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d'Auguste Barbier, où l'on trouve ces satires violentes et admirables, la " Curée," l'"Idole," la Barbier. Cuve," "Melpomène."

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Victor de

Brizeux, Quinet et

Brizeux, poète breton, a écrit un doux et charmant poème, “Marie," et "les Bretons," où il a dépeint avec amour et fidélité les mœurs et les coutumes de la Bretagne. Laprade imite Lamartine et produit les autres * Poèmes Évangéliques"; Hégésippe poètes. Moreau meurt à vingt-huit ans et laisse le " Myosotis," qui annonçait beaucoup de talent; Reboul, le poèteboulanger, écrit l'"Ange et l'Enfant"; Autran, "Laboureurs et Soldats" et "Poèmes de la Mer"; Edgar Quinet, plus grand comme prosateur que comme poète, écrit "Napoléon,' "Ahasvérus" "Prométhée." Citons encore, parmi les poètes romantiques, quelques noms de femmes: Mme DesbordesValmore, Mme Tastu, Mme Louise Colet, et Mme Émile de Girardin qui, sous le nom de Delphine Gay, fut considérée la Corinne de la nouvelle école.

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en 1830

Théophile
Gautier.

et

Théophile Gautier (1811-1872) est le plus célèbre des disciples de Victor Hugo. Il fut le chef des défenseurs d'" Hernani " et eut une adoration pour le Maître. Ses poèmes se distinguent par la beauté de la forme, par le rythme pur et harmonieux, plutôt que par la grandeur des idées. Citons "la Comédie de la Mort," "Paysages," "Intérieurs," "España," et surtout "Émaux et Camées." Il écrivit aussi de charmantes nouvelles et des romans où il excelle à faire revivre une époque et à donner un rôle aux objets inanimés. "Le Roman de la Momie" et "le Capitaine Fracasse" sont les plus connus des romans de Gautier, ce sont

des ouvrages intéressants, quoique l'auteur fasse un abus des descriptions. Il est l'homme de l'art pour l'art et sert de transition entre les Romantiques et les Parnassiens.

Les Par

Leconte de Lisle, né à l'île Bourbon en 1820, est le chef des Parnassiens. Ses vers sont nobles et imposants, mais il les a empruntés trop souvent nassiens. aux sujets grecs ou hindous pour qu'ils puissent plaire aux masses. Ses poésies ont plus de grandeur que de chaleur, et celles de Sully-Prudhomme, d'André Theuriet, de Théodore de Banville, de François Coppée, ont plus de grâce et de fraîcheur que d'énergie. Coppée est non seulement un charmant poète, mais il a écrit aussi des nouvelles intéressantes et des drames. "Le Passant," "le Trésor," "le Luthier de Crémone " sont des petites pièces exquises, et "les Jacobites" nous présentent un tableau poétique et touchant des malheurs de Charles-Édouard, le jeune Prétendant. N'oublions pas de mentionner parmi les poètes modernes, le chansonnier Dupont, Baudelaire, Heredia et Richepin. La poésie de la fin du XIXe siècle, malgré les décadents, est certainement bien supérieure à celle de la fin du XVIIIe siècle.

CHAPITRE III

LE DRAME ET LE ROMAN

QUOIQUE Victor Hugo eût lancé dans "Cromwell" en 1827 le manifeste de la nouvelle école dramatique, ce fut Alexandre Dumas (1803-1870) qui fit jouer la première pièce romantique. Le 11 février 1829, un an avant "Hernani," on re

Le Drame.

présenta "Henri III et sa cour."

Voici ce qu'en dit

M. Petit de Julleville dans son excellent ouvrage,

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"le Théâtre en France: "Dans Henri 6

Dumas.

