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Jésus-Christ, le cadastre du pays situé au nord du Chott El-Fedjedj a été dressé par la légion III' Auguste, suivant la méthode des arpenteurs romains.

M. Paul Monceaux présente à l'Académie les principaux résultats de ses recherches sur la versification à tendances populaires des chrétiens d'Afrique. Il étudie successivement le rythme des inscriptions métriques, des œuvres de Ĉommodien, de plusieurs poèmes d'époque vandale ou byzantine. Il insiste sur l'importance de l'ouvrage de saint Augustin intitulé Psalmus contra partem Donati. Le vers de ce psaume présente déjà les traits essentiels du vers romain. C'est un vers de seize syllabes qui est régulièrement coupé en deux parties de huit syllabes chacune, et qui a pour principes l'isosyllabie, la césure régulière, la rime ou l'assonance, l'accent fixe à la fin du vers et de l'hémistiche.

COMMISSIONS. L'Académie a élu les commissions annuelles suivantes :

Travaux littéraires. MM. Delisle, Bréal, Barbier de Meynard, Senart, P. Meyer, d'Arbois de Jubainville, Alfred Croiset, de Lasteyrie.

Antiquités de la France. MM. Delisle, P. Meyer, Héron de Villefosse, Longnon, P. Viollet, de Lasteyrie, Thédenat, Lair.

Écoles françaises d'Athènes et de Rome. MM. Heuzey, Foucart, P. Meyer, Boissier, Homolle, Collignon, Pottier, Chatelain.

École française d'Extrême-Orient. MM. Bréal, Barbier de Meynard, Senart, Hamy, Barth, Chavannes.

Fondation Benoît Garnier. MM. Barbier de Meynard, Senart, Hamy, Barth. Fondation Piot. MM. Delisle, Heuzey, Héron de Villefosse, Saglio, de Lasteyrie, Homolle, Collignon, Babelon, Pottier.

Prix Gobert. MM. Longnon, Paul Viollet, Lair, Élie Berger.

Prix ordinaire. MM. Barbier de Meynard, Senart, Barth, Chavannes.

Prix Duchalais. MM. le marquis de Vogüé, Schlumberger, Longnon, Babelon.

Prix Bordin. MM. Delisle, P. Meyer, Schlumberger, Lair.

Prix Fould. MM. Saglio, Collignon, Babelon, Pottier.

Prix Brunet. MM. Delisle, de Lasteyrie, Emile Picot, Omont.

Prix Stanislas Julien. MM. Barbier de Meynard, Senart, Barth, Chavannes.

Prix Delalande-Guérineau. MM. Boissier, Alfred Croiset, Bouché-Leclercq, Châtelain.

Prix de La Grange. MM. Delisle, P. Meyer, Longnon, Émile Picot.
Prix Saintour. MM. Barbier de Meynard, Senart, Barth, Chavannes.

Prix Prost. MM. d'Arbois de Jubainville, Longnon, le duc de La Trémoïlle, Lair.

Commission chargée d'examiner diverses questions relatives au règlement. MM. Delisle, Barbier de Meynard, Héron de Villefosse, Senart, Heuzey, Lair.

- L'Académie a accordé, sur les arrérages de la fondation Benoît Garnier, 3,000 francs à M. de Motylenski (mission saharienne) et 12,000 francs à M. Pelliot (mission du Turkestan).

L'Académie a décidé qu'il n'y avait pas lieu de décerner cette année le prix Duchalais, vu l'insuffisance des ouvrages présentés à ce concours.

ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.

Dictionnaire des Beaux-Arts. M. O. Merson a donné une deuxième lecture de l'article Genre (peinture de genre), qui a été adopté.

Prix Troyon à décerner en 1907. Sujet adopté : « Le labour.»

L'Académie a été informée que des comités s'étaient formés pour élever des monuments à la mémoire de MM. Paul Dubois et Bouguereau.

ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

Nécrologie. M. ÉMILE BOUTMY, directeur de l'École libre des Sciences politiques, est décédé à Paris le 25 janvier 1906. M. Boutmy avait été élu, le 25 juin 1880, membre libre de l'Académie, puis le 25 mars 1898, membre de la Section de morale.

