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S'il y a de ces petits infectes dans la liqueur, où ils nagent, c'eft qu'ils y trouvent une nourriture propre, comme les vers plats dans le corps humain, où ils naiffent, croissent, & meurent. Mais dans les jeunes animaux on n'observe point de ces vers ? C'eft que leur petiteffe empêche de les apercevoir. Ils fe multiplient dans les uns; ils periffent dans les autres, felon la difpofition des humeurs.

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Mais enfin, quelle eft l'origine du fœtus dans l'oeuf ? Il y a plufieurs Syftêmes là deffus. Le premier attribuë la formation du foetus à des moules; de fecond, aux natures plaftiques; le 3. à des intelligences rectrices; le 4°. à l'opération immédiate de Dieu dans la création. Mais, dit Mr. Bourguet, où trouvera-t-on, dans le Syftême des moules, des raifons mécaniques de chaque chofe. On entend par natures plastiques, des êtres immatériels,doués d'un activité, qu'ils exercent fans. avoir aucune idée de leur action, ni des effets merveilleux, qu'elle produit en formant le corps des plantes & des animaux. Ces êtres nouveaux font de la façon de MM. Cudworth

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& Grew, Sçavans Anglois. Ils ont fait à leur gré une échelle d'êtres créés immatériels ; ils y admettent dans le dernier rang, des êtres doués d'une fimple activité intérieure fans fenti ment & fans perception.

M. Bourguet en forme une un peu differente. Il y met, 1°. les Anges, 2o. les Génies, 3°. les ames humaines, 4°. les ames des bêtes, °. celle des plantes, 6. les natures fimplement actives. Il prétend que les Anges ne font pas des êtres abfolument immatériels; il veut qu'ils ayent des. corps, & la plus forte raifon qu'il en apporte, c'est que ce font des êtres bornés; & que ces bornes viennent de l'union de l'efprit avec la matiére; parce que les perfections intérieures de l'efprit font limitées par ce que nous appellons corps organifé, que la matiére organisée borne l'activité de l'efprit, fans quoi l'activité de l'efprit s'étendroit à l'infini. Il faudroit, ce femble, de plus fortes raifons pour rendre plaufible un fentiment, qui paroît fi contraire à la croyance des Chrétiens. Ils font perfuadés que les Anges font des efprits purs.

En effet, il eft certain que l'union d'un être spirituel avec la matiére ne borne point par elle-même l'être fpirituel : la Divinité du Verbe n'eft pas plus bornée dans J. C. qu'elle l'étoit avant l'Incarnation. 2°. La raifon & la foi nous apprennent de concert qu'après la mort notre ame fubfifte féparée de la matiére : notre ame cellet-elle d'être bornée Son activité devient-elle infinie? De même que ce n'eft pas l'efprit créé qui borne la matiére; ce n'eft pas auffi la matiére qui rend l'efprit borné. L'efprit qui a des bornes, les a de lui-même, de lui-même il eft tel que fon intelligence, par exemple, ne peut s'étendre à la fois à tout ce qu'il y a d'intelligible; faifir à la fois toutes les proprietés des êtres, c'eft la prérogative d'une intelligence divine.

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Etoit-il bien néceffaire d'avancer que les Anges ont des corps, pour di re avec raifon, que ce ne font pas des natures plaftiques, qui organifent les plantes & les animaux, non plus que les intelligences rectrices & formatrices, aufquelles M. Hartfocker a donné la direction du fyftême planétaire, & le

foin d'organifer les animaux & les plantes?

Mr. Bourguet le déclare enfin dans fa 4°. Lettre pour le fyftême des dévelopemens & du méchanifme organique, apres de fçavans hommes qui ont dit que Dieu avoit créé, dès le commencement, toutes les plantes & les corps de tous les animaux, les uns dans les autres ; & que la conception & la naiffance ne font, à proprement parler, qu'un fimple dévelopement. Pour les ames, elles n'ont point toûjours, dit l'Auteur, une même quan. tité de matiére, qui les accompagne; mais elles en ont une qui ne les abandonne jamais. Quand on avance de tels paradoxes, ne faudroit-il pas du moins quelque preuve? Lorfqu'on nous dit dans l'Eccléfiafte C. 12. qu'après la mort, la pouffiére de notre corps va fe confondre avec la terre, d'où elle eft fortie, tandis que notre efprit retourne à Dieu, qui l'a créé, l'on ne dit rien qui faffe foupçonner qu'un refte de matiére accompagne encore notre ame.

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Les quatre Lettres Philofophiques font fuivies d'un Mémoire fur la

Théorie de la terre. On trouve dans ce petit Mémoire des Phénoménes, concernant la furface, la ftructure intérieure & la deftruction de la terre. On prédit que la construction préfente de notre globe ne changera que par un embrafement; mais "qu'il en fuivra une qui réfiftera au feu fans » jamais changer, à moins d'un miracle exprès de la Toute-puiffance de Dieu.

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ARTICLE XCIII.

MÉMOIRE ADRESSÉ AU R. P. H. Par M. L'Abbé Lenglet du Frefnoy.

Otre Journal du mois de No

Vvembre 1729. renferme un

Mémoire anonime contre la Méthode pour étudier l'Hiftoire, que je fis pa roître l'année derniére. Je fens bien que ce Mémoire vient d'un homme picqué contre moi c'eft peut-être un Auteur qui s'imagine que je ne lui ai pas rendu juftice: il pouvoit en ufer de même, & me rendre la pareille; je ne m'en plaindrois pas aujour

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