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les glacis et le rang d'arbres, au bruit d'une décharge d'artillerie. › La Déclaration des Droits a été placée sur l'autel de la patrie, derrière la bannière, sur laquelle on lisait : Liberté conquise.

› Sur les degrés de la partie supérieure de l'autel, les enfans continuaient à brûler des parfums sur les autels qu'ils avaient portés dans la marche.

› Le modèle de la Bastille a été posé sur un socle, au bas des premiers degrés de l'autel, du côté de l'École-Militaire.

› Le glaive de la loi a été déposé sur un socle, au bas des premiers degrés de l'autel, du côté de l'École-Militaire.

› Les juges-de-paix et commissaires de police étaient assis sur des banquettes, sur le terre-plain de ce côté.

› La figure de la Liberté était placée au bas de l'autel, en face de l'assemblée nationale, dans la même disposition de la marche. › Deux autels étaient placés en avant pour les enfans chargés de brûler les parfums.

› Les présidens et commissaires de sections se sont rangés sur les banquettes qui leur étaient destinées par un enseigne, sur le glacis du côté de la campagne.

Les bataillons des élèves de la patrie, dans le Champ, devant la pyramide.

La figure de la Loi, sur un socle, sur le terre-plain de l'autel, du côté de la campagne.

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Les juges des tribunaux, assis sur des banquettes. - Les femmes, vieillards, enfans, etc., entre l'ordre nobiliaire et l'autel; les vieillards étaient assis les premiers. - Le groupe porté devant la municipalité, au bas du terre-plain de l'autel, du côté de l'eau. Les officiers municipaux, sur les banquettes placées sur le terre-plain. — Les districts, départemens, sur les glacis, du côté de la campagne. Les vétérans, devant l'ordre no

biliaire.

› L'assemblée nationale, le roi, les ministres, sur le terreplain, du côté de la ville.

› Une double haie a été formée, par des grenadiers et des vo

lontaires, depuis la tente de l'assemblée jusqu'à l'autel, enfermant au milieu la statue de la Liberté et tous ses accessoires.

› Les légions ont été placées au pourtour, en groupes, jusqu'au moment du serment.

› Au premier signal donné, tous les drapeaux se sont rangés autour de l'autel. Le corps de musique occupait l'orchestre en face de l'assemblée nationale.

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› Les présidens des différens corps se sont avancés sur l'autel de la patrie avec le roi, qui s'était rendu au Champ-de-Mars à onze heures, et ils ont prêté le serment décrété, aux cris de vive la nation! vive la liberté ! Le feu a été mis au bûcher, et la cérémonie a été terminée par des danses dans le Champ-de-Mars. › ( Annales patriotiques, n. CXCVIII.)

Tel est le récit presque officiel que nous avons extrait du journal de Carra, afin de présenter à nos lecteurs le tableau de la dernière fête de la monarchie constitutionnelle. A la suite de cette narration, nous trouvons des remarques qui sont bien plus dans l'esprit du journal. - On a observé, dit-il d'abord, que plusieurs commandans de bataillon faisaient faire de longues stations à leur corps devant la salle de l'École-Militaire, où le roi attendait le moment où tout serait prêt pour la cérémonie. Ils croyaient que les citoyens crieraient vive le roi; mais ils se sont trompés : nul n'a jeté un seul cri d'esclave.

› La proclamation de la municipalité, dit-il ensuite, portait, qu'après le serment le président de l'assemblée et le roi iraient mettre le feu à l'arbre de la féodalité. Le roi a oublié ou omis ce fait dans la sienne; de sorte qu'après le serment, l'assemblée nationale et le roi se sont retirés. Il n'est resté que dix à douze députés patriotes que le peuple et la garde nationale ont invités à allumer le feu, ce qui a été fait aux acclamations réitérées du peuple. - Ces députés sont MM. Gensonné, Garreau, Jean Debry, Antonnelle, etc. ›

La remarque fut faite, en effet, que peu d'ordre régnait dans cette fête; il paraît néanmoins, d'après tous les journaux de l'époque, que la population montra une grande ferveur patriotique.

Il y en eut cependant une partie qui montrait une grande curiosité de voir le roi, ce qui fut difficile, attendu les précautions que l'on avait prises. Le serment civique fut renouvelé avec enthousiasme par la garde nationale. La dernière des six légions, arrivée trop tard sur le terrain, ne put prendre part à cette acclamation; elle en montra un vif mécontentement qui devint le sujet d'une courte polémique; elle s'en prit à ses chefs de la faute du temps; et cela alla à ce point que le commandant de ce corps se crut obligé d'écrire à l'assemblée nationale pour se disculper et protester de ses sentimens. La joie publique ne fut point partagée par la cour. Voici ce que nous trouvons dans un écrit publié par un royaliste, témoin oculaire :

Louis marcha à la fédération comme un débiteur que des records traînent en prison. La garde nationale était taciturne; et le maire, qui ne manqua pas de se montrer en vainqueur, était suivi d'une populace nombreuse qui vociférait, et portait en écrit sur ses drapeaux: Vive Pétion, ou la mort! Tous les spectateurs, ceux même qui s'intéressaient à lui (au roi), regardèrent ce triomphe comme l'avant-coureur d'une chute prochaine; sa femme, surtout, le dit perdu.

