Page images
PDF
EPUB

Rome;'et c'est apparemment ce que le préteur voulait

dire.

P. 429.

M. Bossuet, l'honneur du clergé de France, fait une Discours sur remarque sur les livres de religion de tous les peuples l'Hist. univ. anciens, que je ne puis m'empêcher d'insérer ici. « Les livres, dit-il, que les Égyptiens et les autres peuples appelaient divins sont perdus il y a long-temps, et à peine nous en reste-t-il quelque mémoire confuse dans les histoires anciennes. Les livres sacrés des Romains, où Numa, auteur de leur religion, en avait écrit les mystères, ont péri par les mains des Romains mêmes, et le sénat les fit brûler, comme tendant à renverser la religion. Ces mêmes Romains ont à la fin laissé périr les livres sibyllins, si long-temps révérés parmi eux comme prophétiques, et où ils voulaient qu'on crût qu'ils trouvaient les décrets des dieux immortels sur leur empire, sans pourtant en avoir jamais montré au public, je ne dis pas un seul volume, mais un seul oracle. Les Juifs ont été les seuls dont les écritures sacrées ont été d'autant plus en vénération, qu'elles ont été plus connues. Des tous les peuples anciens, ils sont le seul qui ait conservé les monuments primitifs de sa religion, quoiqu'ils fussent pleins des témoignages de leur infidélité et de celle de leurs ancêtres. Et aujourd'hui encore, ce même peuple reste sur la terre pour porter à toutes les nations où il a été dispersé, avec la suite de la religion, les miracles et les prédictions qui la rendent inébranlable. »>

On a pu remarquer, dans les deux règnes de Ro

Duo deinceps reges, alius alià vià, ille bello, hic pace, civitatem auxerunt.. Tum valida, tum tempe

rata et belli et pacis artibus erat ei-
vitas. » (Liv. lib. 1, cap. 22.)

gouverne

ment

de Rome.

Principes du mulus et de Numa, qui établirent et fortifièrent Rome, l'un par la guerre, l'autre par la paix, presque tous les principes mis depuis en pratique par les Romains, soit pour le gouvernement public, soit pour la conduite particulière, un grand respect pour la sainteté du serment, pour le culte des dieux, et pour toutes les cérémonies de religion; un soin particulier de n'entreprendre que de justes guerres, de faire servir la victoire à s'associer les vaincus par le droit de bourgeoisie, et d'établir dans les pays conquis de nombreuses colonies; un goût déclaré et une heureuse habitude pour une vie simple, pauvre, frugale, laborieuse, également propre et aux pénibles travaux de l'agriculture, et aux durs exercices de la guerre, qui faisaient presque toute leur occupation : en sorte qu'on pouvait dire des Romains, en un certain sens, que c'était un peuple de laboureurs et de soldats.

ARTICLE III.

REGNE DE TULLUS HOSTILIUS.

Tullus partage des terres aux pauvres citoyens. Il
enferme le mont Célius dans la ville. Guerre
contre les Albains. Elle est terminée par
le com-
bat singulier des Horaces et des Curiaces. Horace
tue sa sœur. Trahison et supplice de Suffétius.
Albe rasée : ses citoyens réunis à ceux de Rome.
Guerre contre les Sabins: puis contre les Latins.
Grande peste à Rome. Mort de Tullus Hostilius.

Après la mort de Numa et un assez court interrègne, le peuple choisit pour roi Tullus Hostilius. Ce choix fut confirmé par le sénat, et reçu avec une approbation générale. Il était originaire de Médullie, ville que les Albains avaient bâtie, et que Romulus avait fait colonie romaine après l'avoir réduite sous son obéissance. Son grand-père, qui se nommait Hostus Hostilius, et qui se distingua, comme nous l'avons vu, dans la bataille contre Tatius, où il fut tué, était un homme illustre par ses richesses et par sa naissance, qui étant venu s'établir à Rome, y épousa une Sabine, fille d'Hersilie. Ce fut cette Hersilie qui conseilla aux dames de sa nation d'aller se jeter au milieu des troupes pour réconcilier les Romains avec les Sabins.

