Page images
PDF
EPUB

avaient des principes révolutionnaires qui se seraient propagés avec la rapidité de l'éclair dans tous les pays occupés tour à tour par des vainqueurs accueillis comme des libérateurs. Qu'aurait fait l'Angleterre avec ses flottes contre une telle conjuration? L'esprit s'effraie de l'alliance du génie de la Convention et de celui de Bonaparte, conspirant ensemble pour la liberté des peuples; mais ce n'était pas ainsi que la face du monde devait changer deux fois en vingt

années.

FIN DU LIVRE SECOND.

LIVRE TROISIÈME.

CHAPITRE PREMIER.

(1795.)

BONAPARTE EST NOMMÉ GÉNÉRAL DE DIVISION. — CONSTITUTION DE L'AN 11.

-BONAPARTE GÉNÉRAL EN CHEF DE L'ARMÉE D'ITALIE.

SON DÉPART POUR NICE. PIEMONT.

SON MARIAGE. FORCE DES ARMÉES BELLIGERANTES EN

DATER du 13 vendémiaire jusqu'à la chute de l'empire, la capitale ne sera plus le théâtre d'aucune insurrection, ni populaire ni royaliste; car la conspiration Mallet ne causa aucun tumulte, et ne fit que traverser Paris pour aller mourir à la plaine de Grenelle. Quant à la journée du 18 brumaire, qui substitua le gouvernement consulaire à celui du Directoire de la France, la capitale tout entière était du complot, et l'opposition fut

vaincue hors de ses murs par une manoeuvre militaire.

Le 16 octobre, le général Bonaparte fut nommé général de division. Le 25, la veille de sa dissolution, la Convention réunit solennellement la Belgique à la France; animée du même esprit qui avait créé dans cette année l'École Polytechnique, elle porta le décret de formation de l'Institut des Sciences et des Arts. La patrie reçut avec reconnaissance cette dernière création de la grandeur conventionnelle. Le dernier jour de sa puissance fut signalé par de hautes résolutions. Il semblait que la Convention eût été dépouillée tout à coup de sa nature terrible, pour revêtir toute la générosité du caractère national. Le 26, elle s'amnistiait elle-même en décrétant l'amnistie pour tous les délits révolutionnaires; et, chose remarquable, l'assemblée qui avait tant abusé de la mort prononça l'abolition de cette peine à la paix générale. Ainsi, une loi sans laquelle l'Europe n'aura jamais complété sa civilisation; une loi qui est la parole du christianisme; cette loi existe parmi nous, elle est due à la Convention! Hélas! à la paix de Paris, on oublia sans doute de proclamer cette belle loi, que par pudeur on n'a jamais osé rapporter. Le même jour, après ce noble adieu, après cette réparation à la France, après ce grand hommage à la morale et à la religion, la Convention termine son existence politique en se formant en corps électoral pour compléter par un nouveau tiers la députation nationale. Les trois tiers réunis se constituent en Corps législatif pour opérer leur division en deux conseils. On donne le château des Tuileries aux Anciens, la

salle du Manége aux Cinq-Cents. La quatrième législature proclamée nomme, sous le nom de Directoire, un conseil exécutif composé de cinq membres. Le choix tombe sur les conventionnels La RévéillièreLépaux, Letourneur de la Manche, Rewbell, Barras et Carnot. Le Directoire s'établit au palais du Luxembourg. Bonaparte, qui vient de conquérir la constitution de l'an III sur la faction aristocratique de Paris, reçoit le commandement en chef de l'armée de l'intérieur, que la nomination de Barras au Directoire a laissé vacant. Peu de jours après, marié avec madame Beauharnais, il est nommé général en chef de l'armée d'Italie. Cette armée a deux fois changé de chefs depuis le départ de Bonaparte. Dumerbion avait été remplacé par Kellermann, et Kellermann par Schérer. Mais celui-ci n'a pas su profiter des deux victoires du 23 et du 24 décembre, où Masséna, avec trente mille hommes, avait défait, à Loano, cinquante mille Austro-Sardes. Les forteresses de Finale, Vado, Savone, sont au pouvoir des Français; la route du Milanais est ouverte.

La coalition étrangère subsiste toujours contre nous; elle se compose de l'Angleterre, de l'Autriche, du Piémont, de Naples, de la Bavière, de tous les petits princes d'Allemagne, et de ceux de cette belle Italie dont Bonaparte, deux ans auparavant, a deviné la conquête. Mais, de toutes ces puissances, l'Autriche est la véritable ennemie qu'il faut combattre et sur les bords du Rhin et au-delà des Alpes. C'est aussi la seule guerre qui occupe le Directoire, et pour précipiter le succès de cette guerre, il en donne la conduite à un général de vingt-sept ans!

« PreviousContinue »