'avaient précédé et ceux qui le suivirent, prenait dans les souvenirs nationaux un reflet de plus en plus merveilleux. La légende s'emparait du glorieux fils de Pépin et des grands de sa cour. Éginhard, sans passer comme d'autres à l'état de pourfendeur de géants, eut l'un des premiers son petit roman. On le fit monter au grade de secrétaire intime; il devint gendre de Charlemagne; sa chère Emma fut une belle princesse, et leur mariage le résultat d'un penchant mutuel, sanctionné par le meilleur des pères et le plus clément des rois. C'est sous cet aspect qu'Éginhard se présente généralement à nous. Peu de personnes connaissent son livre, bien que de très-bonnes traductions le mettent à la portée du public; tout le monde, à peu près, je crois, connaît l'histoire de ses prétendues amours. L'épisode offre de l'intérêt, et l'on est presque fâché qu'il ne soit pas vrai; mais si l'auteur de la chronique qui le rapporté, et paraît avoir été écrite une cinquantaine d'années peutêtre après la mort d'Éginhard, avait pris comme nous la peine de lire sa Vie de Charlemagne, il aurait vu que ce prince ne maria aucune de ses filles, et que parmi ses dix-sept enfants, dont Éginhard nous donne lui-même la liste, ne figure aucune Emma.

Les traditions populaires, les chansons, puis enfin les romans, en faisaient bien d'autres, alors qu'ils donnaient à Charlemagne des neveux comme Roland et Renaud de Montauban,le tenaient assiégé dans Paris par les Sarrasins, ou le conduisaient à la conquête de Jérusalem. Mais tandis qu'ils célébraient les grands coups d'épée de fabuleux paladins, la véritable chevalerie accomplissait des prodiges, et l'élan héroïque des croisades emportait des flots de guerriers enthousiastes vers l'Orient. Cette époque, chantée par les poètes, gravement appréciée par l'historien, peut être consciencieusement étudiée dans toute sa vérité, grâce aux

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Alexis Comnène avait marié sa fille à Nicéphore Bryenne, l'un de ses généraux favoris, qui, non content de manier l'épée, maniait, lui aussi, la plume avec quelque succès sans doute, car il figure au nombre des historiens byzantins. A la mort de l'empereur, Anne, spirituelle, savante et intrigante comme on l'était à Constantinople, tenta de faire tomber la couronne sur la tête de son mari, au détriment de son frère Jean Comnène. Elle échoua dans son entreprise. Obligée de quitter la cour, elle donna un autre but à son ambition; au lieu d'impératrice, elle se fit auteur, et charma les. ennuis de sa retraite en écrivant, avec le panégyrique de son père, les souvenirs de sa propre jeu

nesse.

Anne était dans sa quatorzième année quand l'armée conduite par Godefroy de Bouillon et les autres chefs de la première croisade, tomba comme un déluge de barbarie au milieu des raffinements et de la corruption de cette magnifique Byzance, dépositaire de tout ce qui subsistait encore de l'antique civilisation gréco-romaine; spectacle inattendu, où, selon son expression pittoresque et souvent citée, l'Occident tout entier semblait s'arracher de ses fondements pour se jeter sur l'Asie. Certes, le contraste était grand et l'étonnement réciproque. A l'âge qu'avait alors l'auteur, les impressions sont vives, et, quoique la fille d'Alexis n'ait consigné les siennes que longtemps après, dans la biographie de son père, sa mémoire les avait conservées et sa plume, malgré une partialité filiale un peu trop grande peut-être, nous les rend avec fidélité. Ce passage des croisés à Constantinople, qu'elle a vu de ses yeux, les portraits vivants qu'elle trace de ces hommes de fer, si étranges aux yeux des Grecs dégénérés, constitue pour nous tout l'intérêt de son livre, auquel il marque une place importante parmi tous les autres témoignages que l'histoire consulte sur le grand mouvement européen du onzième siècle.