III,' Dumas poussait à bout déjà tous les défauts du genre: idolâtrie des détails, violence dans les procédés scéniques, excès d'imagination, pauvreté de sens critique et d'observation psychologique; et malgré tout, un intérêt brutal s'attache à ces tableaux habilement jetés et décousus; ce n'est certes pas un bon drame, mais c'est une lanterne magique bien amusante, faite de verres éblouissants." Dumas avait bien plus l'instinct dramatique que Victor Hugo, et son " Antony " (1831) est le type du drame et du roman contemporains, où l'on ne se fait aucun scrupule de mettre sur la scène les passions les plus violentes, les plus honteuses même, pour faire comprendre la vie réelle, telle que la voient les auteurs de ces œuvres. Alexandre Dumas a écrit beaucoup de drames et un si grand nombre de romans qu'il est impossible de les citer tous. On l'a accusé d'avoir eu une manufacture de romans, c'est-à-dire, d'avoir signé des ouvrages qui n'étaient pas de lui. Il est vrai qu'il eut des collaborateurs, mais c'est lui qui mit sur les romans qui portaient son nom l'empreinte de sa prodigieuse imagination et de son talent pour le dialogue. Tout le monde a lu cette intéressante, trilogie, "les Trois Mousquetaires," "Vingt ans après," et "le Vicomte de Bragelonne," ainsi que "le Comte de Monte-Cristo." Citons encore de Dumas deux spirituelles comédies, "Mademoiselle de BelleIsle" et "les Demoiselles de Saint Cyr."

Eugène Scribe (1791-1861) est un autre écrivain

Scribe.

aussi fécond que Dumas. Il sut écrire des pièces d'actualité, c'est à dire, selon le goût du moment, et eut une grande popularité, mais il n'a que trop rarement fait des études de mœurs. Ses comédies ont, cependant, le mérite d'être amusantes et on les jouera encore probablement longtemps.

Soumet et

Mentionnons "la Closerie des Genêts" de Frédéric Soulié et passons à la réaction contre le drame romantique. Nous avons déjà dit que Delavigne tâcha de faire une transaction entre l'école classique et l'école romantique. AlexPonsard. andre Soumet fit de même et produisit des tragédies de mérite, dont "Saül" et "Une Fête sous Néron" sont les plus connues. L'auteur qui réussit le mieux dans ce genre mixte fut François Ponsard (1814-1867). Il revint presque à la tragédie classique avec "Lucrèce," représentée en 1843, peu après la chute des "Burgraves," et dans "Charlotte Corday" (1850), son chef-d'œuvre, il allia l'indépendance des romantiques au bon goût et au style correct des meilleurs tragiques de l'ancienne école. Il écrivit aussi "l'Honneur et l'Argent," où il dénonça les bassesses de l'agiotage, et "le Lion amoureux," peinture des mœurs du temps du Directoire. Émile Augier (1820-1889) et Eugène Labiche (18151888) occupent un rang élevé parmi les dramaturges contemporains, le premier, par les types qu'il a créés et l'observation exacte des passions, le second, par la gaieté si franche de son théâtre.

Augier.

Alexandre Dumas fils (1824) et Victorien Sardou

(1831) sont les plus populaires des dramaturges français de notre époque et ont tous deux Dumas fils un très grand talent. Leurs œuvres, ce- et Sardou. pendant, nous offrent, presque toutes, des tableaux, qu'à notre avis, quelque vrais qu'ils soient, il vaut mieux ne pas présenter d'une manière aussi brutale.

Octave
Feuillet et

autres.

Octave Feuillet, Meilhac et Halévy, Legouvé, Henri de Bornier, Pailleron ont écrit aussi d'excellentes pièces. Pour bien comprendre l'évolution du théâtre en France il serait intéressant de comparer un mystère ou une moralité du moyen âge à "la Tosca" de Sardou ou à "Francillon " de Dumas fils. On verrait dans les œuvres du XIXe siècle un grand progrès dans le style et beaucoup de talent, mais on ne sait si l'impression produite par les drames modernes serait aussi saine que celle qu'on éprouverait à voir jouer un mystère ou une moralité avec leur foi naïve. Le drame français moderne ne s'adresse pas autant au cœur et à l'esprit que celui, surtout, du temps de Molière ou de Corneille; il s'adresse principalement aux sens.

Le Roman.

En parlant des auteurs dramatiques nous en avons nommé quelques-uns qui étaient aussi romanciers, nous devons maintenant étudier d'une manière plus spéciale le roman, ce genre de littérature si populaire au XIXe siècle. Benjamin Constant écrivit en 1815 "Adolphe," roman malsain, mais d'une analyse pénétrante, puis Beyle (Stendahl) continua ce genre avec "Rouge et Noir," et "la Chartreuse de Parme," où il fait une peinture intéressante de la société d'une des cours minuscules de l'Italie. Charles Nodier réunissait autour de lui à la bibliothèque de l'Arsenal

Beyle.

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