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« Radstadt. Avant de partir, il a envoyé au Directoire

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exécutif, à Paris, le drapeau de l'armée d'Italie qui << sera présenté par le général Joubert. Il y a sur une << face de ce drapeau : A l'armée d'Italie la patrie re«< connaissante. Sur l'autre côté sont les noms de tous << les combats qu'a livrés et de toutes les villes qu'a prises << l'armée d'Italie. On remarque entre autres les inscrip«<tions suivantes : Cent cinquante mille prisonniers, dix-sept mille chevaux, cinq cent cinquante pièces de siége, six cents pièces de campagne, cinq équipages de ponts, neuf vaisseaux de cinquante-quatre canons, << douze frégates de trente-deux, douze corvettes, dix« huit galères; armistice avec le roi de Sardaigne, << convention avec Gênes; armistice avec le duc de « Parme, avec le duc de Modène, avec le roi de Naples, avec le pape; préliminaires de Léoben; <«< convention de Montebello avec la république de Gênes; traité de paix avec l'empereur à Campo<<< Formio; donné la liberté aux peuples de Bologne, << Ferrare, Modène, Massa-Carrara; de la Romagne, «< de la Lombardie, de Brescia, de Bergame, de « Mantoue, de Crême, d'une partie du Véronais, de « Chiavenna, Bormio, et de la Valteline; au peuple <«< de Gênes, aux fiefs impériaux, au peuple des départemens de Corcyre, de la mer Égée et d'Ithaque.

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Envoyé à Paris tous les chefs-d'œuvre de MichelAnge, de Guerchin, du Titien, de Paul Véronèse, Corrège, Albane, des Carrache, Raphaël, Léonard « de Vinci, etc, etc.

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« Ce monument de la gloire de l'armée d'Italie, suspendu aux voûtes de la salle des séances publi

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HISTOIRE DE NAPOLÉON.

<< ques du Directoire exécutif, attestera encore les

<< exploits de nos guerriers, quand la génération présente aura disparu. »

Tels furent les adieux de Bonaparte à l'illustre armée d'Italie.

FIN DU LIVRE TROISIÈME.

CHZATION

ΚΟΥΡΤΕ

LIVRE QUATRIÈME.

CHAPITRE PREMIER.

(Du 15 octobre 1797 au 9 mai 1798.)

CONGRÈS DE RADSTADT. — BONAPARTE REVIENT A PARIS. SA RÉCEPTION SOLENNELLE AU LUXEMBOURG. IL PART POUR L'ARMÉE D'ANGLETERRE. - LE DIRECTOIRE FAIT MARCHER DEUX ARMÉES, L'UNE SUR LA SUISSE, L'AUTRE SUR ROME. -CHANGEMENT DE GOUVERNEMENT DANS CES DEUX ÉTATS. LE GÉNÉRAL BONAPARTE EST NOMMÉ GÉNÉRAL EN CHEF DE L'ARMÉE DE TOULON. AFFAIRE DE BERNADOTTE A VIENNE. DÉPART DE BONAPARTE POUR TOULON..

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ONAPARTE quitta Milan le 15 novembre, et le même jour il alla descendre à Turin chez le citoyen Ginguené, ministre de la république. Il crut convenable, en refusant de paraître à la cour, de se dérober à la reconnaissance du roi de Sardaigne, dont le traité venait enfin d'être ratifié Directoire. Il franchit le Mont-Cenis, et se dirigea sur Radstadt par Genève et le pays de Vaud, où on

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lui rendit des hommages publics en souvenir de l'indépendance qu'il avait fait donner aux Valtelins: ces hommages étaient intéressés de la part des Vaudois. Ensuite il traversa Berne qui ne pouvait pas l'accueillir avec le même transport, passa le Rhin à Bâle et entra dans Radstadt; il y fut reçu par les plénipotentiaires Treilhard et Bonnier. L'empire avait trois représentans au congrès le comte de Metternich, pour l'empereur d'Allemagne; le comte de Erbach, pour le Cercle d'Autriche; et le comte de Cobentzel, pour l'empereur d'Autriche. Tous les princes d'Allemagne avaient aussi leurs fondés de pouvoirs. La Suède, qui paraissait en qualité de médiatrice et de garant du traité de Westphalie, n'avait pas été heureuse dans le choix de son ambassadeur, le comte de Fersen, ex-colonel du régiment français Royal-Suédois, et si connu par son opposition à la révolution : le général Bonaparte lui défendit de reparaître. De grandes difficultés s'annonçaient par la foule des plaintes et des demandes que formaient les princes dépossédés sur la rive gauche du Rhin. La cession de Mayence commença le procès : il fallut toute la puissance autrichienne pour imposer silence sur cette réclamation, dont la justice ne pouvait être contestée. Fatigué déjà de la perspective des obstacles qui devaient à chaque pas entraver la négociation qu'il présidait au nom de la France, Bonaparte se hâta de conclure, le 1" décembre, la convention pour la remise de Mayence aux troupes de la république, et pour la remise de Palma-Nova et de Venise aux troupes autrichiennes. Après la signature de ce traité purement militaire, qui com

plétait celui de Campo-Formio, il déclara à Treilhard et à Bonnier qu'il regardait sa mission comme finie. Le 5 décembre, il arriva à Paris incognito et descendit dans sa petite maison de la rue Chantereine, que par une délibération spontanée le corps municipal appela rue de la Victoire.

Moins indépendant que les municipaux de la capitale, le Conseil des Anciens ne put décréter l'acte par lequel son comité décernait, à titre de récompense nationale, au héros pacificateur, le domaine de Chambord et un grand hôtel à Paris. Le Directoire voulut se charger seul de la reconnaissance publique. Mais bientôt il comprit tout son danger en voyant de quel enthousiasme universel Bonaparte devenait l'objet. Le peuple, les soldats, exprimaient leur admiration par des cris de joie sur son passage, par des chansons où ils célébraient ses exploits. Le Directoire s'effraya justement de cette puissance de la gloire, à laquelle il dut se soumettre lui-même, trop faible qu'il était pour l'honorer dignement ou pour la braver. Toute sa politique se réfugia dans une fête extraordinaire, triomphale, inusitée, dont la pompe excessive montra tout autre chose que de la grandeur. Cette exagération de la gratitude directoriale ne trompa personne, ni celui qu'elle regardait, ni la foule toujours éclairée des spectateurs. La remise du traité par Bonaparte servit de prétexte à cette fète. Elle eut lieu le 20 frimaire (10 décembre) au palais du Luxembourg, en présence des ambassadeurs d'Espagne, de Naples, de Sardaigne, de Prusse, de Danemarck, de la porte Ottomane, des ministres des républiques batave, cisalpine,

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