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CHEZ

A PARIS,

FIRMIN DIDOT PÈRE ET FILS, Libraires,
rue Jacob, no 24;

LOUIS JANET, Libraire, rue St-Jacques, no 59;
BOSSANGE PÈRE, Libraire, rue de Richelieu, no60;
VERDIÈRE, Libraire, quai des Augustins, no 25.

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DE L'IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT,

IMPRIMEUR DU ROI, ET DE L'INSTITUT, RUE JACOB,

N° 24.

mm

M DCCC XXIII.

LENOX LIBRARY

NEW YORK

ÉLOGE DE ROLLIN,

PAR M. DE BOZE,

LU DANS L'ASSEMBLÉE PUBLIQUE DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES,

LE 14 NOVEMBRE 1741.

000

CHARLES ROLLIN, Second fils de Pierre Rollin, maître coutelier à Paris, y naquit le 30 janvier 1661, et fut destiné, comme son frère aîné, à suivre la profession du père, qui leur fit avoir à l'un et à l'autre des lettres de maîtrise dès leur plus tendre jeunesse.

Un bénédictin des Blancs - Manteaux, dont il allait souvent entendre ou servir la messe, parce que leur église était dans le voisinage, fut le premier qui aperçut en lui de grandes dispositions pour les lettres. Il connaissait la mère, qui était en son genre une femme de mérite : il lui parla, et lui dit qu'il fallait absolument qu'elle le fit étudier. Un sentiment intérieur lui en disait bien aussi quelque chose; mais des raisons plus fortes en apparence s'y opposaient toujours. Elle était devenue veuve, sans nulle ressource du côté de la fortune que la continuation du commerce de son mari. Ses enfants pouvaient seuls l'aider à le soutenir, et elle se trouvait hors d'état de faire pour aucun d'eux les frais d'une autre éducation.

Le bon religieux, bien loin de se rebuter, continua ses instances: et le principal obstacle ayant été levé par l'obtention d'une bourse du collége des Dix-Huit, le sort du jeune Rollin fut décidé en conséquence; et dès-lors il parut tout autre, même aux yeux de sa mère.

Elle commença par trouver plus d'esprit et plus de délicatesse dans les marques de son respect et de sa soumission. Elle fut ensuite sensible à ses progrès, qu'on lui annonçait de toutes parts, et dont on ne lui parlait qu'avec une sorte d'étonnement et ce qui ne la flatta pas moins sans doute, ce fut de voir les parents de ses compagnons d'étude, les plus distingués par leur naissance ou par le rang qu'ils tenaient dans le monde, envoyer ou venir eux-mêmes la prier de trouver bon que son fils passât avec eux les jours de congé, et fût associé à leurs plaisirs comme à leurs exercices.

A la tête de ces parents illustres était M. Le Pelletier, le ministre, dont les deux fils aînés avaient trouvé un redoutable concurrent dans ce nouveau venu. Leur père, qui connaissait mieux qu'un autre les avantages de l'émulation, ne chercha qu'à l'augmenter. Quand le jeune boursier était empereur, ce qui lui arrivait souvent, il lui envoyait la même gratification qu'il avait coutume de donner à ses fils, et ceux-ci l'aimaient quoique leur rival: ils l'amenaient chez eux dans leur carrosse, ils le descendaient chez sa mère quand il y avait affaire, ils l'y attendaient ; et un jour qu'elle remarqua qu'il prenait sans façon la première place, elle voulut lui en faire une forte réprimande, comme d'un manque de savoir-vivre; mais le précepteur répondit humblement que M. Le Pelletier avait réglé qu'on se rangerait toujours dans le carrosse suivant l'ordre de la classe.

Cet échantillon du succès des études de M. Rollin de

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