› Si, moins attaché à la Constitution qu'il étudiait sans cesse, moins fidèle au serment de la maintenir, et peu touché des troubles qu'il causerait en s'éloignant encore, le roi eût voulu fuir de nouveau, il en avait, ce jour-là, une occasion qui paraissait certaine. Trois mille huit cents hommes qui l'escortaient, dont cinq cents Suisses, trois mille gardes nationaux et trois cents gendarmes à cheval étaient déterminés à lui faire un rempart de leur corps jusqu'à la sortie de Paris, où d'autres forces l'attendaient sous différens déguisemens. On lui proposa de briser ses fers et on le conjura de ne pas négliger un moyen de salut qui se présentait ; mais il se refusa à toutes les instances et retourna dans sa prison. › ( Hist. particulière des événemens de juin, juillet, août et septembre 1792, par Maton de la Varenne. Paris, 1806. Nous avons vu précédemment figurer cet avocat dans un procès raconté par Desmoulins.) Le roi retourna aux Tuileries à travers le même silence que 30

T. XV.

le peuple avait observé pendant toute la cérémonie, tandis que Pétion s'en allait entouré d'un cortége d'applaudissemens. Quelques députés patriotes, reconnus au milieu de la foule, furent salués de vivat empressés. Couthon s'était fait transporter dans une chaise à porteur: on le prit pour Manuel, et il fut honoré d'abord, à ce titre, des cris qui avaient accompagné Pétion : lorsqu'il se fut fait connaître, il fut applaudi pour lui-même. Cette fête laissa cependant des germes d'irritation dans l'opinion, et de tristesse chez les royalistes. Les derniers remarquèrent avec peine qu'il y avait dans le cortége au moins autant d'hommes sans uniforme et armés de piques, que de gardes nationaux habillés et pourvus de fusils. Les premiers observèrent que le roi était entouré de troupes nombreuses; que, lorsqu'il se rendit de l'École-Militaire à l'autel de la patrie, il le fit en traversant une haie formée de chaque côté d'un triple rang de baïonnettes ; que ces troupes royales, et particulièrement les Suisses, montrèrent beaucoup de répugnance à donner quelque signe de sympathie pour l'enthousiasme qui animait la foule. Les journaux feuillans, et entre autres le Journal de Paris, se plaignirent du peu de respect qu'on avait témoigné à la majesté royale, pendant que les journaux révolutionnaires se fâchaient qu'on lui en eût donné trop. Toutes ces petites remarques furent l'objet d'une querelle assez vive qui dura quelques jours.

Nous reprendrons dans le prochain volume la continuité parlementaire; et nous verrons que l'aspect menaçant de la garde rangée devant l'École-Militaire autour du roi, fut peu favorable aux intérêts de ce prince..

FIN DU QUINZIÈME VOLUME.

TABLE DES MATIÈRES

DU QUINZIÈME VOLUME.

PRÉFACE.

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Coup d'œil historique sur les révolutions protestantes, en
Allemagne, en Suisse, en Danemarck et en Angleterre.

SUITE DE JUIN.

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Proposition de Servan pour la formation d'un camp
de 20,000 hommes, p. 2. Chabot dénonce le comité autrichien,
p. 4.-Ribes dénonce la faction d'Orléans, p. 6. — Séance des Jaco-
bins à ce sujet, p. 7. — Extrait d'une brochure de Desmoulins sur
les intrigues orléanistes, p. 10. L'assemblée adopte les propositions
de Servan, p. 13, 15. Pétitions pour et contre le décret, et discus-
sions y relatives, p. 16, 32.-Renvoi du ministère girondin; extraits
du Patriote français, p. 32. — L'assemblée décrète que Servan em-
porte les regrets de la nation, p. 35, 38. Lettres de Clavières et de
Roland, annonçant leur démission; lettre de Rolland au roi ; l'assem-
blée déclare que ces deux ministres emportent aussi les regrets de la
nation, p. 33, 46.- Rapport de La Fayette sur une escarmouche avec
les Autrichiens; Gouvion a été tué, p. 46. Mémoire de Dumou-
rier sur le département de la guerre, p. 48.
mourier et Brissot, p. 60. Voies de fait de Jouneau contre Gran-

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geneuve, p. 61, 69. — Séance du 18 juin.

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Querelles entre Du-

Lettre de La Fayette à

l'assemblée; discussion, p. 69, 78. - Première lettre de Robespierre

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à La Fayette, p. 78, 98. JOURNÉE DU 20 JUIN, p. 98. — Lettre
de La Fayette au roi, p. 1000.- Correspondance du ministre de

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