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»tuelle, sans phrases: rien qu'un échange incessant de vues, en » notes brèves et sèches en apparence, pour aboutir toujours à » un parfait accord. »

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« Mais quelle estime ne tardé-je pas à éprouver pour la haute probité scientifique de Paul Tannery! Quel respect pour son impeccable conscience! Bien des fois, dans nos recherches, nous » nous sommes trouvés seuls, loin de tout secours : à qui, en effet, »> nous adresser? Nous étions comme à un carrefour, et pour » ainsi dire deux consciences face à face. Deux voies s'ouvraient » devant nous: l'une, plus courte, plus aisée, qui pouvait paraître » bonne, qui l'aurait paru certainement à tous, sauf à nous» mêmes; l'autre, plus longue, plus pénible, mais qui seule nous » donnait pleine satisfaction. C'était toujours cette dernière que, » d'un doigt sûr et inflexible, indiquait Paul Tannery; c'était » celle où nous nous engagions résolûment. »

« Et maintenant que ce collaborateur unique n'est plus là, si » j'ai dans mon travail désormais solitaire, comme j'en aurai, » des heures de doute et de découragement, me recueillant en » moi-même, j'interrogerai encore l'ami disparu, je croirai » entendre sa voix, je ferai ce que nous aurions fait tous deux » de concert, s'il était encore à mes côtés : sa conscience jusqu'à » la fin doublera la mienne. »

« Le souvenir de Paul Tannery restera donc gravé ineffaça»blement au fond de mon esprit, j'ajoute aussi de mon cœur, » comme de tous ceux qui l'ont connu. Et comment ne pas le » revoir, rien qu'à ouvrir et feuilleter un de ces volumes, où »> nos deux noms demeurent inséparablement unis? Comment ne » pas se rappeler, pour ainsi dire à chaque page, tel problème posé par l'un ou par l'autre, tel cas de conscience discuté » ensemble, telle joie, hélas! causée par une petite découverte? » Comment ne pas en être douloureusement ému ? »

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« C'est le privilège des bons serviteurs de la science comme » Paul Tannery, que les services rendus par eux pendant leur » vie se continuent par des services rendus aussi après leur mort.

» L'utilité, la fécondité de leur œuvre se fait sentir de plus en plus, bien au delà du tombeau. »

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CH. ADAM.

AVERTISSEMENT

Renati | DES-CARTES | MEDITATIONES DE PRIMA | PHILOSOPHIA, in qua Dei existentia | et Animæ immortalitas | demonstratur: tel est le titre complet de la première édition de l'ouvrage que nous appellerons tout simplement, en français, les Méditations de Descartes. Cette première édition fut publiée à Paris, chez Michel Soly, en 1641 (achevé d'imprimer, le 28 août 1641), cum Privilegio et Approbatione Doctorum. Le privilège se trouve, en effet, à la fin du volume, ou plutôt un Extraict du Privilege du Roy, que nous avons reproduit au présent volume, p. 448. Mais l'approbation annoncée manque; nous savons, par la Correspondance de Descartes, et nous verrons, dans la Vie du philosophe, au chapitre de l'historique de cette publication, toutes les tentatives faites pour l'obtenir, mais en vain. Il reste, à ce sujet, l'Epître au Doyen ainsi qu'aux Docteurs de la Sorbonne : Sapientissimis Clarissimisque Viris Sacræ Facultatis Theologiæ Parisiensis Decano et Doctoribus, Renatus Des-Cartes S. D., imprimée en tête de l'édition. Viennent ensuite trois pièces préliminaires : une Préface, Præfatio ad Lectorem, un Index, et un plan ou vue d'ensemble, Synopsis, laquelle seule est paginée, p. 1-7. Puis, successivement, les six Méditations, qui forment le corps de l'ouvrage, bien que matériellement elles n'en occupent que la cinquième partie environ, p. 7-116. Les Objections suivent, avec les Réponses du philosophe : premières Objections, d'un Théologien, p. 117-131, et Réponses, p. 132-160; secondes Objections, de Théologiens et de Philosophes, p. 161-172, et Réponses, suivies d'un Abrégé à la façon des Géomètres, p. 172-232;

EUVRES. II.

troisièmes Objections, d'un Philosophe, avec Réponses intercalées, p. 233-271; quatrièmes Objections, d'un Théologien très subtil, subtilissimi Theologi, p. 272-304, et Réponses, p. 305-354; cinquièmes Objections, de Pierre Gassend, le seul qui soit nommé, p. 355-492, et Réponses, p. 493-551; sixièmes ou dernières Objections, p. 552-566, et Réponses, p. 566-602. Total, 602 pages (plus 20 pages préliminaires, non numérotées); format in-8.

