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der en chef dans la guerre de la liberté ; que La Fayette soit envoyé à la haute cour; que les ministres patriotes soient réintégrés et chargés du pouvoir exécutif, par intérim; que tous les directoires de département soient renouvelés; tous les ambassadeurs dans les cours souveraines rappelés; tous les rapports de politique ou de diplomatie rompus; qu'il soit fait des lois sévères contre toute espèce d'accaparement, et que tous les commandans des places fortes ou villes frontières, nommés par le roi, reçoivent leur démission. - Malgré l'opposition de Boulanger et d'une partie de l'assemblée, les pétitionnaires reçoivent les honneurs de la séance, aux applaudissemens des tribunes. Les commissaires envoyés à Soissons font leur rapport sur ce qu'ils ont vu. Ils font le plus grand éloge des bataillons de volontaires qui y sont réunis.

SÉANCE DU SOIR.

Des grenadiers de différentes sections de Paris offrent, aux applaudissemens unanimes de l'assemblée, leurs bras et leurs armes pour la défense de la patrie. Ils demandent la suppression des compagnies de grenadiers et de chasseurs.

SÉANCE DU 7 AOUT AU SOIR.

(Dans la séance du matin, il ne se passa rien d'important. Sur la proposition de Beauvais, on décréta que quatre commissaires, choisis par le peuple, seraient chargés de maintenir la police dans les tribunes publiques.)

[Une députation extraordinaire de Toulon, introduite à la barre, annonce les événemens désastreux qui ont affligé cette ville, où des séditieux ont massacré le procureur-général syndic du département, quatre administrateurs, l'accusateur public, un membre du conseil du district, et deux autres citoyens. Elle dépose sur le bureau, sans les lire, les pièces qui constatent ces calamités.

La députation, invitée aux honneurs de la séance, traverse la salle au milieu des mouvemens d'indignation de l'assemblée,

Les pièces sont renvoyées à la commission des vingt-un.

Sur la proposition de M. Granet, de Marseille, l'assemblée renvoie à la même commission un procès-verbal qui constate les troubles arrivés dans cette ville, et dans lesquels M. Boyer, connu par ses projets contre-révolutionnaires, a été victime de la fureur du peuple. Il annonce en même-temps que jamais la ville n'a été plus tranquille, l'union jamais plus forte entre les citoyens.

M. le président annonce que plusieurs pétitionnaires deiandent à être admis à la barre.

M. Reboul. L'assemblée, en déclarant le danger de la patrie, s'est imposé le devoir de consacrer tous ses soins, tous ses momens, à les conjurer. Je demande qu'une fois pour toutes, il soit décrété que l'assemblée n'admettra, sous aucun prétexte, aucun pétitionnaire, un autre jour que le dimanche. Je demande en outre que le président ne puisse jamais, que le dimanche, proposer d'en admettre.

La première proposition est adoptée.

M. Chabot. Je m'oppose à la seconde proposition de M. Reboul, et je demande à la combattre.....

L'assemblée consultée décide que M. Chabot ne sera pas en

tendu.

On réclame la question préalable.

Après quelques débats, la question préalable est adoptée.]

CLUB DES JACOBINS.

SÉANCE DU 6 AOUT.

Cette séance n'offre aucun intérêt. Elle fut occupée presque tout entière par un discours de Réal, dans lequel nous n'avons rien trouvé de remarquable, sauf un passage qui exprime le profond dissentiment qui séparait déjà les Montagnards des futurs Girondins. L'orateur, après avoir décrit les dangers de toute espèce qui menacaient la France, se demande quels sont les moyens qu'on a proposés pour les dissiper. Dois-je, dit-il, parler des mesures préparatoires proposées par MM. Vergniaud et Brissot? Dois-je prouver combien est ridicule, dans les circon

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stances terribles où nous nous trouvons, cette adresse au roi, proposée par M. Vergniaud? combien est impolitique cette adresse au peuple français, pour le prémunir contre les mesures qui paraissaient à M. Brissot devoir causer la ruine de la liberté?..... Mais, si je suis dispensé de prouver le danger de cet ajournement, je dois dire mon opinion sur quelques bases de la théorie de M. Brissot; je la dirai franchement, parce que j'aime, parce que j'estime M. Brissot, parce qu'il rendra de grands services à la chose publique, parce qu'il est digne d'entendre la vérité.

Lors du retour de Louis XVI, au mois de juin 1791, lorsqu'on agitait à l'assemblée constituante la question de savoir si Louis XVI serait jugé; un homme, bien connu aujourd'hui, Dandré, soutenait qu'un voile de pudeur politique, ce sont ses termes, s'opposait à cette mesure; et l'assemblée constituante, noyée dans l'or de la liste civile, sacrifia sans pudeur la raison, les principes, la liberté, à cette pudeur politique qui tourmentait M. Dandré. Quel à été mon étonnement d'entendre M. Brissot, le 26 juillet dernier, parler dans le même sens et presque dans les mêmes termes que ce Dandré, noyé depuis long-temps dans le ridicule et le mépris. Vous devez, dit-il, non pas seulement › vous abstenir de toute violation de la Constitution, mais écar> ter jusqu'au soupçon de cette violation; or, continue-t-il, vous > exciteriez ce soupçon si vous décrétiez avec précipitation, sans › une discussion solennelle, la déchéance du roi ; car, quoique là Constitution vous délègue le droit de la prononcer, cependant › tant de personnes l'ignorent encore, un si grand nombre, > effrayé de ce pouvoir, nous en verront toujours user avec effroi, parce qu'ils attachent au titre de roi une vertu magique › qui préserve leurs propriétés, qu'il sera toujours nécessaire de prendre les plus grandes précautions, etc. Certes, cette vertu magique de M. Brissot vaut bien la pudeur politique de M. Dandré:

