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teau à tout prix et d'y arrêter Alvinzi, qui compte enlever avec sa nombreuse armée la petite division qu'on lui oppose; mais le vieux général ne savait pas que son jeune adversaire l'attendait derrière la position de Joubert, et que Masséna opérait sur sa gauche l'immense supériorité de ses forces donne à l'Autrichien la confiance qui doit le perdre. Le général Bonaparte connaît tout le projet des ennemis: il sait qu'on marche contre nous avec deux corps : le principal sur Monte-Baldo, c'est celui que commande Alvinzi; et l'autre, plus faible, conduit par Provera, sur le bas Adige. Augereau est chargé, à Legnago, de fermer à ce dernier le passage de la rivière. Il écrit, le 15, au général en chef: « La journée s'est << passée à faire des dispositions pour couper la re<< traite à la colonne de Provera. J'espère apprendre << demain qu'il est battu complètement. Je le défie « de percer sur l'Adige....

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Alvinzi s'avance vers le plateau de Rivoli, dans le dessein de se réunir avec sa cavalerie et son artillerie. Il n'y a pas un moment à perdre pour l'assaillir avant qu'il ait atteint son but. Cette nécessité n'échappe point à la sagacité du général en chef, et donne lieu au mouvement de nuit qui le précipite, à marches forcées, lui et les siens, sur Rivoli. Joubert avait reçu l'ordre de tenir le plateau jusqu'au dernier instant; mais, menacé de tous côtés et pressé de front par douze mille Autrichiens, Joubert était en retraite, quand il reçut un nouvel ordre impératif du général en chef de reprendre le plateau de Rivoli, où fort heureusement l'ennemi n'avait pas encore eu le temps d'arriver. Bonaparte y arrive lui-même, à toute

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course, après minuit; il précède son armée de quelques heures. Il profite d'un beau clair de lune pour observer les forces de son adversaire, et juge, sur les feux de bivac, qu'il a devant lui plus de quarante mille hommes; c'est deux, contre un; mais nous avons soixante bouches à feu et de la cavalerie. Il a compté cinq camps et quatre colonnes d'attaque, dont une, celle de Lusignan, la plus éloignée, paraît destinée à cerner par derrière le plateau de Rivoli. Une autre colonne qu'il importe surtout d'empêcher de prendre part à l'action, est celle de la cavalerie et de l'artillerie; elle marche sous les ordres de Quasdanowitch, avec quatorze bataillons et tous les bagages de l'armée. Elle attendait le jour, ou plutôt le mouvement d'Alvinzi, pour faire sa jonction. Sur la rive gauche de l'Adige, Wukassowitch commande la troisième colonne. Alvinzi, qui ne voit devant lui que la division Joubert, est loin de croire que ce général doit l'attaquer cette nuit même.

Tel est cependant l'ordre que reçoit Joubert. Il reprend l'offensive, et à quatre heures du matin il occupe la chapelle Saint-Marc, qu'il a dû évacuer la veille. La grande bataille est livrée; Joubert poursuit son succès, et refoule sur les hauteurs la quatrième colonne. La troisième s'ébranle, et paraît sur les sommités de gauche du plateau; elle est repoussée par l'artillerie française; mais une de nos brigades se trouve tout à coup débordée et rompue. Heureusement la division Masséna vient d'arriver au village de Rivoli, où elle se repose de sa marche nocturne. Bonaparte court la chercher, et en une demi-heure la troisième colonne autrichienne a subi le sort de la

quatrième. La seconde, disposée par Alvinzi pour l'attaque de la gauche du plateau, s'avance dans l'espoir de rétablir le combat. Quasdanowitch, à la tête de la cavalerie et de l'artillerie, voyant Joubert engagé avec sa division, en avant de la position de Saint-Marc, juge le moment favorable pour s'en emparer; la victoire échappe aux Français s'il parvient à se déployer. Il ordonne à trois bataillons d'escalader les hauteurs où cette chapelle est assise; deux autres les soutiennent pour favoriser le passage de l'artillerie et de la cavalerie. A cet aspect, Joubert détache en toute hâte trois bataillons, qui préviennent l'ennemi, et le rejettent, avec une perte considérable, dans le fond de la vallée. Le plateau est défendu vigoureusement par quinze pièces d'artillerie, et les charges audacieuses et brillantes des colonels Leclerc et Lasalie achèvent la déroute de l'armée d'Alvinzi; elle est culbutée dans les ravins. L'éruption d'un caisson, causée par un de nos obus, accrut encore le désordre de cette armée. Sept mille hommes tombent en notre pouvoir, ainsi que douze pièces de canon qui avaient pu déboucher sur le mouvement de Quasdanowitch. Tout le reste de sa colonne, ainsi que celle de Wukassowitch, qui n'ont pas trouvé passage, furent témoins de la déroute d'Alvinzi, sans pouvoir lui porter secours. Cependant, suivant les ordres d'Alvinzi, Lusignan, avec sa colonne intacte, parait sur les derrières de l'armée victorieuse. On ne peut définir le transport, qui poussa soudain cette armée, prise à revers et subitement, à s'écrier: « Ceux-ci sont encore à nous!» Et en effet, contre toutes les chances de la position et celles de

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