Page images
PDF
EPUB

Si cela était vrai, jamais condamnation plus grave n'aurait été articulée contre aucune société.

Comment! il est constaté par les documents officiels que le nombre des Français majeurs est de 11,250,000.

La loi du 15 mars 1849 n'admettant que 9,936,000 électeurs inscrits, avait donc laissé à l'écart, sur 11,250,000 Français majeurs, 1,324,000 individus.

1,324,000 indignes ou incapables, vous trouvez que cela n'était pas assez!

Moi, je trouve qu'un tel nombre, c'était déjà beaucoup. Qu'a fait la loi du 31 mai?

Elle a élevé le chiffre de 1,324,000 indignes ou incapables à 4,214,000.

QUATRE MILLIONS DEUX CENT QUATORZE MILLE INDIGNES OU INCAPABLES tel est le chiffre actuel de la « vile multitude. »

Tel est le chiffre de l'armée à laquelle le Constitutionnel vous accuse, ce matin, avec raison, d'avoir donné une organisation et un drapeau.

Nous venons de nous compter, maintenant pesez-vous. Vous savez notre nombre; voyons votre poids.

III.

10 octobre 1851.

M. Adrien de La Valette, qui est pour le poids contre le nombre, pour la qualité contre la quantité, me dit que « j'ai » oublié de démontrer comment le vote du père de famille » est égal à celui de chacun de ses enfants. »

La remarque est naïve; c'est précisément parce qu'il est impossible de peser les suffrages, que je soutiens qu'on doit les compter.

J'ai compté quatre millions deux cent quatorze mille Français majeurs laissés à l'écart du scrutin; c'est à vous, maintenant, à me dire comment, vous, messieurs de qualité, vous vous y prendrez pour vous peser les uns les autres.

Il y a quatre ans. sous le régime du cens électoral, un

paysan ne sachant pas lire, et dont la propriété payant 200 francs d'impôt et valant 80,000 francs était hypothéquée pour une somme égale, était électeur, tandis que M. de Chateaubriand et M. de Lamennais n'avaient pas le droit de voter.

Voilà le régime que regrettent et que voudraient restaurer les hommes d'État de l'Assemblée nationale !

Voilà comment ils entendent le suffrage de qualité!

LE COUP D'ÉCLAT ET LE COUP D'ÉTAT.

14 octobre 1851.

Dans leur frayeur du coup d'éclat qui serait frappé demain par le président de la République, les inventeurs et fabricateurs de la loi du 31 mai ont fait courir aujourd'hui les bruits insensés de coup d'Etat.

Pourquoi le président tenterait-il un coup d'Etat périlleux, lorsqu'il peut faire un coup d'éclat populaire ?

1854.

LA CALOMNIE ET LA LOGIQUE.

15 octobre 1851.

Qu'est-ce qui proposait l'abrogation de la loi du 31 mai? - Le président de la République.

[blocks in formation]

Dans l'Assemblée nationale, qui veut le rétablissement du suffrage universel?

La Minorité.

Qui veut le maintien du suffrage restreint?

La Majorité (1).

[ocr errors]

(1) La bourgeoisie sait-elle ce qu'on est venu dire au président de la République pour obtenir de lui la présentation de la loi du 31 mai? On est venu lui dire :

« Il n'y a qu'un moyen de vaincre toutes les factions, c'est que le pouvoir exécutif et l'Assemblée nationale ne fassent qu'un! »

Le lendemain du jour où la loi du 31 mai fut votée, tous les anciens partis, comme des oiseaux mis en liberté, prirent leur volée, les uns vers Frohsdorf, les autres vers Claremont. La loi du 31 mai vo:ée, il ne fut plus question que de rétablir la monarchie, de rappeler Henri V ou d'établir une régence pour le comte de Paris. On n'avait point encore inventé, comme transition, la candidature du prince de Joinville à la présidence de la République.

a

>> On traitait, il y a peu de jours, devant le président de la République, la question de la loi du 31 mai, et on insistait sur les chances heureuses qu'elle offrait à sa réélection, surtout dans les villes. Il répondit : « Ce n'est pas pour moi une question d'éventualités plus ou moins favorables, mais une question de principes. Il n'existe que deux principes: > celui de l'hérédité et celui de la souveraineté nationale. Jamais on ne pourra faire le bien avec une quasi-légitimité quelconque. Je ne com

Donc le président de la République, - peu importe le mobile qui le dirige, était d'accord avec l'opposition dé

mocratique.

Ainsi s'expliquent naturellement l'attitude et le langage de la Presse dans une circonstance aussi décisive que celle qui s'est terminée par la défaite et la retraite du cabinet Faucher-Baroche.

Qu'importe d'avoir contre soi la calomnie, lorsqu'on a pour soi la logique ?

La calomnie passe, la logique reste.

» prends pas comment tant d'hommes politiques distingués ont pu entre» tenir une espérance contraire sous Louis-Philippe. Mon pouvoir, issu >> sans restriction de la volonté nationale, est une véritable légitimité, » et je ne saurais consentir à devenir la branche cadette du suffrage

» universel. »

» D. L. VÉRON. »

(Constitutionnel, 11 octobre 1851.)

« PreviousContinue »