› Je réponds, moi, qu'il faut déchirer la loi, déchirer la Constitution, déchirer la déclaration des droits, si, lorsque la loi a

'prononcé, il faut, pour son application, plus de précautions quand il s'agit d'un roi, que quand il s'agit d'un simple citoyen. Je dis que la contre-révolution est faite, si de pareilles idées, d'aussi vieux préjugés conduisent encore nos législateurs. Je suis loin de demander de la précipitation, mais je demande de la promptitude; car, pour me servir d'une expression de M. Brissot, le feu est à la maison, et s'il est instant, comme il en convient, d'éteindre l'incendie, il est également instant d'écarter l'incendiaire, d'arracher de ses mains la torche qu'il agite pour embraser l'empire. (Journal du Club, no CCXLV.)

ASSEMBLÉE NATIONALE.

SÉANCE DU MERCREDI,

6 AOUT.

[M. Charles Brunot, citoyen de la section de Mauconseil, écrit que l'adresse de cette section pour la déchéance du roi, a été briguée par l'intrigue. Il dit, qu'initié dans un comité particulier d'une société populaire, il a la certitude de ce fait, il ajoute qu'il sait que beaucoup de signatures, qui sont au bas de la pétition signée au Champ-de-Mars, sont fausses. Il en cite particulièrement deux, l'une de M. Malin, tabletier, demeurant rue des Arcis; l'autre de M. Coussin, tapissier, rue Coquillère. Il prend l'engagement de ne plus aller dans aucune société populaire.

M. Vaublanc. Je demande qu'il soit ordonné une information sur ce fait et sur tous les moyens qu'on emploie pour égarer l'opinion publique. Le moment de la lumière arrive, le faible sera bientôt désabusé; bientôt le peuple saura distinguer ses amis et ses ennemis. Le voile ne tardera pas à être déchiré. (Il s'élève quelques applaudissemens dans différentes parties de l'assemblée.)

M. Gamont. Je suis d'accord avec M. Vaublanc, que le voile sera bientôt déchiré; que bientôt le peuple saura distinguer ses amis et ses ennemis. Mais je réclame l'exécution du décret qui interdit toute discussion sur les pétitions.

-Plusieurs membres insistent avec chaleur sur la proposition de M. Vaublanc, et demandent qu'un comité soit chargé de la vérification des faits dénoncés.

M. Lacroix, Je m'oppose à cette proposition parce que, 1o vos

comités n'ont aucun moyen de vérifier des faits semblables; 2o parce que ce fait est indifférent en lui-même: car sans doute l'assemblée ne se déterminera pas, pour juger du mérite de la pétition dont il s'agit, sur le nombre des signataires. Je demande donc le renvoi pur et simple à la commission extraordinaire.

M. Vaublanc demande le renvoi au pouvoir exécutif.

Cette proposition est rejetée; celle de M. Lacroix est adoptée. Sur le rapport de M. Coustard, au nom du comité militaire, l'assemblée rend un décret pour la formation d'une légion d'Allobroges ou de Savoisiens.

Cette légion sera composée comme celle des Belges. Il y aura quatorze compagnies légères de cent vingt hommes chacune; dont sept de fusiliers et sept de carabiniers, un bataillon de cavalerie légère et une compagnie d'artillerie; au total elle sera de deux mille cent cinquante-neuf hommes. La paie et l'engagement seront les mêmes que dans les autres troupes françaises. Les Savoisiens, Piémontais et habitans du Valais seront seuls admis dans ce corps; ils choisiront leurs officiers.

La parole est accordée au rapporteur de la commission extraordinaire sur l'affaire de M. La Fayette.

Quelques membres demandent que le rapport n'ait pas lieu, attendu que trois membres qui sont parties dans l'affaire comme accusateurs, ont voté dans la commission.

M. Merlin. Le fait en lui même n'est pas exact; mais, quand il le serait, je n'en demanderais pas moins que les préopinans fussent rappelés à l'ordre, parce que des législateurs qui n'ont que l'intérêt public en vue quand ils dénoncent les traîtres, font leur devoir et ne sont jamais parties.

L'assemblée passe à l'ordre du jour.

M. Debry, au nom de la commission extraordinaire. Vous avez renvoyé à votre commission l'examen des nouvelles pièces relatives à M. La Fayette et déposées sur le bureau par M. Puzy, lors de sa comparution à votre barre. La gravité de l'inculpation, la place qu'occupe le citoyen accusé, la dangereuse influence d'une indulgence coupable, la nature des circonstances, tout nous fait

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