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Dernier Tableau de Paris.

RECIT HISTORIQUE

De la Révolution du 10 Août, des Caufes qui l'ont produite, des Evénemens qui l'ont précédée, & des Crimes qui l'ont fuivie.

J

INTRODUCTION.

'AI tracé le tableau de la Révolte du 10 Août; j'ai promis celui de l'Anarchie qui l'a fuivie, & des malheurs de tout genre qui ont été la conféquence de cette anarchie,

La multitude des faits qui ont rempli les 40 jours qui fe font écoulés jufqu'au 20 7bre. fera le fujet de ce nouveau travail, plus douloureux en core que pénible. Obligé dans cette funefte abondance,de me borner aux traits principaux, j'effayerai de faifir ceux qui appartiennent plus particuTôme II.

A

liérement

liérement à l'hiftoire de nos mœurs. On fera affez tôt de ces compilations froides & indigeftes, où l'on trouve tout, excepté ce que le fentiment y cherche. Je n'ambitionnerai point cette précision mathématique de dates, & de pièces officielles, qui font le fublime de la pédanterie. Je ferai rapidement l'hiftorique de cette fanglante époque, & je ne m'appefántirai que fur les circonstances qui pourront inspirer l'horreur ou la pitié. Une feule larme que j'aurai arrachée à la fenfibilité de mon lecteur, me paraîtra préférable aux vains applaudiffemens de toute une Académie.

Familles infortunées, qui avez vu tomber dans cette révolution fous le fer des affaffins, des têtes qui vous étaient fi chères, c'eft à vous que cette dernière partie de mon ouvrage eft dédiée.

Refpectable Penthièvre, toi, dont foixante ans de vertus méritaient moins de malheurs fur le bord de ta tombe; aimable & infortunée fille de Cazotte, qui moins heureufe que ton émule la jeune Sombreuil, n'arrachas ton père au maffacre, que pour le voir trainer au fupplice; vous tous en un mot, qui regrettez un père, un ami, un époux, tombés fous la faux de l'anarchie & de la profcription, accueillez mon écrit; je le compofai pour vous & par vous; pénétré du fentiment qui brifait vos cœurs, je pris

la

la plume, & mes pleurs effacèrent bien fouvent mes dernières pensées.

ON a déjà vu par quelle férie de fatalités, le roi & fa famille avaient éte conduits du trône conftitutionnel dans les abymes de la captivité; cinq mois ont fuffi, & ce malheureux prince a achevé de fubir tout ce que la deftinée a de plus horrible, tout ce que le courroux célefte peut épuifer de vengeances fur la tête du plus grand criminel.

Jugé par les ennemis, que l'honneur & la confcience devaient forcer de fe recufer, puifqu'ils avaient pris fa place & fes pouvoirs, & que nul ne peut être juge dans fa propre caufe;

Jugé au mépris de la loi pofitive qui avait confacré fon inviolabilité, comme une des bafes fondamentales & effentielles de la conftitution;

Massacré par la même faction qui l'avait déjà emptisonné, qui avait nommé fes juges, qui depuis a tyrannifé leurs confciences, & ne leur a laiffé d'autre alternative que le tégicide, ou leur propre fupplice;

LOUIS a péri: le fang de l'homme innocent a été verfé; il a rougi une terre coupable, qui appelle aujourd'huy tous les fléaux de la na

ture; le crime des crimes eft confommé; nos annales font finies. Nous avons donné l'éxemple du plus grand des forfaits; il ne nous reste plus que celui de leur punition à présenter à la terre épouvantée.

Louis a péri: le meilleur des parens a été envoyé à l'échaffaud par un des fiens. Il ne voulut jamais qu'il fût répandu une goutte de fang pour fa confervation, & tout le fien a coulé pour notre honte, & le défefpoir de la génération préfente; il fut le plus économe des princes, & il vit périr la fortune publique; il fut le plus religieux des hommes, & la religion fut anéantie pendant fon règne. Il avait adouci les formes de la jurifprudence criminelle, même pour les derniers de fes fujets, & les derniers de fes fujets ont violé contre lui & les lois divines & les lois humaines; il avait comblé de bienfaits fes courtifans,& des courtifans eux-mêmes ont accéléré fa chûte; il voulut donner la liberté à fon peuple, & fon peuple lui donna l'esclavage & la mort.

Louis a péri: je me trompe, il a ceffé de fouffrir; il a ceffé de refpirer un air empoisonné; il eft allé fe rejoindre à celui dont il était la plus belle image fur la terre, & pour me fervir de les propres expreffions,expreffions toujours fi touchantes d'un être prêt à quitter la vie, à plus forte raifon, d'un roi injuftement perfécuté, il a quitté

une

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