Ceux-ci, dans notre Occident, sont rédigés en latin, et dus pour la plupart à des écrivains ecclésiastiques. Il en est de même pour ce qui concerne les deux croisades suivantes; mais au début du treizième siècle, nous rencontrons un brave guerrier, mêlé à tous les événements qu'il raconte, et qui, le premier, nous parla dans la langue encore enfantine mais colorée qui sera un jour le français, Arrêtons-nous aux Mémoires de Ville-Hardouin. que suivront, à quelque distance de là, ceux du bon

sire de Joinville. C'est à ces anciennes œuvres de notre prose, si charmante déjà dans sa naïveté, que nous allons demander quelques-uns de ces simples récits qui surpassent en grandeur et en

intérêt, tout ce qu'a pu inventer sur ces époques lointaines l'imagination des poètes et des romanciers. APHÉLIE URBAIN.

BIBLIOGRAPHIE

Pour l'achat des livres dont nous rendons compte, prière de s'adresser directement aux Libraires-Éditeurs.

VIE DE LA MÈRE THÉRÈSE

FONDATRICE DE LA MISÉRICORDE DE LAVAL

PAR LE PÈRE NURIT (1).

Née dans la plus humble condition, pauvre des biens de ce monde, Thérèse Rondeau se chargea de justifier la parole de la grande sainte Thérèse, sa patronne: Trois écus et Thérèse, ce n'est rien; trois écus, Thérèse et Dieu peuvent des merveilles. En effet, Dieu, le Dieu puissant, ami des pauvres, protecteur des faibles, opéra des choses admirables par les mains de sa servante; on vit avec étonnement cette pauvre ouvrière, cette pauvre repasseuse, sans pouvoir et sans protecteurs, élever dans sa ville natale de Laval, fonder, diriger, soutenir un refuge destiné aux jeunes filles exposées aux dangers du monde; sa pitié et son zèle en avaient conçu le plan, sa charité et son énergie en poursuivirent l'accomplissement à travers mille obstacles, dont le premier fut toujours une extrême pauvreté. Mais Thérèse Rondeau, la bonne mère Thérèse, comme l'appelaient ses filles, avait choisi le bon Dieu même pour trésorier, et, quels que fussent ses pressants besoins, elle ne s'inquiétait pas : la Providence, qui a promis de ne pas abandonner ceux qui espèrent en elle, devait y pourvoir; elle se répétait, alors qu'il n'y avait pas de pain dans sa maison, la parole évangélique: Quand avez-vous manqué de quelque

(1) Un volume avec portrait. Prix: 2 fr. 50 c. Chez Bray, 82, rue Bonaparte, Paris.

chose? Et le pain arrivait par des voies presque miraculeuses, le travail abondait, les constructions nécessaires s'élevaient, et, chose plus importante, les âmes se sauvaient et se sanctifiaient.

C'est une étude admirable et touchante que celle des travaux de cette sainte fille, qu'un homme éminent ne craignait pas de nommer une femme de génie, tant la fondation de Laval est ingénieusement combinée pour le but auquel elle est destinée; les jeunes filles y sont bien traitées, bien nourries, bien élevées, chrétiennement instruites; on les y forme au travail et à la vertu, et l'innocence, née du repentir, répare chez elles les premières fautes causées par l'abandon et la misère; elles sont bénies, elles sont heureuses; souvent elles sont saintes, et c'est à la Mère Thérèse qu'elles doivent tant de biens. Son œuvre a été féconde, et jusqu'en Pologne on a élevé des maisons de Miséricorde sur le modèle de la maison de Laval.

Nous recommandons à nos lectrices l'histoire de cette grande et bonne âme, qui vécut de notre temps et dont l'œuvre subsiste toujours : c'est une lecture intéressante et profitable

LE CHANCELLOR

PAR JULES VERNE (1).

Photographe de la vérité la plus terrible,

(1) Librairie Hetzel, 18, rue Jacob. Un joli volume, prix: 3 fr. 50 c.

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