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Conquête de

la Gaule par

les Romains.

LA France actuelle s'appelait autrefois la Gaule, un pays qui avait pour limites naturelles, l'Océan au nord et à l'ouest, les Pyrénées et la Méditerranée au sud, les Alpes au sud-est, et le Rhin à l'est et au nord-est. Les Romains s'établirent de bonne heure en Gaule sous prétexte de venir en aide aux habitants de Marseille, la ville d'origine grecque. Ils y établirent la province romaine (nostra provincia, d'où Provence), et se rappelant les anciennes invasions des Gaulois, ils comprirent que Rome ne serait pas en sûreté tant que les hommes hardis et belliqueux qui habitaient au nord de la Gaule Transalpine ne seraient pas subjugués. En 58 avant J. C. le grand capitaine, Jules César, fut appelé en Gaule par les Éduens en guerre avec les Helvètes,

et en 51 il avait fait de la Gaule entière une province romaine. Les Gaulois avaient vaillamment combattu, mais leurs discordes intestines ne leur avaient pas permis de résister au conquérant, et malgré le dévouement et l'héroïsme d'un Vercingétorix, César vainquit et fit mourir un million de Gaulois et se rendit maître de tout le pays.

La Gaule, dit César dans ses commentaires, était divisée en trois parties: le sud, habité par les Aquitains (Aquitani), le centre, par les Gaulois proprement dits (Galli), et le nord, par les Belges (Belga). Les Aquitains étaient de race ibérienne, les Gaulois et les Belges parlaient la langue celtique, de la famille indoeuropéenne, comme le sanscrit, le grec et le latin. Les Gaulois n'avaient point une forte cohésion politique et étaient bien moins civilisés que leurs vainqueurs, aussi adoptèrent-ils rapidement la civilisation et la langue des Romains. César et son successeur, Auguste, tâchèrent de faire perdre aux Gaulois tout souvenir de leur ancienne indépendance en divisant le pays en sections géographiques, sans avoir égard aux divisions par tribus et en proscrivant la caste sacerdotale des druides et leur religion. Au bout de quelque temps la Gaule devint un pays roman de langue et de coutumes, c'est-à-dire que la langue des Romains, quelque peu modifiée, devint celle des Gaulois. Voyons comment se fit cette transformation.

Le latin

Lorsque les Romains vinrent en Gaule ils parlaient le latin, dialecte de la langue italique, mais ce latin avait deux formes distinctes, la langue populaire. écrite ou littéraire, sermo nobilis, et la langue parlée par le peuple, lingua rustica. On

raconte que Cicéron, après avoir prononcé ses admirables discours au Forum, parlait en rentrant chez lui, avec sa femme et ses enfants, la langue populaire. Quoiqu'il y eût dans le vocabulaire de cette langue beaucoup de mots de la langue littéraire, les deux idiomes différaient considérablement, et l'on peut dire que la langue que parlaient les soldats de César était loin d'être celle dans laquelle étaient écrits les admirables commentaires de leur général. Ce ne fut pas la langue de César que les Gaulois apprirent, ce fut celle de ses soldats. Ce fut donc la langue populaire (lingua romana rustica) qui donna naissance aux idiomes romans. Ces idiomes différèrent dans les différents pays que les Romains conquirent et coloni- . sèrent, et devinrent les huit langues romanes sœurs, nées du latin populaire, modifié par les vaincus et leurs descendants, selon les circonstances. Ces huit langues sont le français, le provençal, l'espagnol, l'italien, le portugais, le catalan, le rhétoroman et le roumain.

Les Germains.

Nous avons vu la Gaule devenue romaine adopter la langue du vainqueur; l'invasion des tribus germaniques vers le IVe siècle va-t-elle faire disparaître le latin? Non, les Francs s'établissent au nord, les Burgondes à l'est, les Visigoths au sud-ouest; les Germains sont les vainqueurs, mais étant moins civilisés que les GalloRomains, ils vont adopter la langue et la civilisation des vaincus. Ils apportèrent cependant de nouvelles idées et il fallut pour les exprimer qu'on se servît en Gaule des termes de la langue germanique. On compte en français un assez grand nombre de mots venant directement du germain et se rapportant principalement à la guerre et aux coutumes féodales.

d'oc.

En Gaule la langue romane se divisa en deux branches: au nord il y eut la langue d'oil, au sud, la La langue langue d'oc, et toutes deux eurent des dialectes différents. La langue d'oc périt comme langue littéraire après la Croisade des Albigeois au XIIIe siècle et ce n'est que de nos jours, grâce au génie de Mistral et au zèle des félibres, que le doux idiome des troubadours semble renaître et reprendre un rang littéraire.

d'oïl.

Les principaux dialectes de la langue d'oil étaient le picard, le normand, le bourguignon, le poitevin, et Les dialectes le dialecte de l'Ile-de-France ou français. de la langue Chacun de ces dialectes eut, à une certaine époque, une importance littéraire, et ce ne fut pas à cause de la supériorité des ouvrages écrits en français que ce dialecte devint plus tard la langue de tout le pays. Les derniers Carlovingiens réfugiés à Laon n'eurent aucune puissance, et les ducs de Normandie et les ducs de France, comtes de Paris, avaient un territoire bien plus étendu que celui de Louis d'Outremer et de Lothaire. Hugues le Grand joua quelque temps le rôle de faiseur de rois, et les Carlovingiens restèrent sur le trône en s'appuyant, soit sur le duc de Normandie, soit sur le comte de Paris. Lorsque ceux-ci s'unirent contre le roi, la royauté carlovingienne tomba et celle des capétiens commença en 987. La nouvelle dynastie eut Paris pour capitale, et les successeurs de Hugues Capet surent étendre leur pouvoir sur toute la France. Au XIIIe siècle, après les conquêtes de Philippe-Auguste, la domination du roi fut solidement établie, la langue que parla le roi devint la langue nationale. Le dialecte de l'Ile-de-France, par

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