Renati | DES-CARTES | MEDITATIONES | DE PRIMA | PHILOSOPHIA, | In quibus Dei existentia, et animæ | humanæ a corpore distinctio, demonstrantur. | His adjunctæ sunt variæ objectiones doctorum virorum in istas de Deo et anima | demonstrationes; | cum Responsionibus Authoris. | Secunda editio septimis objectionibus antehac | non visis aucta: tel est le titre complet de la seconde édition, publiée à Amsterdam, chez Louis Elzevier, en 1642. Format, petit in-12. Marque: la Minerve; c'est même un des premiers ouvrages où figure cette marque, avec la devise Ne extra oleas. Le titre, on le voit, est un peu changé: in quibus, au lieu de in qua; et surtout, au lieu de animæ immortalitas, cette variante significative: animæ humanæ a corpore distinctio. Point d'approbation non plus d'ailleurs, et plus de privilège. Mais on retrouve, d'abord, le même contenu que dans la première édition, et dans le même ordre, sauf toutefois l'Index, qui a disparu (nous l'avons donné en note, p. 10-11). Voici ce contenu : Epistola, Præfatio, Synopsis, celle-ci p. 1-6; les six Méditations, p. 7-95; premières Objections et Réponses, p. 96-131; secondes, p. 132191; troisièmes, p. 192-224; quatrièmes, p. 225-296; cinquièmes, p. 297-454; et sixièmes, p. 455-496. Mais en outre, ainsi que l'annonce le titre de tout l'ouvrage, les sixièmes Objections ne sont plus les dernières, ultimæ, comme en 1641; dans l'édition de 1642, elles sont suivies des septièmes Objections avec les Notes de l'Auteur. Et cette importante addition forme comme un nouveau volume, à la suite du premier, avec un frontispice particulier : Objectiones septimæ | In | Medi

tationes | de prima Philosophia cum | notis Authoris. | (Amstelodami, | Apud Ludovicum Elzevirium, 1642. | Cum Authoris consensu), et avec une pagination à part, p. 1-138, le frontispice et le revers comptant d'ailleurs comme pages 1 et 2. Les caractères restent d'abord les mêmes que pour toutes les Objections et Réponses et les Méditations qui précèdent. Mais la seconde édition fait suivre ces septièmes Objections, où les Notes de Descartes sont intercalées, d'une pièce fort importante encore, la Lettre de Descartes au P. Dinet, intitulée : Admodum Reverendo Patri | PATRI DINET | Societatis Jesu | Præposito provinciali per | Franciam, | Renatus Des Cartes S. D. Cette Lettre est imprimée en caractères plus forts, et va de la page 139 à 212; elle continue donc la pagination des septièmes Objections, et forme avec elles un tout. C'est qu'en effet, pour une partie au moins, elle les complète : les septièmes Objections sont du P. Bourdin, jésuite, qui avait pour supérieur le P. Dinet, et Descartes fait à ce dernier un récit de ses démêlés avec Bourdin, comme aussi, par la même occasion, avec un ministre d'Utrecht, Gisbert Voët. Cependant ce nouveau volume, bien que pouvant se détacher du premier, fait véritablement corps avec lui, puisque le faux-titre de celui-ci en fait expressément mention Secunda editio... septimis objectionibus... aucta.

Telles sont les deux sources auxquelles nous puiserons pour une nouvelle édition latine des Méditations. Celles-ci furent cependant réimprimées encore une fois du vivant de Descartes, mais sans les Objections et Réponses qui les accompagnent, sans l'Epître ni la Préface, avec la Synopsis cependant, et Descartes n'eut aucune part à cette réimpression. Ce fut en 1644, à Amsterdam, apud Iohannem Blaev: un ami de Gassend, Samuel Sorbière, établi pour lors en Hollande, y publia les Objections de celui-ci, c'est-à-dire les cinquièmes, avec les Réponses de Descartes, et de longues Répliques ou Instances de Gassend encore, le tout sous ce titre : PETRI GASSENDI | DISQUISITIO METAPHYSICA. | Seu | Dubitationes | et Instantiæ :

adversus | Renati Cartesii | Metaphysicam et Responsa. L'ouvrage in-4° ne compte pas moins de 319 pages (plus 14 pages non numérotées). A la fin du volume, pour la commodité du lecteur, Sorbière a ajouté le texte des six Méditations, avec une pagination nouvelle, de 48 pages (le faux-titre comptant pour 1 et 2): Renati Des-CARTES | MEDITATIONES | DE Prima | PHILOSOPHIA, | In quibus Dei existentia, et Animæ humanæ a corpore distinctio, demonstrantur. (Amstelodami, | Apud Iohannem Blaev, | CIƆ IƆ C XLIV.) Cette addition n'offre d'ailleurs pour le texte aucun intérêt.

Les autres éditions des Méditations en latin ne parurent qu'après la mort de Descartes. Les Elzevier d'Amsterdam en donnèrent jusqu'à cinq, sans compter celle de 1642; celle-ci était un petit in-12, les cinq autres furent dans le format in-4°. La première édition elzevirienne in-4° est de 1650; les quatre suivantes sont de 1654, 1663, 1670 et 1678. Le titre est le même, si ce n'est que ces quatre dernières portent la mention editio ultima, au lieu de tertia en 1650. En outre les deux premières (1650 et 1654) portent le nom de Louis Elzevier, la troisième (1663) ceux de Louis et Daniel, et les deux dernières (1670 et 1678) celui de Daniel seulement. Voici le titre commun à toutes: RENATI DES CARTES | MEDITATIONES DE PRIMA PHILOSOPHIA. In quibus Dei existentia, et animæ humanæ a corpore distinctio, demonstrantur. | His adjunctæ sunt variæ objectiones doctorum virorum in istas de Deo et anima demonstrationes. Cum Responsionibus Authoris. | Tertia editio (ou Editio ultima) prioribus auctior et emendatior. (Marque: la Minerve.) Même pagination également dans ces cinq éditions in-4, à savoir: 6 feuillets liminaires, - 191 pages pour la re partie, 164 pages pour l'Appendix (daté 1649 dans l'édition de 1650), 88 pages pour l'Epistola ad Voetium. Ces 88 pages constituent une addition, fort importante de l'édition nouvelle. Elle fait suite naturellement à la Lettre au P. Dinet, qui terminait l'édition de 1642; et surtout elle complète un volume qui, sans cela, aurait peut-être paru un peu maigre, avec 191+164

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