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ni aux affections de famille des généraux de Naples et de Madrid. Il refuse aux Espagnols de choisir parini eux le commandant de Toulon, et aux habitans d'y laisser arriver MONSIEUR, alors à Vérone. Le drapeau blanc n'est point arboré sur les forts; le drapeau tricolore y flotte encore jusqu'au 1" octobre.

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A cette époque, les militaires avançaient rapidement. Le comité de la guerre désirait si ardemment des succès dans le Midi, que, dans l'espace de trois mois, Cartaux, pour son occupation de Marseille, avait été successivement nommé général de brigade, général de division, et enfin général en chef. Il se trouvait à la tête de douze mille hommes, quand Toulon fut livré. Il en laissa quatre mille à Marseille, et avec les huit mille autres, il observa les gorges | d'Ollioules. Arrivés à Nice, Barras et Fréron, après leur fuite de Toulon, ordonnèrent à Brunet, général en chef de l'armée d'Italie, d'envoyer six mille hommes contre cette ville: on chargea Lapoype de les commander. Ainsi Toulon se trouvait menacé par une force égale à celle qui le défendait, avec cette différence, à l'avantage des assiégés, que ceux-ci avaient leurs troupes réunies, au lieu que l'occupation des montagnes du Faron par l'ennemi séparait et isolait absolument le corps de Cartaux de celui de Lapoype: cependant les deux corps se soutenaient en attaquant chacun de son côté. Cartaux marcha le 8 septembre sur les gorges d'Ollioules, et s'en empara; de son côté Lapoype parvenait à réarmer les batteries de la rade d'Hyères.

Alors le chef de bataillon Bonaparte fut envoyé à l'armée de Toulon par le Comité de salut public,

pour diriger l'artillerie du siége, en qualité de commandant en second. Le général Dammartin, qui commandait l'artillerie en chef à cette armée, était malade. Bonaparte arriva le 12 septembre au Bausset, où résidait le quartier - général de Cartaux. Il trouva l'armée absolument dépourvue de matériel et de personnel d'artillerie pour un siége aussi important. En moins de six semaines, sa prodigieuse activité créa toutes les ressources qui manquaient, et cent pièces de gros calibre furent réunies. Il fit placer le chef de bataillon Gassendi à la tête de l'arsenal de Marseille. Le chef de brigade Marescot commandait l'arme du génie. Bonaparte appela encore auprès de lui de bons officiers, parmi lesquels étaient Victor et Muiron. Mais il eut bientôt à combattre l'incapacité du général en chef, qui voulait faire exécuter à la lettre l'ordre arrivé de Paris, de brûler la flotte ennemie et de prendre Toulon en trois jours. En effet, Cartaux ordonne aut commandant d'artillerie de commencer le feu. Bonaparte lui répond que les batteries sont à deux ou trois portées de la rade et des ouvrages; mais Cartaux insiste le coup d'épreuve est tiré, et le boulet tombe à cent cinquante toises de la place. Les représentans du peuple aux armées du midi étaient : Barras et Fréron, à celle d'Ita- lic; Ricord et Robespierre jeune à celle des Alpes; Salicetti, Albitte et Gasparin à celle de Toulon; celui-ci avait été capitaine de dragons: il entendait la guerre; il avait deviné la supériorité du commandant d'artillerie. Cette disposition favorable de Gasparin fut la véritable cause de la prise de Toulon, par l'accord qui régna constamment entre lui et Bonaparte

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qui se louait moins d'Albitte et de Salicetti. Il avait établi deux batteries sur le bord de la mer; l'une appelée batterie de la Montagne, l'autre batterie des Sans-Culottes: c'était la couleur du temps. Le 14 octobre, deux colonnes ennemies débouchèrent pour s'en saisir. Bonaparte accourut, accompagné d'Almeyras, aide-de-camp de Cartaux, enleva les troupes et sauva les batteries. Le lendemain, Lapoype s'empara du camp Brun.

Le même jour, 15 octobre, un plan d'attaque rédigé par le général Darçon, homme d'une réputation européenne, arriva de Paris, et fut l'objet d'un conseil de guerre extraordinaire. Ce plan supposait l'investissement de Toulon par soixante mille hommes, tandis qu'avec les renforts venus de l'armée de Lyon, l'armée de Toulon ne se montait tout au plus qu'à trente mille. Le Comité prescrivait, en conséquence de cette supposition de forces, des opérations inexécutables d'attaque sur tous les points occupés par l'ennemi du côté de la terre. Bonaparte ouvrit au conseil un avis tout opposé: il prouva que si l'on pouvait bloquer Toulon par mer comme par terre, la place tomberait. Pour effectuer ce blocus, il proposa d'établir sur les promontoires de Balaguier et de l'Eguillette deux batteries destinées à foudroyer la grande et la petite rade. Les Anglais, qui, de même que Bonaparte, regardaient cette position comme très-importante, avaient fait des travaux prodigieux au fort Mulgrave, qui lui était opposé. Trois mille hommes de leurs meilleures troupes et quarantequatre pièces de gros calibre défendaient le fort, auquel ils avaient aussi donné le nom de Petit-Gi

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