Élection. L'Académie a élu, le 13 janvier, M. ÉMILE BOIRAC correspondant de la Section de philosophie, en remplacement de M. Hannequin, décédé.

Communications. 13 janvier. M. Lallemand achève la lecture d'un mémoire sur le régime des hôpitaux au moyen âge.

M. Worms lit un mémoire sur les vicissitudes de la puissance paternelle.

20 janvier. M. le comte d'Haussonville fait une communication sur les difficultés que rencontre dans l'état de nos lois la constitution de la tutelle des mineurs sans famille.

COMMISSIONS MIXTES. L'Académie a élu les commissions suivantes :

Prix Halphen. MM. Th. Ribot, Bérenger, Esmein, F. Passy, Himly, Rostand. Prix Ernest Thorel. MM. Brochard, Gebhart, Esmein, P. Leroy - Beaulieu, Luchaire, L. Passy.

Prix F.-J. Audiffred (ouvrages). MM. Th. Ribot, Gebhart; de Franqueville, Stourm, Chuquet, Monod.

Prix J.-J. Berger. MM. Lachelier, Boutmy, Aucoc, Cheysson, Chuquet, Babeau. Prix Carlier. MM. Boutroux, Joly, L. Renault, Beauregard, Fagniez, A. LeroyBeaulieu.

Prix Corbay. MM. Espinas, A. Ribot, Glasson, de Foville, Sorel, Doniol.

Prix F.-J. Audiffred (actes de dévouement). MM. Liard, d'Haussonville, Lyon Caen, Levasseur, Rocquain, Charmes.

Fondations Carnot et Gasne. MM. Bergson, Espinas, Berenger, Joly, Bétolaud, Lyon Caen, d'Eichthal, Beauregard, Rocquain, Fagniez, Lefébure, Babeau.

PUBLICATIONS DE L'INSTITUT.

Institut de France. Académie française. Discours prononcé dans la séance publique tenue par l'Académie française pour la réception de M. Etienne Lamy, le 11 janvier 1906. 1 broch. in-4°. Paris, 1906. H. D.

MUSÉE CONDÉ.

LE MUSÉE CONDÉ EN 1905.

M. Alfred Mézières, président du Conseil des Conservateurs du Musée Condé, a présenté de vive voix, à la séance trimestrielle de l'Institut, tenue le 24 janvier 1906, un rapport dont il a bien voulu retracer pour nous les lignes principales :

Le Musée Condé a rencontré auprès du public la même faveur que les années précédentes; c'est un succès soutenu et continu, et il est à prévoir qu'il en sera toujours de même. Pendant les cinq années qui ont suivi l'année exceptionnelle de 1900, l'affluence a été la même, on peut donner comme moyenne normale le chiffre de 50,000 visiteurs pour le dimanche et le jeudi. Il n'y a eu aucun incident à signaler au cours de ces visites; la bonne tenue du public doit être hautement reconnue, même aux jours de grande foule; le sentiment qui domine est l'émerveillement causé par l'œuvre de M. le duc d'Aumale; on entre dans le château avec curiosité, on en sort avec respect; et la promenade à travers le parc achève d'opérer le charme.

Les entrées du samedi ont été même plus nombreuses que les années précédentes; elles se sont élevées à 3,175, contre 2,631 en 1904, 2,554 en 1903, 2,840 en 1902, et 2,214 en 1901. Et elles n'avaient été que 2,756 en 1900, l'année de l'Exposition. On sait que le produit des entrées du samedi, déduction faite des frais de gardiennage, est versé dans la caisse de la Société de secours aux blessés des Armées de terre et de mer, dont le duc d'Aumale était le président. L'Institut a voulu honorer ainsi la mémoire du Prince, en venant en aide à l'œuvre patriotique à laquelle il portait le plus vif intérêt. Il va de soi que nous ne serions pas tenus de continuer cette libéralité si les recettes du Domaine venaient à fléchir. Vous nous permettrez de nous préoccuper de cette question alors que le manque d'argent empêche les Conservateurs du Musée Condé de faire rentrer à Chantilly des objets d'art ou des livres qui en sont autrefois sortis.

