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DICTIONNAIRE

RAISONNÉ

DE BIBLIOLOGIE.

N.

NAUDÉ (Gabriel ). Ce savant, plus connu par ses principes et ses écrits politiques (1) que par ses autres ouvrages, était médecin. Il fut bibliothécaire du cardinal Bagni, à Rome; puis le fut ensuite du cardinal Mazarin, à Paris. Il peut être mis au rang des bibliographes. Il a donné en cette qualité: Avis pour dresser une bibliothèque, 1644, in-8. Bibliographia politica. Cet ouvrage savant, mais peu exact, a été traduit par Chaline. Avis à nosseigneurs du Parlement, sur la vente de la bibliothèque du cardinal Mazarin, 1652, in-4, assez rare. Remise de la bibliothèque entre les mains de M. Tubenf, 1651, plus rare encore, etc. Naudé, né à Paris en 1600, est mort à Abbeville en 1653, en revenant de Suède, où la reine Christine l'avait attiré. On

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(1) Dans ses fameuses Considérations politiques sur les coups d'état, 1643, in-4, ou Science des princes, 1673, in-4, il expose des principes atroces. Selon lui, la Saint-Barthelemi fut une action très-juste; c'est une grande lâcheté à tant d'écrivains français d'avoir abandonné la cause de Charles IX, et de n'avoir montré le juste sujet qu'il avait eu de se défaire de l'amirat et de ses complices. Il convenait d'imiter les chirurgiens experts, qui', pendant que la veine est ouverte, tirent du sang jusqu'aux défaillances, pour nettoyer les corps cacochimes de leurs mauvaises humeurs, etc. »

trouvera aussi dans le chapitre VII de son Addition à la vie de Louis XI ( in-8 assez curieux ), des détails bibliographiques très-intéressans.

NEOGRAPHES. On donne ce nom à ceux qui écrivent et orthographient d'une manière nouvelle et contraire à l'usage ordinaire. La plupart des néographes se sont occupés à rapprocher l'orthographe de la prononciation; leur but était sans doute louable, et il serait bien à désirer que l'on écrivit comme l'on prononce. Mais proposer cette réforme entière, et vouloir la faire exécuter du jour au lendemain c'est tenter une chose, sinon impossible, du moins ridicule (1). Si l'on y parvient, ce ne sera jamais qu'insensiblement et en rectifiant, les uns après les autres, les mots dont l'orthographe est vicieuse. Les néographes du 16e siècle sont Sylvius, Meygret, Peletier, Rambaut, Joubert, etc.; ceux du 17e sont Léclache, Lartigault, etc.; ceux du 18e sont Vandelin, Dangeau, Dumas, l'abbé de Saint-Pierre et Voltaire, qui a été vivement réfuté par Dumarsais sur sa nouvelle manière d'écrire français au lieu de françois, Quelques spécieuses que soient les raisons de Dumarsais, la nouvelle orthographe de Voltaire gagne tous les jours et ses partisans sont nombreux. Néographe vient de deux mots grecs qui signifient nouveau et j'écris, c'est-à-dire,

écriture nouvelle.

NEOLOGISME. C'est ainsi que l'on appelle une introduction de nouveaux mots dans un langue, ou l'emploi

(1) Car il faudrait que tous les français prononçassent de la même manière; et les normands, les picards, les bourguignons, les provençaux, ont tous des prononciations différentes; en admettant le néographisme général, ils écriront tous différemment, et on verra des ouvrages français écrits et imprimés en cinq ou six dialectes.

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de mots reçus dans des significations détournées, éloignées de celles que l'usage autorise ; ce qui rend le langage nou❤ veau, recherché et bizarre. Dans tous les temps, on s'est récrié contre le néologisme. En 1726, l'abbé Desfontaines l'a tourné en ridicule dans un petit dictionnaire auquel il a donné le titre de Néologique. Cela n'a pas empêché que le 18e siècle n'ait eu un bon nombre de néologues, qui ont été en but aux plaisanteries de Voltaire et aux censures de tous les bons écrivains. La révolution française a douné lieu à un néologisme beaucoup plus abondant et malheureusement plus sérieux que celui dont se plaignaient Desfontaines et Voltaire. Dans la cinquième et dernière édition du Diction naire de l'académie, qui a paru en l'an 6 (1798), on a fait entrer beaucoup de mots nouveaux qui, nés au sein de la révolution, ne peuvent que conserver de cruels souvenirs, sans servir ni aux progrès, ni à la richesse de la langue. C'est ce qui a décidé l'institut national à refondre entièrement ce dictionnaire, et à en éliminer tous les termes nouveaux qui, insignifians ou mauvais, doivent être rejettés de notre langue. Le citoyen Louis-Seb. Mercier vient de publier un ouvrage intitulé Néologie, ou Vocabulaire de mots nouveaux à renouveller, ou pris dans des acceptions nouvelles, avec cette épigraphe tirée de Voltaire Notre langue est une gueuse fière; il faut lui faire l'aumône malgré elle. Paris, 1801, 2 vol. in-8.

NICERON (Jean-Pierre ). Bibliographe, né en 1685, mort en 1738. Il est connu par une volumineuse compilation d'un style inégal, publiée sous le titre de Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres dans la répu blique des lettres, avec un catalogue raisonné de leurs ouvrages. Paris, 1727 — 1738, époque où parut le 39° vol. le 40° vit le jour en 1739, et le 41° en 1740.

NOINVILLE (Jacques-Bernard DUREY de). Ce membre de l'académie des inscriptions, dans laquelle il a fondé un prix de 400 liv. en 1733, a publié une Dissertation sur les bibliothèques et les dictionnaires, 1756, in-12, et plusieurs autres ouvrages étrangers à la bibliologie. Il est mort en 1768.

NOMOLOGIE. C'est ainsi qu'est intitulée la seconde classe du Système bibliographique de l'abbé Girard par ce mot, il entend tout ce qui regarde la société dont la conservation est indispensablement attachée à l'observation des lois; en conséquence, la nomologie embrasse, dans son système, la discipline, le droit civil, la corporologie, l'éthicologie, la thésmologie et la praxéonomie ( voyez ces différens MOTS ).

NOUE (Denis de la ). Imprimeur du 17e siècle. Il exerçait son art à Paris, et se fit connaitre très-avantageusement par un grand nombre de belles éditions, telles que celles de la Somme de Saint Thomas, 1677, 2 vol. in-fol., et de la Concordance de la Bible, 1635. On recherche cette Concordance à cause de la beauté de l'impression et de la sévérité de la correction. La Noue fut, par son mérite, associé à la grande compagnie des libraires, établie pour l'impression des pères et des usages réformés.

0.

OBELE. C'est un signe que l'on rencontre dans les anciens manuscrits. L'obèle, c'est-à-dire, la broche ou la flècle qui se figure ainsi -, marque la répétition des mêmes phrases et les mots surabondans ou les fausses leçons. Dans les livres saints, elle indique les paroles employées par les Septante, mais qui ne se trouvent point dans l'hé

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