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égarer la crédulité des peuples et pomper leur

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si tu es encore plus tourmentée en enfer parce que ton corps est enterré en terre sainte, frappe six autres coups, et les six autres coups furent entendus encore plus distinctement : si nous déterrons ton corps et si nous cessons de prier Dieu pour toi seras-tu moins damnée? frappe cinq coups pour nous le certifier, et l'ame le certifia par cinq coups. Cet interrogatoire de l'ame fait par Pierre d'Arras, fut signé par vingt-deux cordeliers, à la tête desquels étoit le révérend père provincial. Ce père provincial fit encore le lendemain les mêmes questions à l'ame, et il lui fut répondu de même.

«Le seigneur de Saint-Memin présenta requête au roi contre ces moines. Le roi délégua des juges: le procureur-général requit que les cordeliers fussent brûlés. Mais l'arrêt ne les condamna qu'à faire tous amende honorable, la torche au poing, et à être bannis du royaume. Cet arrêt est du 18 Février 1534".

Le second trait est rapporté dans les Essais sur Paris, à l'article rue d'Enfer. « Saint Louis, dit M. de Sainte-Foix, fut si édifié au récit qu'on lui faisoit de la vie austère et silencieuse des disciples de saint Bruno, qu'il en fit venir six, et leur donna une maison avec des jardins et des vignes au vilJage de Gentilli. Ces religieux voyoient de leurs fenêtres le palais de Vauvert, bâti par le roi Robert, abandonné par ses successeurs, et dont on pouvoit faire un monastère commode et agréable par la

sang

sang et leur or ! Il y eut pour cet objet des autels privilégiés (a) de sept ans ; il y en cut

proximité de Paris. Le hasard voulut que des esprits ou revenans s'avisèrent de s'emparer de ce vieux château. On y entendoit des hurlemens affreux, on y voyoit des spectres traînant des chaînes, et entr'autres un monstre vert, avec une grande barbe blanche, moitié homme et moitié serpent, ariné d'une grosse massue, et qui sembloit toujours prêt à s'élancer la nuit sur les passans. Que faire d'un parcil château? les chartreux le demandèrent à saint Louis, il le leur donna avec toutes ses appartenances et dépendances. Les revenans n'y revinrent plus; le nom d'enfer resta seulement à la rue, en mémoire de tout le tapage que les diables y avoient fait .

(a) La première idée de ces autels, selon M. l'abbé Thiers, est venue à quelque moine mendiant, qui, avec la permission de la cour de Rome, fit valoir cette précieuse découverte au profit de son couvent. « Il n'en fallut pas davantage pour exciter la sainte jalousie des autres mendians. Les réguliers, les moines rentés, les collégiales, quelques cathédrales même, obtinrent aussi des autels privilégiés, et le produit immense qu'ils rapportoient, faisant juger que la chose n'étoit pas à négliger, les écriteaux d'autel privilégié furent exposés. Quelques moines connoissant combien le peuple est avide du merveilleux, enchérirent sur ces écriteaux

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à perpétuité ; à la fin du dernier siècle, on en vit un qui étoit ambulant (a). Il y cut des indulgences pour les morts, il y en eut pour les vivans ; il y en eut à l'étollier de l'immaculée conception de la Vierge; il y en eut aux croix de Caravaca ; il y en eut à l'image de Notre-Dame du petit Lac - аих соцronnes des mystères de la passion de Notre

et y ajoutèrent : ici se délivre une ame du purgatoire, à chaque messe; et d'autres, tandis qu'on disoit la messe, principalement depuis la consécration jusqu'à la fin de la communion, faisoient jouer derrière l'autel des petits feux d'artifice pour marquer que dans ce moment une ame sortoit du purgatoire pour s'envoler droit au ciel. C'est, ajoute l'abbé Thiers, ce que j'ai vu pratiquer dans une célèbre église, et tout Paris l'a vu aussi bien que moi ».

Il existe encore aujourd'hui des autels privilégiés, mais comme nous n'avons peut-être pas les yeux de la foi, nous ne voyons plus sortir les ames du purgatoire pour monter au ciel sur des pétards.

(a) En 1694 on vit un de ces autels ambulans. C'étoit un jésuite qui se disoit être, lui-même, autel privilégié. Il prétendoit avoir le droit de rendre privilégiés tous les autels où il disoit la messe, et de délivrer autant d'ames du purgatoire qu'il voulait,

Seigneur;

à la mesure de sa hauteur ;

à la mesure de la plaie de son côté ;

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plaie de son épaule révélée à saint Bernard ; ily eut les indulgences des confrères de saint Nicolas, les indulgences des oraisons de sainte Brigitte, les indulgences du cordon de saint François et une infinité d'autres, les unes pour mille, deux mille, quatre mille et jusqu'à quatre-vingt mille ans, le tout à juste, prix. Par-tout il y eut des bureaux de conscience établis pour ce négoce de pardons, d'indulgences, d'absolutions, de dispenses: on délivroit argent comptant autant d'ames du purgatoire qu'on le vouloit (a). On achetoit la rémission non-seulement des péchés

(a) On a trouvé dans les archives de la cathédrale de Condom une transaction très-ancienne passée entre le clergé et le peuple du diocèse. On y voit que le peuple ne vouloit payer la dîme qu'à la dixième gerbe, et que le clergé la vouloit à la huitième. Par ce traité les habitans consentent à cette horrible exaction, et le clergé, pour les indemniser, promet et s'oblige de faire sortir chaque année du purgatoire deux cent cinquante ames de leurs parens et amis, et de les conduire directement en paradis.

passés, mais même de ceux qu'on avoit dessein de commettre. On a retrouvé dans les archives de Joinville, une indulgence en expectative pour le cardinal de Lorraine et douze personnes de sa suite, laquelle remettoit à chacun d'eux, par avance, trois péchés à leur choix. Cette taxe apostolique fut arbitraire et illimitée jusqu'à Jean XXII. Ce pape cut l'impudence de la rédiger luimême comme un code du droit canon; il y eut un prix fixé pour l'adultère, l'inceste, le meurtre, l'assassinat, le parricide, la bestialité. Le pape Léon X fit imprimer à Rome le 18 Novembre 1514 cet affreux tarif de crimes, sous le nom de taxes de la sacrée chancellerie et de la sacrée pénitencerie apostolique (a). Bientôt ce voluptueux pontife affer

(a) Le tableau de ces taxes dont Rome a rougi depuis, et dont elle a voulu anéantir l'opprobre en l'anéantissant lui-même, fut imprimé à Paris sous format in-40. l'an 1520. Voici quelques extraits du chapitre des absolutions, qui offre le juste prix auquel on pouvoit consciencieusement se livrer à toutes sortes d'excès:

L'absolution pour celui qui a connu charnellement sa mère, sa sœur ou quelqu'autre parente on

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