[blocks in formation]

Il partage des terres

Dès que Tullus fut monté sur le trône, il fit une action mémorable qui lui gagna le cœur des pauvres et aux pauvres des artisans. Les deux rois ses prédécesseurs jouissaient

citoyens.

Il enferme le mont Cé

ville.

d'une grande et fertile campagne qui faisait partie de
leur domaine particulier, et dont les revenus étaient
employés aux frais de leurs sacrifices, et à la depense
de leur table. Tullus permit qu'on en fit le partage |
entre ceux qui n'avaient point de fonds de terres,
disant que son patrimoine était plus que suffisant pour
toutes les dépenses qu'il aurait à faire.

En même temps, pour subvenir aux besoins de ceux lius dans la qui n'avaient pas de quoi se loger, il renferma le mont Célius dans l'enceinte de Rome. Là, tous les Romains qui n'avaient pas de domicile se bâtirent une demeure. Il y établit lui-même son palais, et plusieurs des principaux citoyens s'y établirent aussi. C'est tout ce que Tullus fit de considérable dans le gouvernement politique durant la paix.

Guerre contre les

Elle ne fit pas l'objet de ses désirs pendant son règne. Albains. Loin de ressembler en ce point à Numa son prédéces cap. 22-26. seur, il témoigna plus d'ardeur pour la guerre que

Liv. lib. 1,

Dionys. 1. 3,

p. 136-160. Romulus même. Son âge, sa constitution robuste, la gloire de son aïeul, tout lui inspirait un courage martial. Persuadé qu'un long et ignoble loisir ne manquerait pas d'affaiblir et d'énerver les Romains, il n'attendait qu'une occasion de leur faire prendre les armes. Elle se présenta bientôt. Cluilius, dictateur d'Albe, jaloux des prospérités de Rome, donna secrètement commission à des gens sans aveu de piller les terres des Romains, dans l'espérance que cette première démarche pourrait produire une rupture entre les deux peuples. Ce qu'il souhaitait arriva. Ceux qui étaient offensés

Le mont Célius avait déja été ajouté à la ville par Romulus et Tatius; mais ce fut apparemment d'a

bord un simple faubourg. Ici il est enfermé dans l'enceinte des murailles.

coururent à la vengeance; et Cluilius, attentif au
succès de ce piége, persuada à ses compatriotes que
ce qui n'était véritablement qu'une représaille était
une insulte, et qu'il la fallait repousser les armes à la
main. Et afin que cette infraction parût un acte de
justice, avant que de déclarer la guerre,
de déclarer la guerre, il engagea la
ville d'Albe à envoyer des ambassadeurs pour demander
réparation de l'offense. Il prétendait ainsi satisfaire à
un traité conclu entre Rome et Albe sous le règne de
Romulus, par lequel les deux peuples étaient convenus
de ne se point faire la guerre, et avaient réglé que, si
l'un se prétendait lésé par l'autre, il demanderait jus-
tice à l'offenseur; mais que, s'il ne l'obtenait pas, il
lui serait alors permis de se la faire lui-même par les

armes.

Hostilius, du moins aussi fin que son ennemi, dont il découvrait l'artifice, reçut ces ministres publics avec une démonstration de civilité qui les trompa; et les retenant auprès de lui sous divers prétextes, il gagna assez de temps pour envoyer à leur insu ses ambassadeurs à Albe se plaindre de la paix violée, et exiger une satisfaction proportionnée à l'injure. Cluilius répondit avec toute la hauteur d'un homme déterminé à faire la guerre. Après le retour des ambassadeurs romains, Hostilius donna audience à ceux d'Albe, se plaignit de la réponse fière de leur dictateur, et déclara que, puisqu'ils désiraient la guerre, il la leur déclarait le premier, et qu'ils s'attendissent à la voir incessamment

commencer.

Av. J.C.667.

On se mit bientôt en campagne de part et d'autre. AN. R. 85. Les Albains vinrent camper à cinq milles de Rome, dans un lieu qu'on appela depuis le fossé de Cluilius.

« PreviousContinue »