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taire que sur le cantique de Marie ou sur les oracles les plus pénétrans du SERMON SUR LA

MONTAGNE.

Ne soyons donc nullement surpris si cette doctrine divine, plus ou moins connue de Sénèque, a produit dans ses écrits une foule de traits qu'on ne sauroit trop remarquer. J'espère que cette petite discussion, que nous avons pour ainsi dire trouvée sur notre route, ne vous aura point ennuyés.

Quant à La Harpe, que j'avois tout à fait perdu de vue, que voulez-vous que je vous dise? En faveur de ses talens, de sa noble résolution, de son repentir sincère, de son invariable persévérance, faisons grâce à tout ce qu'il a dit sur des choses qu'il n'entendoit pas, ou qui réveilloient dans lui quelque passion mal assoupie. Qu'il repose en paix! et nous aussi, messieurs, allons reposer en paix ; nous avons fait un excès aujourd'hui, car il est deux heures: cependant il ne faut pas nous en repentir. Toutes les soirées de cette grande ville n'auront pas été aussi innocentes, ni par conséquent aussi heureuses que la nôtre. Reposons

donc en paix! et puisse ce sommeil tranquille, précédé et produit par des travaux utiles et d'innocens plaisirs, être l'image et le gage de ce repos sans fin qui n'est accordé de même qu'à une suite de jours passés comme les heures qui viennent de s'écouler pour nous !

FIN DU NEUVIÈME ENTREtien.

NOTES DU NEUVIÈME ENTRETIEN.

No I.

(Pag. 156. Examen de l'évidence intrinsèque du christianisme.)

Ce livre fut traduit en français sous ce titre: Vue de l'évidence de la religion chrétienne, considérée en elle-même, par M. Jennings. Paris, 1764, in-12. Le traducteur, M. Le Tourneur, se permit de mutiler et d'altérer l'ouvrage sans en avertir, ce qu'il ne faut, je crois, jamais faire. On lira avec plus de fruit la traduction de l'abbé de Feller avec des notes. Liége, 1779, in-12. Elle est inférieure du côté du style, mais ce n'est pas de quoi il s'agit. Celle de Le Tourneur est remarquable par cette épigraphe, faite pour le siècle: Vous me persuaderiez PRESQUE d'étre chrétien. ( Act. XXVI, 29.)

II.

(Pag. 181. Il n'y eut jamais rien de plus légal et de plus libre que l'introduction du christianisme au Japon.)

Rien n'est si vrai: il suffit de citer les lettres de saint François-Xavier. Il écrivoit de Malaca, le 20 juin 1549: « Je pars (pour le Japon) moi troi

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sième, avec Cosme, Turriani et Jean Fernand: nous sommes accompagnés de trois chrétiens japonais, » sujets d'une rare probité...... Les Japonais vien» nent fort à propos d'envoyer des ambassadeurs au » vice-roi des Indes, pour en obtenir des prêtres

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qui puissent les instruire dans la religion chré» tienne. » Et le 3 novembre de la même année il écrivoit de Congoximo au Japon, où il étoit arrivé le 5 août : << Deux bonzes et d'autres Japo>> nais, en grand nombre, s'en vont à Goa pour s'y instruire dans la foi. » (S. Francisci-Xaverii Ind. ap. Epistolæ. Wratislaviæ, 1734, in-12, pag. 160 et 208. )

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III.

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(Pag. 186. Voltaire..... objecte que Marc-Aurèle et Épictète parlent CONTINUELLEMENT d'aimer Dieu.) Voy. les Pensées de Pascal. Paris, Reynouard, 1803, 2 vol. in-8°, tom. II, p. 328. Il y dans ce passage de Voltaire autant de bévues que de mots. Car sans parler du continuellement, qui est tout à fait ridicule, parler d'aimer Dieu n'est point du tout demander à Dieu la grâce de l'aimer; et c'est ce que Pascal a dit. Ensuite Marc-Aurèle et Épictète n'étoient pas des religions. Pascal n'a point dit (ce qu'il auroit pu dire cependant): Aucun homme hors de notre religion n'a demandé, etc. Il a dit, ce qui est fort différent: Aucune autre religion que la nôtre, etc. Qu'importe que tel ou tel homme ait pu dire quelques mots mal prononcés sur l'amour

de Dieu? Il ne s'agit pas d'en parler; il s'agit de l'avoir, il s'agit même de l'inspirer aux autres, et de l'inspirer en vertu d'une institution générale, à portée de tous les esprits. Or, voilà ce qu'a fait le christianisme, et voilà ce que jamais la philosophie n'a fait, ne fera ni ne peut faire. On ne sauroit assez le répéter : elle ne peut rien sur le cœur de l'homme. Circum præcordia ludit. Elle se joue autour du cœur; jamais elle n'entre.

IV.

(Pag. 187... Vous ne douterez guère qu'il (Sénèque) n'ait eu les chrétiens en vue.)

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Que sont, dit-il, dans son épître LXXVIII, que » sont les maladies les plus cruelles comparées aux flammes, aux chevalets, aux lames rougies, à ces plaies faites par un raffinement de cruauté sur des membres déjà enflammés par des plaies précédentes? Et cependant, au milieu de ces supplices, un homme a pu ne pas laisser échapper un soupir; il a pu ne pas supplier ce n'est pas

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assez, il a pu ne pas répondre; c'est n'est point as>> sez encore, il a pu rire, et même de bon cœur. » Et ailleurs: «< Quoi donc! si le fer, après avoir me» nacé la tête de l'homme intrépide, creuse, dé» coupe l'une après l'autre toutes les parties de son » corps; si on lui fait contempler ses entrailles dans » son propre sein; si, pour aiguiser la douleur, » on interrompt son supplice pour le reprendre bien

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