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Wurmser. Après avoir reconnu l'armée ennemie devant Castiglione, et décidé la position de la bataille pour le lendemain 5, le général français se rendit à Lonato, afin de presser le mouvement de toutes ses troupes sur Castiglione. L'ennemi, battu dans les journées du 1er et du 3 août, était poursuivi avec acharnement, et perdait des bataillons entiers qui déposaient les armes. Une de ses colonnes, avertie qu'il n'y avait à Lonato qu'un millier de Français, s'y porta tandis que le général Bonaparte y entrait. Le parlementaire qui venait sommer la petite garnison française fut amené au général en chef. Bonaparte lui fit débander les yeux, le reçut au milieu de son nombreux état-major, et lui dit : « Allez dire « à votre général que je lui donne huit minutes pour « poser les armes; il se trouve au milieu de l'armée

française; passé ce temps, il n'aurait rien à espé<< rer. >> Cette ruse audacieuse réussit. Le général autrichien, effrayé, se rend avec deux mille hommes et quatre pièces de canon. Pendant que la présence d'esprit du général Bonaparte lui livrait une colonne autrichienne une fois plus forte que la sienne, ses troupes surprenaient aussi le camp de Quasdanowitch à Gavardo, et mettaient en fuite quinze mille Autrichiens. L'armée française se rallia, et la nuit elle fut concentrée sur Castiglione. C'était préluder à d'illustres succès par des auspices bien heureux.

Le 5, au point du jour, notre armée forte de vingtcinq mille hommes, égale à celle de Wurmser, était sur les hauteurs qui dominent cette place. Bonaparte avait donné ordre au général Serrurier de marcher

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la nuit, et de tomber au jour sur les derrières de Wurmser. Ce mouvement fut exécuté par Fiorella, qui remplaçait Serrurier, malade. Son canon surprit les Autrichiens, qui croyaient n'avoir rien laissé derrière eux; ils furent étonnés par cette agression imprévue. Bonaparte avait bien calculé cet effet moral; il se précipita sur l'ennemi: Masséna attaqua la droite, Augereau le centre, Fiorella la gauche. Wurmser fut repoussé en désordre sur la rive gauche du Mincio, d'où il communiquait avec Mantoue. Mais Augereau se porta sur Borghetto, et Masséna sur Peschiera, qui était bloquée. Le général Guillaume se trouvait dans cette place avec quatre cents hommes, et en avait fait murer les portes. A la tête de la 18 demi-brigade de ligne, le colonel Suchet mit les Autrichiens en déroute, leur prit dix-huit canons, et délivra Peschiera. Bonaparte poursuivit ses succès sur Vérone, où était Wurmser. Les portes furent brisées à coups de canon; les Français envahirent la ville, et y firent un grand nombre de prisonniers. Wurmser avait perdu la ligne du Mincio; il se concentra sur Monte-Baldo. Masséna força cette belle position et reprit la Corona. Rejeté sur le Tyrol italien, Wurmser se retira à Roveredo et à Trente avec la moitié de son armée. Du 29 juillet au 12 août, il avait perdu soixante-dix pièces de canon et quarante mille hommes dont quinze mille prisonniers. Il est vrai qu'il avait ravitaillé Mantoue, où il avait laissé une bonne garnison de quinze mille hommes, et que l'armée française ne pouvait réparer la perte de l'immense artillerie de siége laissée devant cette ville: aussi le général Bonaparte dut

il se contenter d'ordonner un étroit blocus dont il chargea encore la division Serrurier, commandée par le général Sahuguet. Le 24 août, l'ennemi, chassé de toutes ses positions extérieures, était refoulé dans la place. Ce fut le second blocus de Mantoue.

Dans les trois premiers jours de la marche de Wurmser, où la division de Masséna, forcée par le nombre, avait dû abandonner à la fin plusieurs de ses positions, le général Bonaparte connut l'esprit de l'Italie; ces jours furent des jours d'épreuve pour la fidélité des princes avec lesquels il avait traité. Le pape donna le premier l'exemple de la perfidie; il crut au triomphe des Autrichiens, et cessa de croire au traité de Tolentino. Son infaillibilité se trouva en défaut, et l'honneur de la tiare fut compromis. Aussitôt après la levée du siége de Mantoue, le cardinal Mattei, archevêque de Ferrare, avait prêché l'insurrection, et il était entré à main armée dans la citadelle de cette ville. Six jours après, la victoire de Castiglione couronna nos armes. Le cardinal, mandé à Brescia par le général en chef, vint, s'humilia devant le vainqueur, et lui dit ce scul mot: peccavi. Bonaparte l'envoya, en punition ecclésiastique, pendant trois mois dans un séminaire. La régence de Modène avait partagé la confiance du Saint-Siége; les oligarchies de Gènes et de Venise avaient également rêvé la ruine des Français. Une armée napolitaine, malgré la récente négociation du prince Pignatelli, se préparait à marcher aussi sur l'État romain, pour donner, d'un côté, la main aux Autrichiens, et de l'autre aux Anglais qui assiégeaient Livourne. On

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