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sation qu'entraîne la défaite et une leçon pour l'avenir. Les frères de Goncourt et Guy de Maupassant sont aussi de l'école de Zola.

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Alphonse Daudet, né à Nîmes en 1840, se fit connaître par un volume de poésies, "les Amoureuses.' Il écrivit ensuite de charmants contes, Daudet. une bouffonnerie amusante et spirituelle,

"Tartarin de Tarascon," et plusieurs grands romans, parmi lesquels nous pouvons citer "Fromont jeune et Risler aîné," "Jack," "le Nabab," "les Rois en Exil," et "l'Immortel" où il fait une critique de l'Académie Française.

Bourget et

Loti.

Paul Bourget est le romancier psychologiste par excellence, Ludovic Halévy est l'auteur de cette œuvre si gracieuse, "l'Abbé Constantin," et Pierre Loti (Julien Viaud) peint plutôt qu'il n'écrit; dans "le Mariage de Loti," "Mon Frère Yves," "Pêcheur d'Islande," le style est d'un coloris extraordinaire. L'intrigue n'existe pour ainsi dire pas et l'auteur semble raconter ses propres aventures et ses propres sentiments.

Il nous a été impossible de citer tous les romanciers du XIXe siècle. Disons pour conclure qu'il est à désirer que le genre actuel du roman change; à part de trop rares exceptions les romanciers se plaisent à nous décrire des sentiments et des actions peu louables et qui ne peuvent réformer ni l'individu ni la société.

CHAPITRE IV

LA CRITIQUE, LA PHILOSOPHIE ET L'ÉLOQUENCE, ET

L'HISTOIRE

On peut dire que Mme de Staël donna l'exemple de La la critique dans son livre, "De l'AlleCritique. magne," et après elle on compte beaucoup d'écrivains distingués qui s'occupèrent de critique et d'histoire littéraire. Villemain (17901867) se fit connaître par un "Éloge de Montaigne en 1812; il était déjà depuis deux ans professeur de rhétorique au collège Charlemagne. Il fut ensuite. professeur à la Sorbonne et y enseigna la littérature avec éloquence et savoir. Il inaugura la seule manière scientifique d'étudier la littérature, la comparaison entre eux des chefs-d'œuvre des différentes langues. On peut encore étudier avec profit ses cours sur le moyen âge et le XVIII° siècle. Il fut ministre de l'instruction publique et pair de France.

Beuve.

Saint-Marc Girardin et Nisard ont publié d'importants travaux sur la littérature française. Nisard Sainte- a le jugement sain, mais son amour pour le XVIIe siècle le fait un peu négliger les autres époques. A. de Pontmartin et Gustave Planche furent aussi des critiques de talent; Jules Janin, auteur d'un curieux roman, "l'Âne mort et la femme guillotinée," et de " Barnave,” roman historique, fut pendant quarante ans feuilloniste, c'est-àdire critique pour les journaux. Il n'eut pas, cependant, le talent de Sainte-Beuve. Celui-ci naquit en 1804 et mourut en 1869. Il écrivit d'abord des vers,

puis un roman, "Volupté," et eut peu de succès, mais il trouva sa voie dans la critique littéraire. Il semble avoir tout lu et tout approfondi et ses ouvrages sont un guide sûr et intéressant pour l'étude de presque toutes les littératures, mais surtout de la littérature française. Il raconte la vie de l'écrivain, décrit le milieu où il se trouve et parle de ses ouvrages avec l'autorité d'un maître. Il consacra vingt ans à une "Histoire de Port-Royal" et a fait revivre les Messieurs et les religieuses de la célèbre abbaye. Ses "Causeries du Lundi," ses "Portraits de Femmes," ses" Portraits Littéraires " forment toute une bibliothèque.

temporains.

Parmi les contemporains les critiques les plus renommés sont Ferdinand Brunetière, Francisque Sarcey, Jules Lemaître et Émile Faguet. Ce dernier semble être celui dont le jugement Critiques conest le plus sain. En parlant d'histoire littéraire, il faut mentionner Petit de Julleville, Paulin Paris, Paul Meyer, Léon Gautier et surtout Gaston. Paris, dont les travaux sur la vieille langue française et la littérature du moyen âge ont fait faire d'immenses progrès à la philologie et à l'histoire littéraire.