C'est ainsi que nous avons eu un gros crève-cœur au printemps dernier. On a vendu à Paris, aux enchères publiques, une délicieuse aquarelle de Leguay exécutée à Chantilly en 1789 et représentant une des dernières chasses du prince de Condé; on y voit le prince à cheval, son fils le duc de Bourbon, son petit-fils le duc d'Enghien, facilement reconnaissables; le cerf, suivi par les chiens, s'est jeté dans un des étangs, devant le très ancien bâtiment qu'on appelait alors la Loge de Viarmes et qui, reconstruit en 1825, a pris et gardé le nom de château de la reine Blanche. Cette œuvre d'art, de tout point exquise, est un morceau intéressant de l'histoire de l'ancien Chantilly; M. le duc d'Aumale n'eût pas manqué d'acquérir cette épave des collections des princes de Condé; nous avons eu le regret de ne pouvoir le faire. Il convient de remercier toutefois l'acquéreur, M. Vanderbilt, qui a eu la bonté de nous en offrir une très belle photographie exécutée par la maison Braun.

Il est à craindre que, de longtemps encore, les Conservateurs ne soient obligés de laisser passer les occasions qui pourraient se présenter d'enrichir les collections du Musée, car les ressources disponibles seront, pour quelques années encore, absorbées par les dépenses urgentes; achèvement de la décoration du château suivant le programme laissé par M. le duc d'Aumale, réparation des bâtiments, fort nombreux, de tout le domaine, entretien du parc, des étangs et des berges, etc., etc.; nous avons là en perspective une longue série de travaux urgents qu'il convient d'exécuter aussitôt que possible, car le prince a placé en première ligne « l'entretien en parfait état des bâtiments, parcs, jardins, collections, œuvres d'art, et de toutes les autres parties du domaine».

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Nous avons rencontré le concours empressé de la Commission centrale administrative lorsque nous lui avons signalé la nécessité de réorganiser le service d'incendie, dont l'installation remontait à plus de vingt-cinq ans et ne réalisait plus les conditions suffisantes de sécurité. Pour obtenir une pression d'eau convenable, il a fallu créer de nouvelles canalisations, tant hors du château que dans le château; des postes et des appareils ont été installés dans certaines parties du Musée qui en étaient dépourvues; des mesures supplémentaires ont été depuis conseillées par l'éminent ingenieur du corps des sapeurs-pompiers de Paris, le commandant Cordier. De tout cela résulte une dépense élevée, mais nous avons la satisfaction d'avoir rempli le premier de nos devoirs: conserver l'œuvre de M. le duc d'Aumale, lui assurer les plus larges conditions de sécurité.

Si nous observons la plus stricte économie dans la vie du Musée Condé, si nous n'osons encore aborder que timidement la seconde partie de notre mission, qui consiste en l'acquisition d'objets d'art de tous genres, livres anciens ou modernes, destinés à enrichir ou compléter les collections », nous pouvons du moins accueillir avec reconnaissance les dons qui nous sont faits, et nous venons d'en recevoir un d'une singulière importance; notre éminent confrère Paul Dubois, auteur de la statue tombale de M. le duc d'Aumale qui se trouve dans la basilique de Dreux, a voulu que le modèle en plâtre de cette œuvre hors de pair, la plus belle assurément qu'il ait faite, fùt conservée à Chantilly.

Nous l'avons placée au pied de l'escalier d'honneur; elle garde ainsi l'entrée de la maison. L'image du Prince enveloppé du drapeau de la France se détache avec une ressemblance frappante dans le vestibule qui relie le grand et le petit château, comme pour y recevoir encore les visiteurs auxquels le propriétaire de Chantilly réservait d'habitude un si charmant accueil.

La bibliothèque du Musée Condé n'a pu s'enrichir d'aucun livre ancien, car les livres anciens coûtent cher; et d'autre part le très modeste crédit qui nous est alloué pour l'acquisition de livres modernes ne nous permet guère que de tenir à jour les revues, collections et ouvrages à suite. Nous avions espéré que les membres de l'Institut pourraient déposer à Chantilly les livres qu'ils publient; nous le leur avions demandé; mais, sauf de très rares exceptions, notre appel n'a pas été entendu. Cependant la bibliothèque de travail a reçu cette année un important accroissement, qui nous oblige à installer de nouveaux rayons; notre cher collègue M. Léopold Delisle, obligé de se séparer de la plus grande partie de ses livres en quittant la Bibliothèque nationale, en a dirigé un bon nombre sur Chantilly, nous donnant surtout des collections que nous ne possédions pas et qui sont indispensables à toute bibliothèque bien organisée. Ces chers compagnons de sa

