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Paragraphe qui peut fuivre immédiatement le parallelle de la Fayette & Dumourier (page 159.)

L'affemblée décréta la confifcation des biens de M M. de la Fayette, & de Lameth, auffitôt qu'elle fut inftruite que leurs perfonnes étaient hors de l'atteinte de la guillotine. Elle préludait par là aux décrets qui ne tardérent pas à être rendus indiftinctement contre tous les émigrès. A peu près vers le même tems, un autre général du nom de Lameth, le général Charles qui avait debuté dans le monde révolutionnaire par aller, à la tête du peuple, chercher dans un couvent de filles M. de Barentin, finit fa trifte carrière par être arrêté lui-même le 18 Août, au village de Barentin, près Rouen, fur les terres de ce même magiflrat qu'il était allé chercher aux annonciades pour le livrer à ces juges que lui Charles aimait tant, lorsqu'ils ju». geaient dans le fens de la révolution. Charles fut fauvé par l'entremise de fon frère Théodore. Il a émigré depuis ce tems. Londres a le bonheur de pofféder maintenant dans fon fein cet illuftre Président des Jacobins, des comités de recherches, des émeutes, des pillages d'hôtels, &c. &c. or comme la propriété de ce grand transfuge eft aujourd'hui con.fifquée par la nation, il eft piquant de préfenter au peuple de la terre le plus jaloux du droit de la propriété

propriété, l'opinion de Charles Lameth, fur la proprieté, et fur les émigrés. J'ouvre le Logographe, & j'y lis féance du 6 Juin, 1791.

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66

" M. Malouet...un homme peut dire ; je ne veux

plus être Français; votre conftitution n'eft plus "bonne pour moi, je me retire. Dès ce moment "là, cet homme ne vous doit plus rien, & je dis que vous devez encore protection à cet homme 66 pour fe retirer librement: s'il laiffe au milieu "de vous fa propriété, fa famille, vous devez pro"tection à fa propriété, à sa famille.

"M. Charles Lameth.....il n'y a plus de propriété.....'

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Voila pourtant quelle eft la penfée d'un conftitutionnel! Voila l' fprit de cette conftitution que les bons Autrichiens croient avoir été, & être encore l'idole des Français. Anglais, lifez & méditez ceci profondément: car votre cabinet, & votre génie individuel ont mieux connu que les autres gouvernemens & les autres peuples, cet affemblage monstrueux qu'on appellait la conftitution de 1789, 90, & 91.

DERNIER TABLEAU DE PARIS.

Suite du Chapitre précédent.

Arrestations, Vifites domiciliaires, Exécutions, Maf

facres.

EPUIS le 10 Août, jufqu'au 2 7bre. &

DEP

Les

même pendant ces jours de deuil, on ne ceffa d'arrêter tous ceux que les vengeances populaires ou particulières deftinaient à la mort. fections fe chargeaient de ces expéditions affreuses avec une forte d'empreffement. On fe rejouiffait de la quantité de malheureux qu'on faifait. Telle était la perversité générale qu'on vit jufqu'à des domeftiques, dénoncer leurs maîtres, & les trainer en prifon, des débiteurs même faire arrêter leurs créanciers. Un citoyen de la fection, le premier venu, s'affublait d'un ruban tricolore, fe faifait escorter de fix hommes à piques, & l'on enlevait ainfi en plein jour, fans autre formalité, que d'être muni d'un mandat d'arrêt figné de noms inconnus. Il y avait alors 300 municipaux, & près de 700 officiers de fection; était magiftrat qui voulait. Dans TOME II. S

cette

cette confufion, il était impoffible de reconnaitre aucune autorité. Les clubs & les comités de l'affemblée fe mêlaient auffi d'expédier leurs lettres de cachet, & tel qui avait figné aujourd'hui vingt emprifonnemens dans fa fection, avait été dénoncé dans la fection voifine, & était lui-même emprifonné le lendemain.

On s'affura d'abord de presque tous les officiers Suiffes qui avaient accompagné le Roi à l'affemblée, une demie heure avant que le feu commencât, & qui conféquemment ne pouvaient pas être foupçonnés d'avoir pris part au combat. J'ai déjà nommé ceux qui furent arrêtés.

M. Dabancourt, miniftre de la guerre, fut envoyé à la haute cour nationale d'Orléans. Ce fut le feul des miniftres qui n'échappa pas au décret géneral rendu contre eux.

Sur une note trouvée au château dans l'appartement du Marquis de Montmorin, gouverneur de Fontainebleau, on décréta l'arreftation du cidevant miniftre des affaires étrangères, qui s'était retiré du confeil depuis près d'un an. M. le Comte de Montmorin, caché d'abord chez la Marquife de Nefle, puis retiré chez une pauvre femme, dans un cinquième étage au fauxbourg St. Antoine, y fut découvert par l'indiferet attachement d'une

femme

femme de fes amies Mad. de Nan... qui l'allait voir prefque tous les jours. Elle laiffait fa voiture à une certaine diftance de la maifon qui le recélait, ce qui fit naitre des foupçons. Des voisins de la pauvre femme en queftion eurent des indices qu'elle avait augmenté fon frugal ordinaire. On fit des perquifitions chez elle, & M. de Montmorin découvert, fut auffitôt traduit à la barre. Interrogé fur les papiers que l'on avait trouvés chez fon parent, il ne lui fut pas difficile de prouver la différence d'écriture, & de fe juftifier fur une chofe qui lui était abfolument étrangère. Malheureusement, il eut la faibleffe de dire dans fes réponses qu'il n'était pas le feul Montmorin. Ce fut là deffus que l'on dénonça le Marquis fon parent, qui fut arrêté à St. Germain en Laye. Briffot ne voulut pas pour cela laiffer échapper sa victime. Ce philosophe avait voué à l'ex-miniftre une haine bien philantropique, c'est-à-dire, inextinguible. Celui-ci lui avait peutêtre refufé une place dans les affaires étrangères, peut-être auffi avait-il contrarié les grandes vues que Clavière ami de Briffot, avait eues toute fa vie pour régénérer Génève à fa manière; peut-être encore avait-il réfufé au journal le Patriote Français, ces communications officielles dont il gratifiait d'autres journaux, notamment la Gazette Universelle, car fi l'on dit avec raifon que

Haine de philofophe eft un feu qui dévore ;

S 2

à plus

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