Parmi les critiques nous citerons Paul-Louis Courier, le savant helléniste, le traducteur de "Daphnis et Chloé" de Longus, le mordant pamphlétaire, dont la langue est si correcte et si énergique.

Courier.

Il y eut deux grandes écoles de philosophie au XIX® siècle, l'école catholique et l'école éclec- Philosophie tique. Les chefs de la première furent et de Bonald, Joseph de Maistre, Ballanche Eloquence. et Lamennais.

Lamennais (1782-1854) eut une étrange carrière. Prêtre, il proclame d'abord que le pape est la base de l'église et de la société et écrit un ouvrage Lamennais. d'une éloquence entraînante, "Essai sur l'indifférence en matière de religion." Il publie ensuite "les Paroles d'un Croyant," où il prend la démocratie pour base de la société, et il finit par s'éloigner entièrement de l'église catholique. Sa traduction de la "Divine Comédie " parut après sa mort. C'était un homme d'un grand génie, mais apparemment mal équilibré.

L'école éclectique prend ce qu'il y a de meilleur dans chaque système de philosophie. Les chefs de cette école sont Royer-Collard, Jouffroy, et surtout Cousin. Celui-ci fut, comme Villemain, un professeur éloquent et un écrivain de talent. Il s'occupa, non seulement de philosophie, mais aussi d'histoire et de littérature, et produisit de charmants ouvrages sur la société française au XVII° siècle.

Parmi les philosophes citons aussi Auguste Comte, fondateur de l'école positiviste, Janet, Jules Simon, Caro, Littré, le savant lexicographe, et Renan, un des maîtres de la prose française, dont les travaux sur l'histoire d'Israël sont écrits avec une science et un talent remarquables.

Le plus grand orateur de la chaire au XIXe siècle fut Lacordaire. On peut le comparer aux grands prédicateurs du siècle de Louis XIV. N'ou

Lacordaire. blions pas l'abbé de Frayssinous, le P. de Ravignan et l'évêque Dupanloup. Les orateurs politiques furent nombreux; les plus célèbres furent Berryer, le général Foy, Montalembert, Dufaure, Gambetta et Jules Favre.

Nous regrettons de ne pouvoir donner plus de détails sur les philosophes et les orateurs; nous tâcherons de parler un peu plus longuement des historiens. C'est au XIXe siècle que l'histoire devient une science, qu'on étudie les documents, qu'on

Histoire.

les soumet à une sévère critique, qu'on s'occupe de la vie des peuples aussi bien que de la vie des rois.

A la chute de Napoléon, sous un gouvernement plus libéral, les historiens purent exprimer librement leurs opinions et ne craignirent pas de dire toute la vérité. Il y eut trois écoles historiques: l'école philosophique, qui donne les causes et les effets et émet un jugement basé sur les faits, Augustin Thierry et Guizot en sont les principaux représentants; l'école fataliste, qui tient à la précédente, mais qui semble croire que les hommes sont entraînés par les événements et qu'ils en sont, pour ainsi dire, les victimes, Thiers et Mignet en sont les chefs; enfin l'école descriptive qui se contente de placer les faits devant le lecteur d'une manière attrayante, mais qui s'abstient de tout commentaire, de Barante en est le plus illustre représentant.

Thierry.

Amédée et Augustin Thierry naquirent à Blois et furent tous deux des historiens célèbres; le premier écrivit une grande "Histoire des Gaulois" et un magnifique "Tableau de l'Empire Romain," mais est loin d'avoir le génie de son frère. Celui-ci, par ses "Lettres sur l'Histoire de France," jeta les fondements de la science de l'histoire. Il tâcha de faire voir les erreurs des historiens précédents et replaça l'histoire de France sur une base solide. Il publia en 1825 son "Histoire de la Con

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