vie ne sont d'ailleurs pas perdus pour lui; il les retrouve à Chantilly lorsqu'il y vient reposer son activité par d'autres travaux dont profite le Musée Condé. On vous a distribué au début de l'année son Catalogue des livres anciens de Chantilly que je vous avais annoncé; puis, trois mois plus tard, le Triomphe d'honneur du connétable Anne de Montmorency, somptueuse reproduction d'un manuscrit anciennement sorti de Chantilly, précédée d'une de ces belles études dont notre savant confrère a le secret; je ne sais ce qu'il prépare en ce moment, mais je n'ignore pas qu'il trouve dans un obstiné labeur un adoucissement aux coups cruels qui l'ont frappé, et je suis sûr que son inlassable activité nous ménage encore plus d'une agréable surprise.

Vous possédez tous, Messieurs, les beaux volumes que notre collègue M. Gruyer a consacrés aux collections artistiques de Chantilly; il ne perd pas son temps pendant les six mois qu'il passe chaque année dans cette résidence. Voulant consacrer un hommage tout particulier à la mémoire du duc d'Aumale et de ses ancêtres, il s'est attaché depuis deux ans à l'étude de tous les portraits de princes ou princesses de la maison d'Orléans conservés au Musée Condé; la description de ces portraits et les notices biographiques qui doivent l'accompagner sont de nature à fournir un important travail; je crois savoir qu'il est assez avancé pour que nous ayons l'espoir d'en voir prochainement la publication. Notre confrère se propose aussi de publier le Catalogue des dessins du Musée Condé rédigé par M. le duc d'Aumale; c'est un travail qui ne lui prendrait que le temps nécessaire à une revision; mais ici nous sommes arrêtés par la question financière. Le Prince nous avait laissé un fonds special de 50,000 francs pour commencer la publication des catalogues du Musée Condé; c'est grâce à cette prévoyante générosité que nous avons pu éditer les livres somptueux que vous avez déjà reçus : deux volumes du Catalogue des manuscrits, le Catalogue des peintures en deux volumes, les Foucquet, les Portraits par Carmontelle, le Catalogue des anciens imprimés. Mais ce fonds est épuisé; c'est sur les ressources de Chantilly, déjà grevées, comme l'indiquait tout à l'heure, dans son lumineux rapport, notre excellent confrère, M. Georges Picot, qu'il faudra désormais prélever les sommes nécessaires à la publication des Catalogues. Nous espérons que le souci d'une bonne administration pourra s'accorder avec le consentement des sacrifices utiles, j'oserai dire indispensables; car nous avons le devoir de faire connaitre au public les collections de Chantilly. Une des plus intéressantes est assurément celle des portraits dessinés du xvI° siècle, dont M. le duc d'Aumale avait réuni plus de 400. Le catalogue en a été fait pour le Prince, il y a une douzaine d'années, par notre confrère M. Bouchot, de l'Académie des Beaux-Arts, conservateur du département des Estampes à la Bibliothèque nationale. Nous pensons qu'il conviendrait de le publier. Les progrès réalisés dans le domaine de l'histoire de l'art depuis quelques années, progrès dont M. Bouchot a été un des principaux ouvriers, permettraient à notre confrère de mettre facilement son travail, déjà ancien, à la hauteur des connaissances actuelles, sans trop prendre de son temps. D'autres catalogues attendent aussi l'impression depuis de longues annees celui des estampes, dressé par notre regretté confrère Georges Duplessis, et celui de la petite collection d'antiques du Musée Condé, rédigé par nos savants confrères MM. Heuzey et Pottier; de ce travail M. Heuzey a déjà tiré une très remarquable étude sur la Minerve grecque, étude qu'il a publiée dans les Monuments Piot. Et l'avancement des catalogues des autres collections pourrait sans doute être accentué si nous pouvions espérer que les fonds nécessaires à l'impression nous seront largement octroyés.

SAVANTS.

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IMPRIMERIE NATIONALE.

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