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Ces vers, demandés à Victor Hugo, devaient inaugurer une association d'artistes-musiciens qui se proposent de populariser l'art musical.

Voilà comment opère la liberté limitée que j'ai définie l'arbitraire illimité.

La définition, je le demande, était-elle fausse ou exagérée ? O Liberté arbitraire, je te remercie! Par de tels actes, tu me dispenses de plaider désormais pour la Liberté absolue. Ce que j'aurais été impuissant peut-être à faire, tu le fais mieux que moi !

1851.

PAIX OU GUERRE AUX JESUITES.

14 novembre 1851.

Les faits suivants sont extraits de l'Univers :

« Ces jésuites, si odieux, tout le monde les appelle. Ici, les pères de famille se réunissent et font les fonds nécessaires pour leur créer un établissement; nous pourrions citer une ville voisine de Paris où plus de 200,000 fr. furent ainsi ramassés en moins de vingt-quatre heures. Là, les conseils municipaux s'assemblent pour aviser aux moyens d'avoir ces religieux. « Si vous ne nous envoyez pas vos pères, écrivait un maire à » l'un des supérieurs des jésuites du Midi, vous nous verrez arriver, avec »notre garde nationale, tambour en tête, pour les prendre. » Dans leur seule province du Midi, les jésuites ont aujourd'hui douze grands colléges en pleine activité; le nombre de leurs établissements, dans la province du Nord, ne doit pas être moindre, et comme la Compagnie est encore trop peu nombreuse pour faire plus, elle a dû refuser plus de quarante demandes. >>

Le 3 mai 1845, M. Thiers, déposant un ordre du jour motivé, obligeait M. Guizot, par un vote de la Chambre des députés, de chasser les jésuites de France et de fermer leurs maisons. Alors ils ne possédaient, dans toute la France, que vingt-sept maisons et n'étaient qu'au nombre de quatre à cinq cents. M. Thiers, à qui les jésuites faisaient tant de peur en 1845, sous le règne de Louis-Philippe, n'en a plus peur à présent que le nombre s'en est considérablement augmenté, et que M. de Montalembert règne et gouverne.

M. Thiers, s'il le peut, expliquera cette contradition de sa vie politique.

Quant à moi, les jésuites ne me font pas plus peur en 1851 qu'en 1845, à la condition que les jésuites ne s'appelleront pas Monopole, et qu'ils s'appelleront Liberté.

Si les jésuites sont le Monopole, guerre au monopole, guerre aux jésuites.

Si les jésuites sont la Liberté, paix à la liberté, paix aux jésuites.

Mais les jésuites ne sont pas la liberté, lorsque les instituteurs sont l'objet de poursuites et de persécutions qui rompent l'équilibre et suppriment le contrepoids nécessaire.

La liberté que je demandais, en 1845, pour les jésuites, je la demande donc, en 1851, pour les instituteurs et au même titre.

Qu'on y réfléchisse!

Qu'est-il arrivé de la guerre faite, en 1845, aux jésuites? C'est qu'on n'a fait que préparer le triomphe dont ils abusent. Qu'arrivera-t-il de la guerre faite, en 1851, aux instituteurs? C'est qu'on prépare pareillement le triomphe dont il est à craindre qu'à leur tour ils n'abusent aussi.

Toujours l'abus, jamais la liberté; toujours l'excès, jamais le droit. Ainsi s'explique comment, en France, la fin d'une réaction est toujours le commencement d'une autre.

1851

L'ÉLECTION DU 30 NOVEMBRE 1851.

"Nul n'est élu ni proclamé représentant au premier tour de scrutin, s'il n'a réuni un nombre de voix égal au QUART des électeurs inscrits sur la totalité des listes électorales du département. »

LOI DU 31 MAI, article 13.

I.

16 novembre 1851.

Il y aura deux manières de se compter :

En déposant son bulletin dans l'urne électorale;

En ne l'y déposant pas.

Ce second moyen est celui que prendront tous les électeurs inscrits pour protester pacifiquement en faveur du droit de tous les électeurs exclus.

Tous les électeurs qui veulent le rétablissement du sufrage universel, tous les électeurs qui sont avec le président de la République contre la majorité de l'Assemblée sur la question de l'abrogation de la loi du 31 mai, s'abstiendront de voter le 30 novembre 1851.

C'est en ne votant pas qu'ils se feront compter.

II.

25 novembre 1851.

L'article 13 de la loi du 31 mai exige, pour qu'une élec

tion soit valable, le QUART de la TOTALITÉ des électeurs inscrits.

Le nombre des électeurs inscrits pour le département de la Seine dépasse 132,000.

Donc, pour que M. Dewinck soit élu dimanche 30 novembre 1851, il faudra qu'il recueille plus de 33,000 voix.

Tout est mis en œuvre par les partisans de la loi du 31 mai pour contraindre les électeurs, dépendants par situation, d'aller voter pour le candidat dont le nom signifie :

MAINTIEN DU SUFFRAGE RESTREInt.

Aucun effort, aucun sacrifice n'est épargné.

Il faut qu'à tout prix M. Dewinck réunisse le nombre de voix légalement exigé!

Les adversaires passionnés du suffrage universel le déclarent.

Ils comprennent qu'effectivement, si M. Dewinck n'est pas élu, c'est un immense avantage remporté par le président de la République sur la majorité du 13 nóvembre, qui a rejeté, à la majorité absolue de 2 voix, le projet de loi du gouvernement portant abrogation de la loi du 31 mai; c'est plus que cela encore, c'est la transformation immédiate de la minorité en majorité, et de la majorité en minorité.

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Si M. Dewinck n'est pas élu, la loi du 31 mai s'éteint d'elle-même, et l'urne électorale se change en urne funéraire.

Dès le lendemain, le pouvoir exécutif peut et doit représenter le projet de loi qui accompagnait le Message du 4 novembre.

Présenté d'urgence, il sera voté d'urgence,

Sans discussion possible.

Le suffrage universel rétabli, c'est la guerre civile évitée.

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